Athlétisme: qui sera l'homme le plus rapide du monde?
Le champion du monde en titre veut clore une bonne fois pour toute le débat sur l'identité de l'homme le plus rapide de la planète actuellement. "C'est moi, ce sera toujours moi", a-t-il balayé en début de semaine.
Mais il n'a pris que la 2e place de sa série (10.04) samedi, et il a à ses trousses quelques concurrents plus rapides que lui cette saison, bien décidés à le faire taire.
. Lyles, le chantier des départs
Triple champion du monde l'été dernier (100 m, 200 m, 4x100 m) avec un premier titre international sur la ligne droite, Lyles a prouvé à Budapest qu'il était plus qu'un coureur de 200 m et qu'il était capable de briller sur la course reine.
Pour confirmer à Paris et décrocher un premier or olympique, il se concentre depuis deux saisons sur ses départs, son point faible, jusqu'à devenir en mars vice-champion du monde du 60 mètres, une discipline qui correspond moins à ses qualités.
"J'ai eu l'argent mondial sur 60 m en salle alors que plein de gens disent que mes départs sont pourris, mais quelqu'un avec un si mauvais départ ne devient pas vice-champion du monde", a-t-il insisté.
"Ses départs ne sont toujours pas bons", relativise pour l'AFP Pierre-Jean Vazel, ex-entraîneur de sprint.
"Il a travaillé avec Ralph Mann (vice-champion olympique du 400 mètres haies en 1972 et spécialiste en biomécanique, NDLR) qui essaie de lui faire faire de beaux départs mais Lyles ne sent pas la vitesse", raconte Vazel. "Plus on se prend la tête au départ, moins c'est bon. Il réfléchit trop."
Lyles s'aligne à Paris après avoir amélioré son record personnel à Londres il y a deux semaines pour s'emparer du troisième meilleur chrono de la saison (9.81).
. Thompson pour tout renverser
Devant lui, c'est le Jamaïcain Kishane Thompson qui a été le meilleur cet été, impressionnant lors des sélections jamaïcaines où il a été flashé en 9 sec 77.
"C'est mon favori pour les Jeux", se lance Pierre-Jean Vazel. "Son coach le surprotège depuis deux ans, il côtoie un gros niveau au quotidien", dit Vazel à propos du jeune sprinteur (23 ans), qui s'entraine au reconnu MVP Track Club dirigé par Stephen Francis, ancien mentor d'Asafa Powell ou de Shelly-Ann Fraser-Pryce au début de sa carrière.
"Il est plus puissant et plus volumineux que Powell", analyse Vazel. "Il peut aller plus vite" que son aîné et ses 9 sec 72 en 2008.
En séries samedi, Thompson a fait forte impression en dominant sa course, relâchant son effort après 70 m pour couper la ligne en 10 sec 00.
. Jacobs pour conserver la couronne
Champion olympique surprise en 2021 pour les premiers Jeux sans Bolt, l'Italien Marcell Jacob "veut gagner de nouveau".
Depuis Tokyo, le sprinteur s'est montré irrégulier, a multiplié les blessures et ne s'est plus rapproché de son chrono record d'Europe à Tokyo (9.80).
Cette saison, le chrono a mis du temps à redescendre. Après être devenu champion d'Europe, devant son public à Rome mi-juin, il a enfin accéléré pour repasser sous les 10 secondes (9.92).
"Jacobs a un style moins relâché qu'en 2021, mais ça va se débrider aux Jeux", pense Vazel. "Il a traversé l'année sans blessure, il s'est entraîné dur, je le vois bien passer un cap au moment des Jeux."
. Seville, Tebogo, Bednarek...
Comme en 2021, la finale du 100 m risque d'être très ouverte, avec quasiment autant de prétendants au titre que de couloirs disponibles sur la piste violette du Stade de France.
Le Jamaïcain Oblique Seville, qui a battu Lyles en début de saison, a des cartes à jouer, tout comme le Kényan Ferdinand Omanyala, deuxième performeur mondial de l'année en 9 sec 79.
Sans oublier le Sud-Africain Akani Simbine, le Botswanais Letsile Tebogo, le Britannique Zharnel Hugues et encore les Américains Fred Kerley et Kenny Bednarek, tous les deux les plus rapides en séries samedi (9.97).