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La galaxie Kamala Harris : stratèges, spin doctors, puissants d’Hollywood…

À défaut d’être Madame Irma, Maya Harris n’ignore rien de sa sœur, ni de son potentiel. En 2012, Kamala Harris n’était ni députée, ni sénatrice, mais venait tout juste d’être élue procureure générale de Californie. Pourtant, la jeune femme lui voyait déjà un destin à la Maison-Blanche : "Quand elle deviendra présidente des Etats-Unis, je l’appellerai madame la présidente, mais pour l’instant tu es juste Kamala." Fou rire en directe d’un entretien pour le site d’information américain, Daily Beats, qui laisse entre-apercevoir la relation fusionnelle entre les deux soeurs que seulement trois ans séparent. "Elle est aussi proche que possible d’avoir un double", avait formulé Marguerite Willis, une avocate de Caroline du Sud en 2019.

La même année, l’avocate diplômée de Stanford joue un rôle central dans la campagne de Kamala Harris aux primaires démocrates. De la collecte de fonds à l’incarnation sur le terrain en passant par les tractations en interne, Maya Harris était les yeux et les oreilles de son aînée. Il est donc fort à parier que cette ancienne lieutenante de la campagne d’Hillary Clinton rempile une nouvelle fois pour la course à la Maison-Blanche. Son mari, Tony West, ex-dirigeant d’Uber et ancien avocat de PepsiCo, a notamment été aperçu plusieurs fois dans un Air Force Two, l’avion de la vice-présidence.

Hollywood, un appui de longue date

De façon générale, Kamala Harris semble bien entourée. Sa garde rapprochée est aussi fournie qu’éclectique. Stratèges, spin doctors, patrons de la tech, poids lourds d’Hollywood ou encore magnats financiers… On ne compte pas l’avalanche de soutiens reçus au lendemain du retrait de Joe Biden. Un entourage qu’elle a réussi à construire tout au long de sa carrière, et qui s’est garni au fil de ses rencontres.

Comme ce jour où un couple d’amis très influent d’Hollywood, le réalisateur et producteur Reginald Hudlin et sa femme, Chrisette Hudlin, lui présente l’avocat Doug Emhoff spécialisé dans le divertissement, qu’elle épousera en 2014. Rapidement, le New-Yorkais devient l’un de ses premiers soutiens publics. Au sein de l’administration, il travaille notamment sur la lutte contre l’antisémitisme, et profite de son rôle de deuxième gentilhomme des Etats-Unis pour s’exprimer sur l’égalité des sexes.

Grâce à lui, Kamala Harris étoffe son réseau à Hollywood. Bien que celui-ci soit déjà dense. En 2003 déjà, lorsqu’elle concourrait à la fonction de procureure générale du district de San Francisco, la coprésidente de Disney Entertainment Dana Walden et son mari, Matt, comptaient parmi les donateurs de sa campagne. La vice-présidente est également proche du producteur Ryan Murphy. Elle est entre autres une amie proche de Laure Shell, dont le mari, Jeff, est l’ancien dirigeant de NBC Universal, et PDG de Paramount, mais aussi de Nicole Avant, épouse de Ted Sarandos, qui n’est autre que le codirecteur général de Netflix.

Le soutien financier des acteurs de la tech

Le président du numéro un du streaming Reed Hastings fait notamment partie des donateurs de la campagne démocrate qui poussaient en faveur d’une mise en retrait de Joe Biden. Le milliardaire a d’ailleurs immédiatement gonflé de 7 millions de dollars les comptes de campagne de Kamala Harris.

Car si les républicains ont réussi à opérer ces dernières années une percée dans la Silicon Valley, les démocrates conservent dans le royaume de la tech de solides appuis. L’an dernier, le vice-président de Microsoft, Brad Smith, avait notamment organisé une collecte de fonds pour la campagne de Joe Biden.

L’ancienne sénatrice de Californie pourra également compter sur Reid Hoffman, l’investisseur en capital-risque et cofondateur de LinkedIn, qui n’a pas traîné pour lui apporter son soutien.

