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Les bobos n’aiment pas la France, et moi j’aime le Gers

Notre chroniqueur, qui vient de passer quinze jours enchantés dans le Gers, s’étonnait d’y rencontrer si peu de touristes. Mais réflexion faite, il s’en félicite. Si les Parisiens ne sont pas au rendez-vous, c’est peut-être triste pour l’économie locale, mais ça se comprend, vu ce que sont devenus les bobos qui vivent dans notre ville-monde… […]

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Notre chroniqueur, qui vient de passer quinze jours enchantés dans le Gers, s’étonnait d’y rencontrer si peu de touristes. Mais réflexion faite, il s’en félicite. Si les Parisiens ne sont pas au rendez-vous, c’est peut-être triste pour l’économie locale, mais ça se comprend, vu ce que sont devenus les bobos qui vivent dans notre ville-monde…


Quinze jours dans un moulin à vent réaménagé, à Larroque-sur-l’Osse (dans les environs de Condom), cela vous rafraîchit les méninges. Quinze jours à visiter des villages sublimes, des sites étourdissants, tout un XIIIe siècle lumineux conservé pour notre émerveillement — essayez donc La Romieu ou Terraube, poussez jusqu’à Auch (ah, sa cathédrale, ses escaliers chapeautés d’un D’Artagnan équestre, et les sandwichs au foie gras que nous mitonna la tenancière d’une boutique spécialisée dans les produits dérivés de l’oie et du canard.

Pour ainsi dire personne dans un département entier, sauf les tracteurs qui allaient d’un champ de tournesols (qui avaient la politesse de s’incliner vers nous, à quelque heure que nous passions) à une vigne taillée comme à Cognac, de façon à ce que les grappes maturent au soleil. Et une gorgée d’armagnac en dessert.

Il n’y a guère qu’à Lectoure (jolie petite ville, dont la densité de brocanteurs prouve la touristification) que nous avons trouvé des restaurants en « bistronomie », des produits pour végans militants et la pédale douce sur le cochon de Gascogne, ce réprouvé des pseudo-gastronomes à la Sandrine Rousseau, la femme qui, comme ses copains du Nouveau Front populaire, hait les barbecues bien davantage que les terroristes palestiniens.

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Les seuls touristes implantés, qui souvent possèdent des résidences secondaires ou permanentes dans ce sud-ouest magnifique, ce sont les Anglais, qui depuis la Guerre de Cent ans considèrent que l’Aquitaine leur appartient. Heureusement que les Vikings, qui dévastèrent les monastères et les bourgades de cette opulente région, ne remontent plus la Garonne sur leurs drakkars.

Heureusement aussi que les huguenots, qui se sont plu à marteler les saints des églises et à massacrer les populations, ont fini par se ranger, grâce à Henri IV, sous l’autorité de Sa Majesté Très Chrétienne — et catholique. Nombre de villages du Gers furent dévastés par le sinistre Gabriel de Montgommery (oui, avec deux « m », et oui, celui qui avait tué Henri II en tournoi en 1559) — qui grâce à Dieu et à la reine Catherine fut décapité le 26 juin 1574.

Charles de Batz-Castelmore, comte D’Artagnan. © J-P Brighelli.

Et gloire à Blaise de Monluc qui récupéra Mont-de-Marsan, et dont le fils, Peyrot de Monluc, dégagea Terraube de l’étreinte protestante : les parpaillots avaient tué les moines, ils furent eux-mêmes massacrés par les troupes catholiques qui entassèrent les cadavres dans un puits. Ainsi doivent finir les destructeurs de cathédrales…

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On mange admirablement dans le Gers — et pas seulement du canard : essayez donc l’Auberge de Larressingle, où vous dînerez avec une formidable enceinte féodale en arrière-plan. On y boit aussi bien — ah, le doux souvenir de l’armagnac du Péto, où nous séjournions, ou des rouges du Château Bouscassé, achetés dans le sud du département à Maumusson-Laguian, et qui valent bien les Saint-Emilions voisins. Voilà qui nous éloigne des salades de quinoa et du jus de carottes bio.

J’ai quelques amis parisiens de mon âge qui, heureusement, ont appris tôt le goût des bonnes choses. Mais combien de jeunes imbéciles, dans cette génération de trentenaires qui se croient intelligents parce qu’ils promènent leur physique d’endives cuites en trottinettes électriques, votent écolo et méprisent cette France profonde, à la périphérie de la périphérie, dirait Christophe Guilluy, qui a du caractère et une identité forte et ne croit pas — pas un instant — au mélange des cultures.

Le Figaro a tout récemment établi son palmarès des villes et villages les plus tentants pour acheter un pied-à-terre dans le sud-ouest. Ils privilégient évidemment les sites proches des autoroutes qui relient cette région à la capitale. Étonnamment, le premier village du Gers cité ­— en 20ème position — est Lectoure, le seul site faisandé du département. Croyez-moi, baguenaudez par là-bas, vous trouverez des centaines de maisons superbes à vendre pour le prix d’un studio parisien. Ou, si vous ne voulez pas vous fixer, des dizaines de gîtes confortables où vous vous dépayserez des porteuses de voiles islamiques et de l’agitation des grandes métropoles. Au pays du cochon noir de Gascogne, la charia aura du mal à s’infiltrer.

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