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Kamala Harris vs Donald Trump : ce que disent les derniers sondages

Dès le lendemain du retrait de Joe Biden, le quotidien britannique conservateur The Spectator met en garde le Grand Old Party (GOP) : "Les républicains ne doivent pas sous-estimer Kamala Harris." Prémonition, ou simple acuité politique ? Car jusqu’à présent, la vice-présidente était davantage connue pour son impopularité que pour son rôle auprès du locataire de la Maison-Blanche. Seulement, voilà bientôt deux semaines que Joe Biden a renoncé à se représenter, et force est de constater que l’écart qui le séparait de Donald Trump n’a fait que se resserrer depuis.

C’est ce que révèle la quasi-totalité des études d’opinion réalisées après le 20 juillet dernier. Si le candidat républicain domine la vice-présidente dans 14 des 27 sondages réalisés comme le constate The Economist, la dynamique semble clairement jouer en faveur de Kamala Harris. Dans trois sondages réalisés cette semaine, l’ancienne procureure de Californie devance Donald Trump. 43 % des personnes interrogées par Reuters/Ipsos se disent par exemple prêtes à glisser un bulletin favorable à Kamala Harris contre 42 % pour le milliardaire. Un écart identique à celui observé par le Morning Consulting.

Une cote de popularité en hausse

En l’espace de quelques jours seulement, une inversion des tendances a même été observée. Tandis qu’elle ne recueillait que 35 % d’opinion favorable la semaine dernière, Kamala Harris caracole en cette fin juillet à 43 %, selon une étude conduite par Ipsos pour ABC News. À l’inverse, alors que Donald Trump avait enregistré une percée à 40 % après sa tentative d’assassinat, sa cote de popularité a depuis fondu de quatre points. Faisant écho à un sondage Siena poll publié dans le New York Times : depuis février la vice-présidente aurait gagné 10 points de popularité contre seulement 4 pour Trump.

Une percée dont la clef de voûte se situerait du côté de l’électorat "indépendant" ou "ni-ni" - ces Américains qui ne sont ni des sympathisants des républicains ni des démocrates. Et pour cause, tandis que la popularité de Kamala Harris grimpe en flèche à l’intérieur de ce vivier électoral, passant de 28 % à 44 % en une semaine, celle de Donald Trump s’affaisse de 35 % à 31 %, selon ABC News.

Une candidature qui galvanise et pourrait mobiliser

Si la dynamique favorable à Kamala Harris est visible dans l’ensemble des sondages, une question demeure toutefois en suspens : la cote de popularité de la native d’Oakland est-elle dopée par le soutien quasi unanime de son camp ou est-elle à l’inverse le levier d’unité autour de sa candidature ? Difficile pour l’heure d’y répondre clairement. Une chose est sûre : l’enthousiasme est de mise.

Plus d’un Américain sur deux estime que le parti démocrate gagnerait à ce que Kamala Harris la candidate pour ces élections, révèle le sondage Ipsos. Et cette part grimpe à 88 % chez les sympathisants démocrates à l’heure où la candidature de Trump ne recueille que 82 % d’approbation au sein du camp républicain.

La candidature de Kamala Harris semble par ailleurs mobiliser l’électorat démocrate. Toujours d’après les données recueillies par l’institut de sondage Ipsos, ils sont plus de trois quarts à se déclarer "absolument certains de voter" lors de la prochaine élection présidentielle, contre 70 % la semaine précédant le retrait de Joe Biden de la campagne présidentielle.

Harris, candidate des minorités ethniques et des jeunes

La candidature de Kamala Harris suscite notamment un certain engouement parmi l’électorat démocrate déçu de Joe Biden. Au sein de la population hispanique, et la communauté afro-américaine, notamment. 49 % des électeurs afro-américains et 44 % des hispaniques déclarent être beaucoup plus susceptibles de voter à l’élection suprême depuis le retrait de Joe Biden", d’après un sondage Bloomberg/Morning Consult publié ce mardi 30 juillet.

"L’attrait de Kamala Harris vis-à-vis des électeurs noirs et hispaniques est un véritable sujet de préoccupation pour Trump, qui souhaite depuis longtemps courtiser ces groupes, en particulier les jeunes hommes qui les composent", analyse nos confrères de Bloomberg. Il en va de même pour l’électorat jeune, qui soutient majoritairement la candidature de Kamala Harris.

D’après le sondage Siena poll pour le New York Times, six Américains sur dix âgés de moins de 30 ans souhaitent voir l’ancienne sénatrice entrer à la Maison-Blanche au début de l’année prochaine. À l’inverse, certains démocrates craignent une fuite d’une partie des soutiens de Joe Biden, notamment "au sein de l’électorat plus âgés dont le soutien au camp démocrate semble s’éroder tandis qu’il reste fidèle à Donald Trump", pointe le New York Times.

L’immigration, talon d’Achille de Kamala Harris

S’il semble en perte de vitesse depuis une dizaine de jours, Donald Trump continue toutefois à dominer sa principale rivale sur ses thématiques historiques, à l’instar de l’immigration par exemple. Thématique hautement inflammable outre-Atlantique, et au sujet de laquelle la candidature de Kamala Harris génère une certaine frilosité. Plus de 40 % des personnes interrogées dans le sondage Bloomberg/Morning Consult estime que la vice-présidente a eu au cours du dernier mandat un impact quelque peu ou très négatif sur la politique migratoire des Etats-Unis.

Une proportion plus élevée que pour d’autres questions telles que l’économie et la criminalité. Ainsi, semblerait-il, que les efforts déployés par les républicains, accusant les démocrates d’être responsables de "l’explosion" d’arrivées illégales sur le territoire, portent leurs fruits. Récemment, l’entourage de Donald Trump a même rebaptisé Kamala Harris, "tsarine des frontières". Ce qui n’empêche toutefois pas la candidate putative du parti démocrate de mettre Donald Trump en difficulté dans plusieurs "Swing States".

En position favorable dans les fameux "swing states"

Ces fameux Etats clefs, dont l’issue du scrutin est traditionnellement incertaine, ceux-ci pouvant basculer d’un côté de l’échiquier politique ou d’un autre. "De récents sondages suggèrent que Kamala Harris rattraperait Donald Trump dans un certain nombre de Swing States", observe l’hebdomadaire britannique The Economist. La moyenne de cinq derniers sondages réalisés dans le Minnesota et dans le New Hampshire montre que la démocrate dispose d’une avance d’environ six points dans les deux Etats.

Par ailleurs, plusieurs sondages montrent que Kamala Harris talonnerait Donald Trump d’un point en Pennsylvanie et serait même au coude-à-coude avec lui dans le Michigan. Deux Etats dans lesquels Joe Biden éprouvait un retard de deux et quatre points par rapport au chantre du "MAGA" (pour Make America Great Again, slogan utilisé par Ronald Reagan lors de la campagne présidentielle de 1980 et reprise par Donald Trump) avant de se retirer à la mi-juillet.

Face à la dynamique observée depuis l’adoubement de Kamala Harris par Joe Biden, on se rassure comme on peut côté républicain. Ainsi, cette envolée dans les sondages ne serait-elle qu’une "lune de miel", veut croire le sondeur de la campagne de Donald Trump, Tony Fabrizio, balayant d’un revers de la main les mises en garde des observateurs. Du moins, en façade.

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