Wall Street derrière Kamala Harris

Un collecteur de fonds démocrate confirme auprès du Financial Times : "De nombreux acteurs de Wall Street soutiennent Kamala depuis des années." C’est le cas du banquier de chez Lazard et ancien dirigeant de Citigroup Raymond J. McGuire, mais aussi de Jonathan D. Gray, président de Blackstone. Roger Altman, cofondateur d’Evercore, et Marc Lasry, investisseur en fonds spéculatifs et ancien copropriétaire des Milwaukee Bucks, une équipe de la NBA, font tous les deux également partie des soutiens de la vice-présidente.

Raison pour laquelle, certainement, "les fonds de Wall Street affluent dans la campagne de Mme Harris", constatent nos confrères du Financial Times. Une collecte a notamment été pilotée par un certain Jon Hines, soit l’un des principaux conseillers en matière de faillite d’entreprise ainsi que par le "négociateur chevronné", selon la formule du Financial Times, de Centerview Partners, Blair Effron. "Blair et Brad [Smith] l’ont énormément soutenue lors des primaires présidentielles de 2020 […], ce ne sont pas des soutiens de dernière minute", abonde une source démocrate.

Autre personnalité qui pourrait se révéler comme un véritable atout pour sa campagne : Crystal McCrary McGuire. Une femme d’affaires, mariée à Ray McGuire, qui fait partie des visages du Seneca Project. Un plan qui a pour dessein d’inciter les femmes à se rendre aux urnes dans les swing states. "Je sais qu’elle [Harris] va y arriver. Ce sera très difficile, mais je regarde les chiffres", a-t-elle déclaré.

Les vétérans de la Maison-Blanche

Dans la machine présidentielle depuis 2020, Kamala Harris bénéficie des ressources humaines du chef d’Etat. Ainsi conserve-t-elle la présidente de campagne de Joe Biden : la stratège et cheffe de cabinet adjointe de la Maison-Blanche, Jen O’Malley Dillon. La même qui, pendant des semaines, martelait tous azimuts que Joe Biden n’abandonnerait pas la course à sa réélection.

Désormais, elle en a conscience : "La campagne sera serrée […] et âprement disputée." "Kamala Harris diffusera son message à travers les champs de bataille, en capitalisant sur l’infrastructure historique que la campagne a passé l’année dernière à construire pour atteindre les électeurs là où ils se trouvent afin de s’assurer qu’ils comprennent le choix dans cette élection […]. La vice-présidente Harris est en position de force et elle va gagner", a-t-elle déclaré au New York Post.

Jen O’Malley Dillon devrait continuer à travailler étroitement avec la directrice de campagne de Biden, Julie Chávez Rodríguez, pressentie pour rester dans l’équipe de campagne démocrate. À l’instar de sa cheffe de cabinet à la vice présidence, Sheila Nix, ou encore de son directeur de communication Brian Fallon.

D’après le Financial Times, le nom de l’ambassadeur des Etats-Unis au Japon et premier chef de cabinet de Barack Obama à la Maison-Blanche, Rahm Emanuel, circule. Kamala Harris souhaiterait le voir jouer un rôle de premier plan dans la campagne. Mais rien n’a pour l’heure été confirmé.

Les spin doctors

Dans les couloirs du pouvoir résonne également le nom d’un autre ancien proche du natif de Chicago : David Plouffe, un stratège de poids qui a conseillé pendant des années Barack Obama. Directeur de la campagne démocrate en 2008, il a également été conseiller stratégique d’Uber et est lobbyiste en chef de l’organisation caritative du patron de Facebook Mark Zuckerberg : la Chan Zuckerberg Initiative.

D’après le Washington Post, Donna Brazile, stratège démocrate avertie, serait également en contact étroit avec Kamala Harris, qui compte déjà dans ses rangs Sergio Gonzales et Jalisa Washington-Price, décrite par le Financial Times comme "proche de l’influent législateur afro-américain Jim Clyburn".

Pour passer au crible ses colistiers potentiels, Kamala Harris a choisi une connaissance de longue date : l’ancien procureur général des Etats-Unis sous la présidence de Barack Obama, Eric Holder. Ainsi, celui qui a également été le premier Afro-Américain à occuper ce poste est-il investi d’une mission de la plus haute importance, tant le choix du ticket peut se révéler déterminant pour l’issue du scrutin.

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