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A Moulins, le musée Anne-de-Beaujeu enrichit encore son fonds Rochegrosse

A Moulins, le musée Anne-de-Beaujeu enrichit encore son fonds Rochegrosse

Le musée Anne-de-Beaujeu, à Moulins, qui possède déjà une quarantaine de toiles de Georges-Antoine Rochegrosse, vient d’acquérir de nouvelles œuvres du peintre de la IIIe République, un temps oublié, dans une vente aux enchères, à Paris.

À deux jours de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024, mercredi 24 juillet, Emmanuelle Audry-Brunet, responsable du service des publics et des collections archéologiques du musée Anne-de-Beaujeu et sa collègue chargée de la régie des œuvres ont fait un voyage express à deux pas du Trocadéro pour récupérer plusieurs œuvres du peintre Georges-Antoine Rochegrosse (1859-1938). Des toiles et un livre acquis récemment par le musée départemental de l’Allier.

Dans un Paris désert

Du Bourbonnais au pied de la Tour Eiffel, le voyage s’était déroulé sans accrocs, malgré les barrages mis en place pour les JO. "On a même pu se garer à côté de la salle des ventes !", en rit encore Emmanuelle Audry-Brunet. "Impensable en temps normal. C’est un visiteur du musée qui nous a signalé cette vente aux enchères d’un lot de tableaux de G.-A. Rochegrosse, le 13 juin, en salle des ventes Millon. Forcément, cela nous intéressait". Le musée possède en effet le fonds le plus important d’œuvres (une quarantaine de toiles) du peintre, décorateur et illustrateur orientaliste du XIXe, beau-fils du poète moulinois Théodore de Banville.

Toile de Rochegrosse au style oriental, lors de l'exposition présentée en 2013 au MAB. photos Tremodeux severine

La série de sept tableaux de Rochegrosse a servi à illustrer l’ouvrage “La dernière fée, Conte pour les enfants”, par Matilde Serao, Paris, publié aux Éditions d’Art de la Phosphatine Falières, en 1909. Pour vanter les vertus de son produit sur la santé des enfants, la Phosphatine Falières a publié, durant la première décennie du siècle, des livres pour enfants. La romancière napolitaine Matilde Serao (1856-1927) a ainsi livré un conte de fées : un enfant de sept ans part en rêve à la recherche du tombeau d’une fée dont il ne reste plus que le nom…

Un lot acheté dans sa quasi totalité

Si le musée a tenté d’acquérir l’ensemble du lot afin de conserver sa cohérence, deux œuvres lui ont échappé, leur prix étant trop élevé. "Mais cet achat permet quand même de maintenir la cohérence de l’ensemble. Et ces tableaux, restés pendant cent ans dans une collection privée, ce qui avait évité leur séparation, ont conservé leurs cadres d’origine. On pense que Rochegrosse a reproduit les illustrations du livre sur toile dans un second temps, pour gagner un peu d’argent avec son travail".Le musée a pu acheter cinq tableaux, des huiles sur toile toutes de format moyen (55X41 cm), tous signés par l’artiste : "L’enfant se battant contre un serpent", "Enfant capturé au pied du château", "Jeune garçon montant au château", "L’apparition", "La stèle dans le sous-bois", en plus du livre La dernière fée. "La toile "L’apparition", avec une femme toute en longueur, et avec beaucoup de couleurs, fait penser à notre "Salammbô", commente Emmanuelle Audry-Brunet. On retrouve sa patte".

Salammbô, par Rochegrosse, au musée Anne-de-Beaujeu.photos Tremodeux severineCette acquisition a été rendue possible grâce à une procédure d’urgence de la Drac (Direction régionale des affaires culturelles) : le passage en Délégation permanente de la commission scientifique régionale d’acquisition autorise les musées de France à acquérir des œuvres en accord avec leurs collections, en dehors des réunions trimestrielles de la commission.Ces acquisitions feront l’objet d’une demande de subvention auprès du FRAM (Fonds régional pour l’acquisition des musées, financé à parité par l’État et la Région). "Nous demanderons une subvention à hauteur de 50 %, 25 % de l’État et 25 % de la Région, pour chaque œuvre".

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Les toiles seront restaurées, puis présentées au public

L’état général révèle plusieurs accidents et manques sur les toiles qui feront prochainement l’objet d’une restauration. Les toiles pourront ensuite être présentées au public, sans doute en 2025.Le MAB avait déjà acquis, en 2018, une œuvre majeure de l’artiste, Le Bal des ardents, qui dépeint un incident de la vie du roi Charles VI. Le musée avait par ailleurs consacré une exposition à l'artiste, en 2013, réhabilitant son oeuvre exubérante et fantaisiste, un temps oubliée.

Ariane Bouhours

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