World News in French

Les rendements prennent l'eau dans l'Allier

Les rendements prennent l'eau dans l'Allier

L’été 2024 ne sera pas marqué par de grandes moissons pour Jérôme Vandewalle. À l’image de l’agriculture bourbonnaise, les cultures de ce céréalier installé à Lusigny, dans l'Allier, ont essuyé une interminable séquence pluvieuse qui a impacté les rendements. Chez l’exploitant, s’ils ne sont pas catastrophiques, il n’y a pas non plus de quoi pavoiser.

L’année 2024 ? Jérôme Vandewalle s’en souviendra comme d’une année "atypique". Mais, depuis six à sept ans, à bien y réfléchir, quelle année ne l’est pas ? Installé à Lusigny depuis 1995, ce céréalier raconte que la règle, c’est qu’il n’y a plus vraiment de règles : "Les événements climatiques hors normes ont toujours existé, vous n’avez qu’à en parler aux anciens pour le vérifier. Mais le problème, aujourd’hui, c’est que ces aléas reviennent de plus en plus fréquemment".Côté météo, tout s’est déréglé : "À quand une année normale ?, s’interroge-t-il. J’appelle année normale, une année où on n’a pas trop chaud, pas trop froid ou pas trop de pluie".Après les sécheresses qui ont sévi depuis 2018, l’agriculture bourbonnaise est en train d’essuyer l’extrême inverse. 2024 restera comme une année arrosée par de fortes précipitations. Y compris cet été. Ces intempéries avaient démarré dès l’automne 2023. Une interminable séquence pluvieuse : "Dans l’agriculture, comme je le dis souvent, on n’aime pas le mot trop. Cette année, c’est trop d’eau".À un point où, sur des terrains boueux gorgés d’eau, il a été parfois difficile de récolter : "La moissonneuse a eu du mal à passer. Il y a même des endroits où elle s’est carrément enterrée". Quant aux conséquences des caprices du ciel sur la qualité et la quantité des récoltes, le céréalier de Lusigny constate que les résultats se révèlent hétérogènes en fonction des parcelles et des cultures. Les blés s’en sortent plus ou moins bien : "On avait réussi à les semer dans de plutôt bonnes conditions vers le 16 octobre 2023, juste avant qu’il ne se mette à pleuvoir abondamment. Mais, à l’arrivée, en fonction des types de sols de mes parcelles, il y a quand même de grosses différences de rendements. Sur mon exploitation, ils vont de 40 quintaux à 65 quintaux à l’hectare".

Asphyxie des racines et de la plante

Le bilan des moissons chez Jérôme Van de Walle, dans l'Allier, est mitigé. Photo Corentin Garault

À 65 quintaux de blé, Jérôme Vandewalle est dans une bonne moyenne. Mais à 40 quintaux, il est dans le creux de la vague. Au final, entre le bon et le mauvais, Jérôme arrive à une moyenne de 54 quintaux de blé à l’hectare sur son exploitation : "C’est 15 % de moins que lors d’une année classique".Sur les terrains naturellement drainants, les blés ont plutôt bien produit. Mais les terrains plus humides, eux, n’ont pas réussi à évacuer le surplus d’eau : « Sur ces parcelles hydromorphes, on a eu une asphyxie complète des racines et de la plante et cela se traduit par un rendement assez faible".Du bon et du moins bon. C’est exactement la même chose en ce qui concerne ses autres cultures : "Tout dépend de la nature des sols". Pour les orges, le constat de Jérôme Vandewalle est donc mi-figue mi-raisin : "La récolte est plutôt décevante, mais ce n’est pas non plus catastrophique. Nous sommes à 10 % sous la moyenne habituelle. Quant à la qualité, le poids spécifique n’est pas très élevé, mais il reste dans les normes".

Et le colza dans tout ça ? Il n’y a pas eu de coup de Trafalgar. Jérôme Vandewalle peut clairement, cette fois, afficher sa satisfaction : "Pas de mauvaises surprises, on est dans une année normale, à 30 quintaux de moyenne à l’hectare. La qualité est également au rendez-vous. Le poids du grain n’est pas mauvais. Je m’attendais vraiment à pire, car sur une parcelle de 40 hectares, j’avais déjà trois à quatre hectares avec zéro rendement. Le colza avait pourri cet hiver. Finalement, on s’en sort pas mal".Mais, globalement, les moissons de l’été 2024 ne resteront pas comme les moissons du siècle pour le céréalier de Lusigny : "J’ai réussi à sauver les meubles, on va dire". 

Du blé en filière Barilla. Côté qualité du blé, Jérôme Vandewalle s’en sort tout juste… mais il s’en sort : "J’ai eu des blés meuniers avec des poids spécifiques minimums, certes, mais c’est suffisant pour passer et sauver la qualité".Président du conseil d’administration de la Coopaca, Jérome Vandewalle est en "filière Barilla", à l’instar d’autres céréaliers de cette coopérative basée à Treteau : "C’est-à-dire que la Coopaca achète notre blé avant de le revendre à Barilla. Le cahier des charges de Barilla est très strict, il faut donc répondre à des critères rigoureux. Mais j’arrive à remplir les conditions cette année et je pourrais bénéficier de la prime Barilla qui est de 20 euros supplémentaires la tonne". Les blés biscuitiers des coopérateurs de la Coopaca affiliés à la filière Barilla sont utilisés par la firme italienne pour fabriquer ses biscuits vendus sous la marque Mulino Bianco.

 

Читайте на 123ru.net