World News in French

Dans les années 1990 et 2010, la Seine était au cœur du triathlon de Paris et cela ne posait aucun problème sanitaire

Dans les années 1990 et 2010, la Seine était au cœur du triathlon de Paris et cela ne posait aucun problème sanitaire

Décriée pour la qualité de son eau, la Seine a pourtant eu ses heures de gloire. Dans les années 1990 puis 2010, elle était le théâtre du triathlon de Paris qui réunissait des milliers de participants. On rembobine le film avec le Corrézien Philippe Lescure, ancien président de la Fédération Française.

« J’ai du mal à comprendre et à concevoir toutes les polémiques autour de l’état de la Seine ». Cette phrase, signée Alexis Hanquinquan, champion paralympique en titre de para-triathlon, après sa sortie de baignade avec la Ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera le 13 juillet dernier, a trouvé un écho tout particulier du côté de Brive-la-Gaillarde. Pourquoi Brive ?

Parce que c’est en Corrèze que vit et officie en tant qu’adjoint à la culture Philippe Lescure, président durant vingt ans de la Fédération Française de Triathlon entre 2000 et 2020.

« J’ai l’impression qu’on oublie que pendant des années, l’épreuve de natation du triathlon de Paris s’est déroulée dans la Seine. Et dans les années 90, l’état sanitaire était tout autre. »  Attendez. Pardon ? On aurait déjà nagé dans la Seine lors d’épreuves officielles?? La réponse est oui. Et plutôt deux fois qu’une.

Tout a en fait débuté en 1987 avec la toute première édition du triathlon de Paris dont le départ était donné depuis la piscine Deligny, proche du pont de la Concorde. 

« Il y avait eu 600 partants pour cette grande première. Et croyez-moi, à cette époque, on était très loin des travaux colossaux d’assainissement lancés ces dernières années. On nageait aussi dans la Seine dans les années 1920-1930, aux prémices du triathlon. C’était du côté de Conflans-Sainte-Honorine. On appelait alors les triathlètes de l’époque les “touche-à-tout” », raconte Philippe Lescure, présent aux bords du fleuve en 1994 lors de la venue officielle des membres du Comité International Olympique pour annoncer l’inscription du triathlon au programme olympique de Sydney, en 2000.

Un triathlon organisé pour les membres du CIO en 1994

« Cette annonce s’inscrivait dans le cadre de l’anniversaire des cent ans des Jeux de Paris, en 1900. Pour l’occasion, un triathlon avec la natation dans la Seine avait été organisé et tout le monde avait trouvé cela incroyable. Jacques Chirac avait même déclaré qu’il nagerait dans la Seine quand les Jeux seraient de nouveau organisés en France », rembobine le désormais président d’honneur de la Fédération française.

Entre 2010 et 2012, les nageurs passaient sous le mythique pont Alexandre III.

Après un arrêt entre 1997 et 2006, le triathlon de Paris avait retrouvé de sa superbe en 2007, du côté de l’hippodrome de Longchamps avant de s’élancer du pont Alexandre III, de 2010 à 2012. « Durant ces deux éditions, près de 4.500 triathlètes se donnaient rendez-vous. Le départ de natation, sous le pont Alexandre III était un moment très fort. »

Quand la politique s'en mêle

Un moment très fort sportivement bien sûr mais aussi politiquement. Car l’organisation était rendue possible notamment grâce à la Préfecture de Paris qui autorisait l’épreuve malgré un avis défavorable de l’Agence Régionale de Santé. « Il n’y a jamais eu le moindre problème sanitaire. Les athlètes ont déjà nagé dans des eaux, malheureusement, bien plus mauvaises que la Seine », renchérit Philippe Lescure.

Pourtant, en 2013, la Préfecture décidait finalement d’interdire « toute activité nautique dans le fleuve », annulant de fait le triathlon de Paris qui prendra finalement, en 2015, la direction de Choisy-le-Roi pour désormais être solidement installé du côté de la Villette. Avec la partie natation qui se déroule dans le canal de l’Ourcq.

Philippe Lescure, à droite, et son successeur à la tête de la Fédération française de triathlon Cédric Gosse, ont remis la tenue officielle de triathlète au président Emmanuel Macron.

« J’ai le sentiment, et il est extrêmement personnel qu’on a désormais tendance à tout surprotéger. J’ai pu échanger avec plusieurs délégations étrangères, dont je tairai les noms, qui étaient tout à fait satisfaites de venir nager dans l’eau de la Seine pour les Jeux… », confie le Corrézien qui ne nie en revanche pas les effets négatifs qu’auraient eus des pluies orageuses sur le fleuve 48 heures avant le début des épreuves. « C’est clairement dans ce cas de figure que son état n’est pas conforme aux règles sanitaires. » 

Deux boutons au cul et puis c'est tout

Finalement, celui qui résume le mieux la situation, c'est Philippe Lucas, l'ancien entraîneur emblématique de Laure Manaudou 

« Les triathlètes ? Ils auront deux boutons sur le cul et puis voilà, point à la ligne, et tout ira bien. Ils n'auront même rien du tout, c'est des conneries ça. Des fois, ils font des courses dans des trucs... Il n'y aura pas de problème ».

Benjamin Pommier

Читайте на 123ru.net