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Simone Biles, la reine flamboyante et incontestée

Simone Biles, la reine flamboyante et incontestée

Les yeux étaient rivés sur l'athlète de 27 ans dont le retrait abrupt avait choqué à Tokyo en 2021 où, forte de quatre titres décrochés à Rio, elle arrivait favorite.

Mais sans filtre, la gymnaste basée au Texas avait alors expliqué lutter contre des "twisties", ces brutales et imprévisibles pertes de repères dans l'espace, qui exposent les gymnastes à de graves blessures.

Trois ans plus tard dans l'Arena Bercy à Paris, la géante aux cinq figures acrobatiques portant son nom a été acclamée lors des entraînements, ovationnée lors de la compétition.

Auréolée d'or au concours général par équipe, la gymnaste de 1,42 m qui a ressenti "une douleur" au mollet gauche lors des qualifications, a décroché jeudi un second sacre lors de l'épreuve reine, le concours général individuel.

Elle a surtout défendu ses chances le visage régulièrement illuminé d'un large sourire, celui d'une athlète visiblement heureuse de retrouver des sensations de plaisir sur le plateau, libérée de la pression du résultat.

Ses déboires au Japon avaient brisé le tabou de la santé mentale des sportifs, et l'avaient contrainte à s'éloigner des compétitions deux ans durant, pour "prendre soin" d'elle et panser des plaies plus profondes encore.

Sauvée par ses grands-parents

Le conte de fée de la petite fille qui découvre la gymnastique à six ans lors d'une sortie scolaire n'en est pas un. Sa petite enfance, Biles, née dans l'Ohio, la partage avec une mère "dépendante à l'alcool et à la drogue", qui fait "des allers-retours en prison", ce qui vaut, à elle et ses trois frères et sœurs, d'être placés en famille d'accueil, confie-t-elle à la télévision américaine en 2017.

"Je n'ai jamais pu compter sur ma mère biologique. Je me souviens que j'avais toujours faim, toujours peur."

"Mes grands-parents m'ont sauvée", dit-elle de Nellie et Ron Biles, qui ont changé le cours de son histoire en l'adoptant, ainsi que sa petite sœur, tandis que le reste de la fratrie a été accueilli par d'autres membres de la famille.

Dès ses huit ans, Biles fait une rencontre décisive, celle d'Aimee Boorman, l'entraîneure qui la portera vers les sommets, sa "deuxième maman" aussi, qui veillera à son équilibre sur les agrès comme dans la vie.

C'est sous son aile qu'elle devient, à 16 ans, championne du monde pour la première fois, en 2013 à Anvers. Avec elle aussi qu'elle triomphe aux Jeux olympiques de Rio en 2016.

Boorman partie en Floride, la Texane d'adoption repart à l'entraînement en 2017 sous la direction des Français Cécile et Laurent Landi à Houston.

"Bien plus grande"

En janvier 2018, elle dévoile une autre blessure intime: elle fait partie des plus de deux cents victimes de Larry Nassar, l'ex-médecin de l'équipe américaine condamné à la prison à vie pour des centaines d'agressions sexuelles.

"On nous a laissé tomber et on nous doit des explications", témoigne-t-elle, la voix brisée par l'émotion, en septembre 2021 devant une commission du Sénat chargée de se pencher sur les "manquements au devoir" du FBI dans cet effroyable scandale qui secoue l'Amérique.

"Je suis beaucoup plus que ça", assène à propos de cette affaire la sportive afro-américaine qui a également soutenu avec force le mouvement "Black Lives Matter". "Je suis unique, intelligente, talentueuse, motivée et passionnée. Je me suis promis que mon histoire serait bien plus grande que ça."

Biles a largement tenu parole. En octobre 2023, elle signe un come-back époustouflant en remportant cinq médailles dont quatre en or aux Championnats du monde d'Anvers.

"Elle prouve à tout le monde qu'elle peut être meilleure qu'avant. Elle est comme le vin, elle s'améliore avec l'âge!", se félicitait sa coach Cécile Landi avant Paris-2024.

Biles lui a donné raison, et avec le sourire.

dif-al-rg-es/fby

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