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JO Paris 2024 : "Je suis gourmand", confie Sasha Zhoya avant son entrée en lice sur 110 m haies

Un petit mot par ci, un clin d’oeil par là. Sasha Zhoya ne joue pas un rôle. Le seul masque qu’il porte est celui du naturel. Avant son entrée en lice, ce dimanche (11h 50), pour les séries du 110 m haies, le hurdler international français du Clermont Auvergne Athlétisme en profite.

Il a “kiffé” la cérémonie d’ouverture de l’autre côté de l’écran, une grande première pour lui. Acteur et non spectateur d’un show qu’il aimerait bien revoir. Auprès de ses potes, ses proches, ses gars comme il les appelle. Il lui pressait également de rejoindre le Village olympique et de se plonger sans ces Jeux.

Chassez le naturel, il revient au grand galop quand on reparle athlétisme, duel et performance. Il n’oublie pas de délivrer quelques gentilles piques à ses principaux adversaires. Naturel et franc, Sasha Zhoya ne fait pas dans les faux-semblants. Américains, Jamaïquains, Européens : il respecte tout le monde, mais ne semble craindre personne.

Physiquement, comment vous sentez-vous après avoir déclaré forfait lors de votre dernière sortie ?

« J’ai envie de tout casser. A Albi, j’ai ressenti une gêne à la hanche et je n’ai pas couru par précaution. J’ai raté un bloc de préparation. J’ai fait attention la semaine suivante pour que cela ne s’aggrave pas. Et la seconde, on a repris le travail à l’INSEP. Aujourd’hui, je me sens bien physiquement. Mentalement, pas aussi bien que je voudrais l’être à cause de cet échec à Albi. Mais dans le sport, il faut savoir surpasser certaines choses qui ne vont pas bien. »

Vous n’avez couru que cinq fois depuis le début de la saison estivale en Europe. Est-ce un volume suffisant pour pouvoir performer et appliquer ce que vous avez travaillé ?

« J’avoue que ce n’est pas idéal. Je préfère avoir plus de courses dans les jambes avant d’attaquer une échéance importante. Mais, si on regarde mon parcours de l’année dernière et encore avant, c’était déjà un peu pareil. J’ai l’habitude de rentrer dans un grand championnat sans avoir un gros volume de courses au compteur. Je sais gérer cette approche. Ce n’est pas idéal donc, mais ce n’est pas non plus un nouveau facteur pour moi. »

Vous avez travaillé quels points sur le plan technique depuis le titre lors des championnats de France à Angers ?

« C’est un secret et je ne peux pas tout dire (rires). Bon, on a besoin de régler mon départ, surtout quand on le compare par rapport aux autres coureurs qui sont de très bons partants. En revanche, ma fin de course est réglée. Je reviens toujours fort. »

« Si j’ai un bon départ, cela va bien se passer. Je pense surtout à la première haie, parce que si je la mange, c’est très dur de retrouver mon tempo. Ma technique est installée, c’est un jeu mental. C’est juste appliquer les choses, kiffer mon moment. J’ai besoin de faire ma propre course, d’être dans mon tempo. »

Et les Américains qui ont tous fait moins de 13 secondes ?

« J’ai été plus vite qu’eux sur les haies basses. Mes jambes peuvent aller plus vite qu’eux. On va voir comment ils vont courir le jour J dans une autre compétition. C’est un truc de faire un bon chrono dans son stade et à la maison. Aux Jeux, ce ne sont pas les plus gros chronos qui tombent, mais l’athlète qui est le plus chaud mentalement.

Je mets la pression sur eux et ils savent que je suis là. Grant Holloway est un ami, mais quand le starter dit “A vos marques”, il n’y a plus d’amitié jusqu’à la ligne d’arrivée. Je sais qu’il sera devant sur la première haie. Je sais où je dois être pour faire une bonne course. J’ai besoin de faire davantage attention aux autres comme les Jamaïquains qui en plus sont très grands. »

Vous entrez en piste ce dimanche. Avec quelle ambition ?

« Le premier objectif, c’est de passer les séries et rentrer en demi-finale. Le deuxième, c’est de me qualifier pour la finale. Le suivant, en tant qu’athlète et compétiteur, c’est la médaille et si possible en or parce que je suis gourmand. Je veux repartir de ces Jeux olympiques en montant sur le podium. Un petit record de France et plus. Je vise le plus haut. Il faut avoir de grandes ambitions et des étapes à passer. »

Comment allez-vous gérer le calendrier avec trois jours entre les séries et la demi-finale ?

« Je n’en ai pas discuté avec le coach. On va traiter cette première course comme une séance d’entraînement. » 

« Je suis assez confiant pour terminer dans les trois premiers et me qualifier pour les demi-finales. Ensuite, ce sera récup, séance et récup au programme avant les demi-finales le mercredi 7 août. »

Et cette piste du Stade de France, comme la trouvez-vous ?

« J’ai été au Stade de France, mais je n’ai pas testé la piste (sourires). De ce que j’ai entendu des athlètes qui ont couru, elle est incroyable. Etant donné qu’elle est toute neuve, cela glisse un peu. C’est une bonne piste et ceux qui ont couru dessus la juge rapide. Celle d’échauffement est beaucoup plus rapide d’après les sensations de ceux qui ont pu l’essayer. »

Ce sont vos premiers Jeux olympiques. Cela vous plairait d’être porte-drapeau de la France dans le futur ?

« Bien sûr que cela me plairait et ce serait un honneur. Après, je suis conscient que cela revient à un sportif qui a fait plusieurs JO ou qui a obtenu des résultats aussi. On va laisser la suite s’écrire toute seule.

Je vais essayer de faire un maximum de sélections en équipe de France surtout pour les JO, viser des médailles. Cela peut aider pour être porte-drapeau. Ce serait bien de l’être à Brisbane en 2032. L’Australie, c’est aussi chez moi. »

Comme la question lui a été posée, il a répondu sans se forcer, ni se dérober. On a reparlé de la cérémonie d’ouverture avec Sasha Zhoya et notamment de sa tenue. Un extrait vidéo avait fait sensation quelques heures avant le lancement des Jeux olympiques où on le voyait dire qu’il porterait une jupe. Mais entre les images diffusées et la réalité, il peut exister un certain fossé. Et là, cela relève plutôt du gouffre pour cette séquence savamment montée et coupée comme il le faut pour susciter l’intérêt. Voire le créer.

« La partie où je dis que je vais repartir avec le costume a été un peu coupée, répond poliment le coureur de 110 m haies. J’avais en tête et l’idée de porter la jupe, mais je voulais voir à l’essayage comment cela rendait et si c’était comme je voulais. Au final, quand j’ai essayé, il y avait un flow, mais pas celui que j’étais en train de chercher. Du coup, je n’ai pas mis la jupe pour la cérémonie. »

Le passage de la jupe a été repris partout et par tout le monde. Et pas seulement en France, mais aussi à l’étranger où l’athlète clermontois commence à être bien suivi. Et ce passage a fait pas mal de buzz, même à l’international. « Je ne voulais pas que cela fasse tout ce buzz et mettre le focus sur moi, regrette l’intéressé. On était je ne sais plus combien d’athlètes sur le bateau. Ce n’était pas le moment de me mettre en avant, mais c’était celui de toute l’équipe de France. Du coup, j’ai décidé de ne pas mettre la jupe et je suis revenu à une tenue normale. »

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