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Deux ans et quatre mois de prison, dont un an avec sursis probatoire pour violences conjugales

Il n’a rien fait pour avoir l’air présentable devant le tribunal correctionnel de Moulins vendredi 26 juillet, en audience de comparution immédiate, après 48 heures de garde à vue et une nuit en prison.

Il répond par monosyllabes, « je sais, « je sais pas », « possible », « ouaip ». Debout, il ne peut s’empêcher de bouger d’un pied sur l’autre. Il apparaît « désinvolte » et « sans aucune empathie », « ni considération » pour celle avec il a passé des années, souligne le procureur.

Coups de couteau dans la télévision

Ce jeune homme de 24 ans était prévenu pour violences habituelles sur conjoint avec une période de prévention qui courait du 1er janvier 2022 au 19 juillet 2024. Ce qui a poussé son ex-compagne à porter plainte, c’est ce dernier fait du 19 juillet, quand il la menace de lui casser les jambes, qu’il monte dans son appartement de Moulins et qu’il larde la télévision de coups de couteau. Mais il y a eu d’autres épisodes : en 2022, en 2023, en 2024, alors qu’il « se défoule » sur elle. Elle produit les certificats médicaux : contusions au thorax et hématomes aux bras et aux épaules, 5 jours d’ITT, cote cassée liée à coups de poing dans les cotes, 15 jours d’ITT ; coups de poing à l’issue d’une soirée d’anniversaire, une amie témoigne.

« Sa colère parle pour lui »

Lui reconnaît peu ou prou la majeure partie, se justifiant par « j’ai pris une cuite, elle m’a cassé les c… » ou « elle m’empêchait de dormir ».Les deux sont très jeunes, la vingtaine, et ont une petite fille. « On a passé de très bons moments ensemble », confie la jeune victime, qui ne demande aucun dommage et intérêt et qui ne peut s’empêcher de pleurer au moment de témoigner.

« Sa colère parle pour lui certaines fois. Je ne lui en veux pas, j’aimerais qu’il comprenne qu’on ne peut pas faire du mal aux gens. Ce n’était pas tout le temps, pas tous les jours, pas tous les mois. J’ai porté plainte, pas parce que j’en ai ras le bol, mais pour qu’il comprenne que ça sert à rien d’être violent, j’ai essayé de lui dire. On s’est séparé, ça allait, je n’ai pas compris pourquoi c’est allé aussi loin quinze jours plus tard. Je l’aime, on a un enfant ensemble. Je sais qu’il aurait pu changer, mais il n’a pas su faire des efforts pour gérer sa colère. On s’est séparés plusieurs fois et je suis toujours retournée vers lui [jusqu’ici, NDLR] parce que je l’aime. Je sais que j’ai mes torts aussi, dans un couple c’est 50/50. Je sais qu’il y aura des conséquences, parce que j’ai porté plainte, je regrette malgré tout, mais vraiment, je souhaite qu’il ne soit plus violent avec ses prochaines compagnes, avec quiconque. Au fond, il n’est pas comme ça, il sait être quelqu’un de bien quand il veut. Il faut aussi qu’il pense à sa fille ».

Il n’est pas là parce que vous avez porté plainte, mais parce qu’il vous a frappé

Le tribunal : « Rien ne justifie de porter la main sur quelqu’un et à plus forte raison sur sa compagne ».

Et aussi : « Il n’est pas là parce que vous avez porté plainte, mais parce qu’il vous a frappé. Il a déjà été averti, condamné, pour des faits avec une précédente compagne [en 2019], aujourd’hui la victime c’est vous ».

Le procureur : « Si vous aviez retiré votre plainte, le ministère public aurait poursuivi à votre place. Je veux tout de même souligner la première audition de monsieur qui banalise totalement les violences. Il considère que madame peut être son punching ball, qu’il peut l’insulter. Sa première phrase en garde à vue ce fut “si je sors, je vais lui faire du sale”. Il reconnaît aussi qu’il l’insulte régulièrement et dégrade des objets, réfrigérateur, armoire, télévision, porte, etc., pour ne pas s’en prendre à madame. ces propos sont tellement violents que madame, qui voulait retirer sa plainte, ne l’a pas fait après les avoir lus ».

Ultime provocation (ou aveu d’impuissance ? Résignation ?), à la question du parquet : « Qu’avez-vous de tatoué sur votre bras ? Sa réponse : « Le prénom de ma fille ». Le parquet : « Vous avez évolué dans votre position face à elle ? ». Lui : « Non, je ne veux plus la voir dans l’immédiat ».

Retrait de l’autorité parentale ?

Le procureur met sur la table la question du retrait de l’autorité parentale.Me Jauvat, pour la défense, argumente et remarque un « début de prise de conscience. Avant, le problème venait des autres, il était dans le déni, désormais, peut-être qu’il vient de lui. » L’avocat souligne le « soutien familial » dont il bénéficie et avance l’aménagement de la peine possible, loin d’ici, chez un frère dans le sud. Quant à l’autorité parentale, « il ne faut pas lui retirer tous ses droits, lui laisser la possibilité de réfléchir, c’est un moment très important dans sa vie. Il ne pense pas ce qu’il a dit, il adore sa fille. Laissons madame saisir le juge aux affaires familiales pour étudier ce qui est le plus adapté ».

Contact interdit

Le tribunal suit les réquisitions du procureur et condamne le prévenu à deux ans de prison dont un an avec sursis probatoire pendant deux ans, obligation de soins, de travail de payer les sommes dues au trésor public, interdiction de contact et de mettre un pied dans l’Allier pendant deux ans, ainsi que la révocation d’un sursis antérieur de quatre mois. Et son autorité parentale lui a été retirée.À l’issue du procès, il est reparti en détention. « Six mois sur un pied, six mois sur un autre », a-t-il lancé à sa famille. « Fais pas le c… », lui ont-ils répondu.

Mathilde Duchatelle

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