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Comment et pourquoi Xavier Bertrand fait savoir qu'il est prêt à devenir Premier ministre

Comment et pourquoi Xavier Bertrand fait savoir qu'il est prêt à devenir Premier ministre

Xavier Bertrand (LR) est prêt à prendre la tête d’un gouvernement d’union. Il a chargé son entourage de faire passer le message, alors qu’Emmanuel Macron se cherche encore un Premier ministre. Voici comment et pourquoi le président de la région Hauts-de-France a mis en place un plan Matignon.

C’est une petite phrase que l’entourage de Xavier Bertrand cite en boucle, ces derniers jours. Invité lundi 29 juillet à donner son avis sur le président de la région Hauts-de-France, Gérald Darmanin n’a pas été avare en compliments : "C’est un homme politique avec une très grande compétence et qui peut servir grandement le pays", a répondu sur France 2 le ministre de l’Intérieur, tout en rappelant que "c’est au président de la République" de nommer son futur Premier ministre.

"Le message, c’est que la macronie valide l’idée d’un chef de gouvernement issu du centre-droit", traduit Pascal Coste, président du conseil départemental de la Corrèze et soutien de longue date. Depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée, le 9 juin, une vingtaine de membres de l’état-major du mouvement "Nous France" de Xavier Bertrand, prépare dans l’ombre ce qui ressemble fort à un "plan Matignon". La stratégie est arrêtée lors de réunions hebdomadaires, où ce petit cercle doit travailler "autant la forme que le fond".

"Il coche les cases"

Ces derniers jours, chaque " lieutenant" a ainsi été chargé d’aller occuper le terrain dans les médias régionaux. Objectif : faire savoir que Xavier Bertrand se tient prêt. "Il coche toutes les cases pour former un gouvernement de coalition", a affirmé le 20 juillet dans La Provence le conseiller régional de Paca, Bernard Deflesselles. "Il est le bon Premier ministre pour la France", a renchéri Valérie Debord, six jours plus tard dans L’Est républicain.

Pendant que la "petite musique" infuse, Xavier Bertrand garde le silence. Une posture de "retenue " là aussi soigneusement étudiée : "Si demain, tu es censé mettre en place une coalition, il faut être dans l’écoute, pas dans la prise de parole", fait valoir son équipe.

"Emmanuel Macron se renseigne beaucoup sur lui"

"Ce qui nous revient, par différents canaux, c’est qu’Emmanuel Macron se renseigne beaucoup à son sujet en ce moment, confie Pascal Coste. En fait, ils ne se connaissent pas vraiment."

Pourtant, Xavier Bertrand n’a jamais été tendre avec le Président. Omniprésent pendant la campagne des législatives avec (déjà) l’idée de peser à droite, il dénonçait encore le 25 juin dans une tribune les "failles" du chef de l’État, pointant ses "promesses non tenues" et sa parole devenue "inaudible".

Opposition de styles

Et si cette opposition farouche était aujourd’hui son principal atout?? Retiré à Brégançon, Emmanuel Macron cherche une personnalité qui donnerait "une impression de cohabitation". "C’est certain qu’on ne peut pas taxer Xavier Bertrand d’être macroniste", constate Pascal Coste.var _ultimedia_host = "https://www.ultimedia.com";var _ultimedia_script = document.createElement("script");_ultimedia_script.setAttribute("type", "text/javascript");_ultimedia_script.setAttribute("src", _ultimedia_host + '/js/common/visible_player.js');document.getElementsByTagName('head')[0].appendChild(_ultimedia_script);

Entre les deux hommes, c’est aussi une opposition de styles. Alors que le Président n’a jamais eu de mandat local, Xavier Bertrand met en avant son vécu de chef d’exécutif régional. "Il prend des décisions, arbitre chaque jour, vante son entourage. C’est une expérience que beaucoup d’autres n’ont pas. Surtout que dans les Hauts-de-France, il est habitué à parler à des personnalités de différents horizons : Marine Le Pen ou Sébastien Chenu, Martine Aubry, Marine Tondelier, Gérald Darmanin…"

Base de discussion

Suffisant pour convaincre Emmanuel Macron de l’appeler, une fois la "trêve olympique" terminée?? "Si cela arrive, ce que je souhaite, l’idée est qu’on soit prêts à proposer une méthode et un projet de gouvernement pour servir de base de discussion avec la coalition qui cohabitera avec le Président", poursuit Pascal Coste.

À la tête d’un gouvernement d’urgence et d’union, Xavier Bertrand se concentrerait sur quelques piliers : pouvoir d’achat, restauration de la valeur travail et de l’autorité… Le tout au sein d’une coalition qui pourrait aller jusqu’aux socio-démocrates. "On ne pourrait pas inclure le PS qui s’est compromis avec LFI. Mais des personnalités comme Bernard Cazeneuve ou Pierre Moscovici pourraient avoir le profil", fait savoir son équipe tout en notant ses "bonnes relations" avec des députés du groupe LIOT. Autre atout : il a toujours été très ferme vis-à-vis du RN.

Laurent Wauquiez :  "pas de commentaire à ce stade"

Dans son camp, en revanche, l’hypothèse d’une arrivée à Matignon est observée par certains avec la plus grande méfiance. Si Laurent Wauquiez, le président du groupe Droite républicaine, a accepté de travailler sur un "pacte législatif", il a refusé toute idée de participation à un gouvernement. Son entourage nous a répondu qu’il ne souhaitait "pas faire de commentaire, à ce stade" sur la démarche de Xavier Bertrand.

Mais si ce dernier était en effet nommé à Matignon, cela ouvrirait sans doute de nouvelles divisions chez Les Républicains avec la perspective de la présidentielle 2027 en toile de fond.

Des stratégies différentes

Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand ont "clairement des stratégies différentes", remarque un militant LR. En étant "celui qui se lève, quitte à sacrifier son destin personnel pour l’intérêt supérieur du pays", l’élu des Hauts-de-France tente un pari risqué. L’histoire montre que Matignon abîme ceux qui y passent. "On s’aventure sur un chemin de crête", consent Pascal Coste.

Mais ses soutiens estiment que Xavier Bertrand incarne aujourd’hui la droite sociale, bien plus que Laurent Wauquiez. S’il parvient à fédérer autour de lui un bloc central solide, en restant dans la cohabitation avec Emmanuel Macron "sans compromission", l’étroit sentier pourrait-il être le bon??

En 2021, Xavier Bertrand avait accepté de participer à la primaire de la droite, alors que plusieurs de ses proches lui conseillaient de s’abstenir puisqu’il n’avait aucune chance de gagner. Il a été logiquement battu par Valérie Pécresse et Éric Ciotti. Une "erreur" qui ne l’empêche pas de tenter un nouveau coup de poker. Mais la fortune sourit aux audacieux…

Tanguy Ollivier

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