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Plus de 7 millions d'exilés, un PIB en chute de 80 %, le triste bilan de Maduro, président vénézuélien en sursis

Plus de 7 millions d'exilés, un PIB en chute de 80 %, le triste bilan de Maduro, président vénézuélien en sursis

Alors que plus de sept millions de Vénézuéliens ont pris la route de l’exil en moins de dix ans, Nicolas Maduro est donné perdant par certains sondages avant la présidentielle de dimanche, dont la sincérité est d’ores et déjà questionnée.

Les chiffres font froid dans le dos. Depuis la mort de Hugo Chavez en 2013 et l’avènement au pouvoir de son héritier et successeur, Nicolas Maduro, plus de sept millions de Vénézuéliens ont fui le pays, soit plus d’un quart de la population.Dans le même temps, le PIB (Produit intérieur brut) d’un des États les plus riches d’Amérique du sud, s’est effondré de 80 %. « Entendons-nous bien, c’est sans équivalent pour un pays en paix », pose Gaspard Estrada, politologue, spécialiste de la région.

"Le président Maduro fébrile"

Avant le scrutin de dimanche, la campagne présidentielle s’est déroulée dans une ambiance lourde. « Le contexte est extrêmement tendu, confirme le membre de l’unité Sud global à la London School of economics. Pour la première fois, nous avons une opposition compétitive. Son candidat, Edmundo Gonzalez Urrutia, est donné en tête par une partie des études d’opinion. Malgré des divergences politiques de longue date, l’opposition a affiché son unité et sa volonté de participer au processus électoral, ce qui n’avait pas été le cas lors des scrutins précédents. On ressent dans le pays une grande volonté d’alternance. Du côté du pouvoir en place, le président Maduro apparaît fébrile, sur la défensive, avec des déclarations très dures, contestées par certains de ses alliés de gauche. Le président sortant n’a pas hésité à parler de bain de sang s’il venait à perdre cette élection. »

"Le ciment de cette unité"

Nicolas Maduro n’a pourtant pas ménagé ses efforts pour mettre des bâtons dans les roues de l’opposition. Maria Corina Machado, qui avait gagné la primaire de l’opposition, a été empêchée de se présenter par la justice. Mais loin de désarmer, celle-ci s’est rangée sous la bannière de son remplaçant et a arpenté le pays pour lui faire bénéficier de sa popularité. « Des questions se posent sur la solidité de l’unité de l’opposition en cas de victoire. Mais pour l’instant, cela tient. Et le profil de Edmundo Gonzalez Urrutia, un haut fonctionnaire de carrière, âgé de 74 ans, le place un peu au-dessus de la mêlée dans la mesure où il n’a jamais participé au jeu politique. Et il est un peu le ciment de cette unité », insiste Gaspard Estrada.Avec l’immigration massive qui a séparé des centaines de milliers de familles, une crise économique qui n’en finit pas et une répression féroce des opposants, l’opposition n’a pas de mal à surfer sur la vague de la désespérance.

"Des choix économiques terribles"

Vu de l’extérieur, il est difficile de comprendre comment en l’espace d’une décennie, le Venezuela, pays qui dispose des plus importantes réserves pétrolières au monde devant l’Arabie saoudite, a pu sombrer à ce point. « Il y a d’abord une mauvaise gestion de la manne pétrolière. Ensuite, il y a eu des choix économiques terribles, en particulier le manque d’investissements dans la compagnie pétrolière nationale et aussi les effets des sanctions américaines », complète le spécialiste de l’Amérique latine.

"De très mauvais signaux"

Même la figure tutélaire de Hugo Chavez a tendance à s’estomper. « Pour la jeunesse, qui l’a peu ou pas connu, ce qui domine, ce sont les difficultés du quotidien. D’où une soif de changement et cette ambiance de fin de règne », poursuit le politologue. Le lent délitement de la révolution bolivarienne est-il pour autant arrivé à son terme ? Et surtout le régime acceptera-t-il une éventuelle défaite ? « Il y a beaucoup de questions qui se posent sur la sincérité du scrutin. Plusieurs observateurs étrangers, qui avaient été invités, ont finalement décliné suite à des messages officieux du gouvernement vénézuélien les dissuadant de venir. Ce sont de très mauvais signaux », conclut Gaspard Estrada.

Dominique Diogon

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