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Comment les animaux traversent l'autoroute A79 ?

Comment les animaux traversent l'autoroute A79 ?

Des passages à faune ont été implantés sur l’A79 lors de sa construction, pour réduire son impact négatif sur les animaux sauvages. Depuis un an, des suivis confirment l’efficacité de ces infrastructures.

À 130 km/h sur l’autoroute, la forêt de Montbeugny, traversée par l’A79, est un paysage comme un autre pour l’automobiliste. Mais pour les sangliers, renards ou blaireaux qui l’habitent, elle représente une frontière infranchissable. Même les petites souris et les grenouilles ne passent pas au travers des mailles du grillage, haut de deux mètres, qui longe l’autoroute bourbonnaise sur ses 88 kilomètres dans le département.

« L’autoroute remplit donc parfaitement sa fonction de sécurisation », explique Thibault Meskel, responsable environnement pour Aliaé, la société concessionnaire (qui fait partie du groupe Eiffage, tout comme APRR, qui est en charge de l’exploitation de l’A79).

Animaux sur la route : danger de mort

La sécurisation était bien l’objectif principal de la transformation de la route nationale 79, en autoroute. Mise en service en novembre 2022, la « Bourbonnaise » a définitivement tourné la page de la « route de la mort », sur laquelle des accidents mortels survenaient chaque année. « Et un certain nombre d’entre eux étaient liés à des traversées d’animaux. » En l’absence de clôtures sur une route nationale, un chevreuil traverse facilement, mettant en danger la vie des automobilistes… et la sienne. La colossale infrastructure routière construite règle ce problème.Belette d’Europe (photo prise par le piège photographique) sous un passage à faune sous l'A79 dans l'Allier

Mais elle n’est pas sans conséquence sur l’environnement : elle neutralise des « corridors écologiques », ces couloirs qu’utilisent les animaux pour se déplacer. C’est pourquoi dès la conception, la création de « passages à faune » était prévue. Le long de l’A79 dans l’Allier, environ 120 éléments de connexion entre les deux côtés ont été mis en place. Ils sont uniquement dévolus au passage des animaux. Pour certains, il s’agit d’anciennes buses hydrauliques, qui passent sous la route, pour d’autres ce sont des sortes de « trottoirs », ajoutés au bord de cours d’eau pour permettre aux animaux de traverser, après avoir longé la clôture, donc.Un haut grillage longe toute l'autoroute. Photo Corentin Garault

« Un réel besoin pour les cervidés »

Mais le passage à faune le plus spectaculaire se situe à Montbeugny, « le secteur forestier le plus important aux abords de l’A79, avec un réel besoin pour les cervidés », éclaire le responsable environnement d’Aliaé. Depuis l’autoroute, on ne voit qu’un pont comme les autres, qui passe au-dessus des voitures. Mais vu d’en haut, ce passage, large de 20 mètres est une véritable extension de la verdure environnante, où rares sont les humains à s’aventurer, et où aucun véhicule ne peut accéder..

Des barrières empêchent les éventuels véhicules de passer. Photo Corentin GaraultCe passage à faune a d’ailleurs été construit depuis l’intérieur de l’autoroute. Des arbustes, buissons, marre et rochers s’ajoutent à la clairière artificielle, pour permettre à tout type de faune de passer. Du reptile à l’insecte, en passant par les plus grands animaux.

Et ça fonctionne. Depuis un an, la Fédération départementale des chasseurs de l’Allier surveille de près ce passage à faune, comme une trentaine d’autres. « Ici, on a pu voir des sangliers, seuls ou en harde, des lièvres, des martres des pins, quelques chats forestiers ou encore de nombreux chats domestiques », détaille Éloïse Lion, technicienne de l’environnement à la fédé de chasse, chargée du suivi sur les passages à faune.Éloïse Lion, technicienne de l’environnement à la fédé de chasse, chargée du suivi sur les passages à faune. Photo Corentin Garault

Grâce à des pièges photographiques, installés en plusieurs lieux, les animaux sont immortalisés lors de leurs passages.

Tous les deux mois, ces pièges sont relevés et les données récoltées analysées. Lors des relevés, les agents complètent les données, par l’observation des empreintes et déjections laissées par les animaux. Objectif : confirmer que les passages à faunes sont efficaces, et faire remonter les problématiques lorsqu’elles se présentent. Par exemple, signaler à APRR, chargé de l’entretien des dépendances vertes de l’autoroute, lorsqu’un passage est enseveli d’une végétation trop dense. « L’exploitant se montre intéressé. Car ce suivi permet de motiver ses équipes, en montrant l’intérêt de l’entretien qu’ils effectuent ! » assure Thibault Meskel.

Le loup capturé en photo ?

Quant à savoir pourquoi c’est la fédération de chasse qui a été choisie pour la surveillance de bon fonctionnement de ces passages, « c’était une évidence de travailler avec des acteurs locaux, qui ont une connaissance fine du secteur et des usages des espèces dans l’Allier », explique le responsable environnement d’Aliaé. Avec tous ces pièges photographiques, placés dans tout le département, une question subsiste : le loup a-t-il montré sa truffe ?

« Non ! répond Thibault Meskel. Mais étant donné son expansion en France, il peut effectivement être attendu ici sans trop surprises. »Mesures compensatoires de l'A79, les passages à faune. La fédération de chasse de l'Allier accompagne ALIAE dans le suivi de la transparence écologique des infrastructures.

Emeric Enaud

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