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Canoë slalom: Nicolas Gestin, le constructeur

Canoë slalom: Nicolas Gestin, le constructeur

A la différence de ses coéquipiers en équipe de France Camille Prigent et Titouan Castryck, ou même du légendaire Tony Estanguet, triple champion olympique de C1, issus de familles qui baignent dans le canoë-kayak génération après génération, Gestin a découvert la discipline un peu par hasard.

Lorsqu'il était enfant, sa nounou était maman de kayakistes. Il a sept ans quand il rejoint le club de sa ville natale de Quimperlé, dans le Finistère. Il s'y fait rapidement un nom en remportant les courses départementales et régionales, avant d'intégrer le pôle Espoirs de Cesson-Sévigné, près de Rennes, en cadets.

C'est peut-être parce qu'il n'avait pas cet atavisme familial que Gestin est rapidement devenu l'acteur de sa carrière.

"Nicolas a toujours été très exigeant envers lui-même avec l'envie de progresser et de réussir", résume pour le site internet de la Fédération française de canoë-kayak Vincent Salmon, l'un des dirigeants de son club.

"J'ai ce besoin de comprendre dans quoi je m'embarque", a confirmé l'intéressé à l'AFP.

Colocation et crêpes

Quand il s'agit par exemple de choisir un préparateur physique ou un coach mental dans la liste proposée par sa fédération, Gestin leur fait passer une sorte de casting.

"Je n'ai pas du tout envie d'avoir un préparateur physique qui me donne des ordres, qui me dit quoi faire. J'ai envie qu'on soit dans la co-construction", illustre Gestin, réputé sur le circuit pour sa "caisse" physique travaillée notamment en chambre hypoxique, simulant la haute-altitude et stimulant ainsi les globules rouges.

Pour mettre toutes ses chances de son côté de participer aux JO-2024, il a aussi quitté Quimperlé en 2019 à 19 ans pour s'entraîner sur le bassin de Vaires-sur-Marne dès son inauguration.

Même si cela lui coûte encore d'être loin de sa Bretagne malgré la "colocation finistérienne" dans laquelle il vit avec son frère et un ancien kayakiste breton et où ils cuisinent régulièrement des crêpes.

"J'essaie de retourner à Quimperlé au moins une fois par mois parce que revoir mes copains d'enfance et les copains du club, c'est ultra important", a expliqué Gestin.

"Revenir à l'essence du sport"

Ce déracinement porte en tous cas ses fruits. Avant l'or olympique, il a remporté à deux reprises le titre mondial des moins de 23 ans, en 2019 et 2021. Le Breton n'a pas été plus décontenancé quand il rejoint le circuit mondial seniors et finit la saison 2022 avec le statut de N.1 mondial, avant de remporter l'argent aux Mondiaux l'année suivante.

En parallèle de sa carrière sportive, Gestin poursuit des études d'urbanisme et se pose (encore) des questions, notamment sur l'impact environnemental de son sport.

"On court exclusivement sur des sites artificiels et je trouve ça dommage: en Slovénie, on m'a emmené sur la Soča, une rivière naturelle juste à côté (du bassin de compétition). C'est trop beau, qu'est-ce qu'on fout à côté sur le bassin artificiel ?".

Gestin, impliqué dans une association de sa région qui propose des activités nautiques à des jeunes descolarisés ou en proie à des problèmes familiaux, s'imagine bien à terme architecte... d'un nouveau slalom de compétition.

"Si des athlètes mettent en valeur des sites de rivières naturelles, peut-être que ça va donner envie aux instances d'aller faire une compétition sur une rivière naturelle et revenir un peu à l'essence de notre sport", espère-t-il.

Un message qui passera encore mieux avec son nouveau statut de champion olympique.

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