Philippe Lescure, président d'honneur de la FF Tri : "Ce n'est pas tous les jours qu'on a de tels résultats"
En tant que président d’honneur de la Fédération française de triathlon vous devez être heureux de la médaille d’or de Cassandre Beaugrand et de celle en bronze de Léo Bergère…
Pour le triathlon français, pour le Comité d’organisation des Jeux, pour le sport en général, on ne peut être que très satisfait. Nous qui avons œuvré pendant presque trois décennies pour ces résultats, on est particulièrement heureux. On a savouré ce moment au club France. Ce n’est pas tous les jours qu’on a de tels résultats.
Cassandre Beaugrand était attendue…
Elle a commencé le triathlon dans les écoles de clubs franciliens. Quand j’étais président de la Fédération française, nous l’avons lancée dans le grand bain aux Jeux de Rio. Elle avait 18 ans. À l’époque, on nous demandait si ce n’était pas une folie de lancer une jeune triathlète qui n’avait jamais couru sur distance olympique… Probablement que l’expérience qu’elle a acquise à Rio, mais sans doute aussi l’échec de Tokyo, ont contribué à son évolution. Les athlètes, à part des phénomènes comme Léon Marchand qui viennent d’autres planètes, se construisent sur des années. La construction de Cassandre s’est faite sur trois olympiades pour arriver à cette course très aboutie à Paris. Elle est sûre d’elle, ce qui n’était pas le cas auparavant.
Et Léo Bergère ?
C’est un garçon sérieux, pondéré, stable. Lui aussi a fait les choix qu’il fallait. Ce n’est pas une surprise de le retrouver à ce niveau. La difficulté des Jeux, c’est d’être compétitif le jour « j » à l’heure « h », quand bien même on déplace d’une journée la date de la course. C’est un rendez-vous unique tous les 4 ans et il faut répondre présent sur tous les paramètres de la performance.
Pour Philippe Lescure, l’équipe de France compte parmi les favoris du relais mixte de triathlon qui doit normalement se disputer ce lundi matin alors que les entraînements de samedi ont été annulés en raison de l’état de la Seine. « Chaque relayeur parcourt des distances très courtes. Le relais mixte se joue très souvent dans un mouchoir de poche. », estime Philippe Lescure avant de rappeler que la France avait obtenu la médaille de bronze, aux JO de Tokyo, où le relais mixte était entré au programme. « Nous sommes parmi les favoris avec les Anglais et les Néo-Zélandais. Cela va être très serré. On peut rapidement passer d’un podium à une cinquième place ». L’équipe de France sera formée ce lundi matin par Cassandre Beaugrand, Emma Lombardi, Pierre Le Corre et Léo Bergère.
La course a effectivement été reportée d’une journée en raison de l’état de la Seine. Avez-vous craint que l’épreuve de triathlon ne se transforme en duathlon ?
C’était une inquiétude. Avec tout le respect que l’on a pour le duathlon, cela aurait été très regrettable qu’on n’ait pas de triathlon. Ce n’est pas le même spectacle sportif. Oui, on a eu des craintes, même si j’étais assez confiant malgré toutes les polémiques qu’on a pu avoir. L’eau de la Seine est globalement de bonne qualité. Si on a des épisodes orageux ou de pluie, cela complique les choses, mais cela se rétablit assez vite. Sur ce point, la Fédération a joué un rôle important auprès de l’organisation et des pouvoirs publics pour prendre les bonnes décisions, respectueuses des athlètes et des conditions sanitaires.
De tels résultats ne peuvent que confirmer l’engouement pour la discipline constaté depuis 30 ans...
Quand on est arrivé dans le triathlon, il devait y avoir à peine 10.000 licenciés. Aujourd’hui, on a dépassé les 70.000, répartis dans plus de mille clubs, et l’on compte 200.000 pratiquants. L’entrée de notre discipline aux jeux de 2000, à Sydney, a été un élément clé de cette croissance exponentielle.
Êtes-vous en capacité d’accueillir encore plus de pratiquants ?
Une de nos difficultés c’est la capacité d’obtenir des créneaux piscine. Ils ne sont pas extensibles. Les clubs ont tellement de demandes, notamment pour les écoles de triathlon, qu’on va peut-être avoir des difficultés pour accueillir tous ces jeunes.
Propos recueillis par Pascal Goumy