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"Mes victoires sont les siennes et les siennes sont les miennes" : les deux frères Patrice, d'Orléans, pour une médaille olympique au sabre

Dans la famille Patrice, le Cercle d’escrime orléanais (CEO) voudrait les deux frères : Sébastien et Jean-Philippe. Cela tombe bien puisque la fratrie, adepte du sabre, licenciée au CEO, figure dans la sélection française olympique, laquelle cherchera à faire scintiller l’or, à la lumière de la verrière du Grand Palais, mercredi 31 juillet au soir.

Le Loiret sera derrière eux, bien sûr, mais sans doute aussi une partie de la ville de Marseille, là où ils sont nés au chaud et doux soleil de la Canebière ; là où, gamins, ils ont découvert le bruit des lames… "C’était dans une maison de quartier. J’avais de bons potes là-bas", se souvient Jean-Philippe, 27 ans. "J’ai découvert l’escrime par hasard. Mes parents n’étaient pas sportifs, mais ils souhaitaient qu’on fasse du sport", ajoute-t-il.

C’était alors le temps béni de l’insouciance, loin de "tout esprit de compétition, avec les copains et un entraîneur cool". Tout cela a vite évolué, au gré des premiers bons résultats et d’un potentiel rapidement décelé… "On a quitté Marseille quand on avait 15 et 16 ans, pour intégrer des structures jeunes", relève Sébastien. "Quitter son domicile familial à cet âge, on n’y est jamais prêt", souffle-t-il."On est guidé par un engouement. On part à la découverte du monde, mais le naturel vous rattrape vite et on sent un manque arriver au bout de quelques semaines." Pas question, pour autant, de faire marche arrière, "sauf à effacer ses propres ambitions. Ce n’est pas la philosophie avec laquelle j’ai été éduqué", martèle Sébastien, 24 ans.

Jean-Philippe Patrice est revenu des derniers championnats d'Europe avec une médaille de bronze ; il sera le quatrième homme des Bleus pour le tournoi par équipes.Bien lui en a pris puisque le voici, en ce mois de juillet 2024, aux portes d’un podium qui pourrait changer sa vie. "Mon objectif, c’est le podium", répète-t-il.

"Ce n’est pas de la prétention de viser le podium. C’est juste du respect envers le travail fourni tous les jours et envers les sacrifices consentis pour en arriver là"

Un constat qui vaut aussi pour Jean-Philippe. Lui, sera remplaçant, accroché à l’espoir d’intervertir les rôles dans l’épreuve par équipes. Sa position de numéro quatre, derrière "trois gars meilleurs que moi" ne provoque en lui aucun sentiment de "frustration". Remplaçant, assure-t-il, "ce n’est qu’un mot". L’essentiel est ailleurs, dans "l’esprit de groupe, l’émulation". Cette capacité à "pouvoir monter sur la piste, à tout moment". C’est pour cela, enchaîne-t-il, "que je m’entraîne tous les jours".

Sébastien et Jean-Philippe ont pris leurs aises au cœur du village olympique. Un moment "exceptionnel, unique". Riche en émotions. Un instant présent qui ne doit toutefois pas détourner du but.  "De manière générale, je ne suis pas tendu à l’approche de la compétition", rassure Sébastien, actuel numéro 6 mondial.

 

"J’ai fait tellement de sacrifices pour en arriver là J’ai pris tellement de risques qu’il est impensable que le stress vienne effacer tout cela."

Les sacrifices, ce sont des soirées "loin du Vélodrome", cette vie au quotidien sans goûter aux joies simples que chaque jeune homme de son âge peut prétendre aspirer. Et puis, il y a l’essence même du sport : "Se taper dessus avec un adversaire. Cela prend le pas sur tout le reste". Dans le football, "le douzième homme joue souvent son rôle à fond et, là aussi, nous concernant, ce sera le cas", abonde Jean-Philippe. "Il ne faut pas appréhender cela comme une pression. Ce que l’on va vivre, on le mérite. Ce sera une chance. Ce sera du bonheur, avec des sensations que l’on ne ressentira jamais ailleurs."

Le Graal ne pourra être touché du doigt sans l’appui et le soutien de la cellule familiale. "J’ai la chance que mes parents puissent venir me voir à chaque compétition", enchaîne Sébastien. "J’aimerais me réveiller et que le tournoi débute tout de suite. J’ai hâte", lance-t-il.

"On aura tout un pays derrière nous. Ce sera une force."

Cette force en question, les deux la puiseront aussi dans le lien qui les unit depuis leur plus tendre enfance. Sans se concerter, ils évoquent une relation "fusionnelle". Avec des mots forts… "On a vécu tellement de hauts et de bas. On s’est serré les coudes et on n’a jamais rien lâché", explique Jean-Philippe, à l’endroit de son frère.

"Mes victoires sont les siennes et les siennes sont les miennes." Pour autant, "on est différent sur tous points de vue", mais "on est complémentaire", certifie Sébastien, au sujet de son aîné. "Il constitue pour moi un soutien indéfectible. Sans lui, je ne serais pas ici, aujourd’hui. On se tire vers le haut. Nous sommes un moteur l’un pour l’autre." Puisse la mécanique baigner dans l’huile au cours des prochaines heures…

Laurent Coursimault

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