World News in French

Breaking: Des ghettos américains aux Jeux olympiques de Paris

Breaking: Des ghettos américains aux Jeux olympiques de Paris

Au début des années 1970, à l'angle d'une rue new-yorkaise, un groupe de jeunes se rassemble tous les week-ends en cercle devant les fenêtres d'une habitante, dont les enceintes crachent le dernier tube de funk à la mode.

"Pour moi, c'est là que le breaking a commencé", raconte en 2024 dans le podcast de l'AFP Sur le fil Marc Lemberger, alias Mr. Freeze, franco-américain désormais âgé de 61 ans et considéré comme l'un des pionniers du mouvement.

"Un jour un jeune a sauté en l'air très haut, il a attrapé ses genoux, s'est mis par terre et s'est arrêté d'un coup. C'était facile, mais il l'a fait d'une façon originale et si magnifique qu'on est rentré dans le cercle avec lui", raconte-t-il.

De ces rassemblements spontanés naissent bientôt des centaines de bandes, ou "crews", aux styles distincts selon les quartiers de New-York, influencés par la culture latino ou afro-américaine.

H.I.P. H.O.P

Celui de Mr. Freeze s'appelle le Rock Steady Crew et, embarqués dans une tournée par Afrika Bambaataa, ceux qu'on appellent désormais des "Bboys" percent enfin après avoir été moqués pendant des années par la jeunesse de Manhattan.

"Le DJ jouait quelque chose qui nous rendait complètement fou", explique Lamberger, décrivant tour à tour les premières figures inventées par sa bande et les +battles+ organisées lors de fêtes de quartier.

Dans la foulée, le breaking fait une apparition remarquée dans le film Flashdance (1983) et s'exporte en France à l'occasion d'une tournée appelée New York City Rap, organisée par la radio Europe 1, où est présent Mr. Freeze.

"C'était un espèce d'âge d'or où beaucoup de fondements de notre art ont été popularisés", remarque Omar Remichi, ex-entraîneur de l'équipe de France de breaking et coach personnel de Bboy Dany et Bgirl Carlota, deux Français qualifiés aux JO.

A la télévision, l'émission H.I.P H.O.P de l'animateur Sidney, dédiée à la culture hip-hop, permet à la pratique de se diffuser quelques années en France, mais les compétitions demeurent rarissimes et l'intérêt faiblit petit à petit au milieu des 1980.

Il faut attendre le milieu des années 1990 pour que le mouvement ne commence à se structurer comme un sport, s'appuyant notamment sur de grands événements privés comme le célèbre Battle Of The Year.

Moule olympique ?

Des crews s'y affrontent pour démontrer leur originalité. "Quand j'ai vu la vidéo du Battle of the Year avec le Wanted Posse (crew né à Torcy vainqueur en 2001, ndlr), j'ai su je voulais faire comme eux", dit Bboy Kody, ancien danseur devenu DJ de breaking.

Au fil des années, certains breakers deviennent plus athlètes que danseurs, s'entourent de coachs et de préparateurs physiques, regardent des vidéos de leurs futurs adversaires sur Youtube, mais lors des compétitions, l'essence de la discipline demeure.

Systématiquement, un maitre de cérémonie chauffe l'auditoire, rassemblé autour d'une scène en forme de cercle -le cypher- et un DJ joue en live une musique toujours inconnue à l'avance des participants.

Face à l'engouement d'un public souvent jeune, le CIO a fait entrer la discipline en tant que sport additionnel à Paris, lançant un complexe processus de fédéralisation du breaking, qui dispose désormais de son circuit pro et ses propres Mondiaux.

De là à mettre en péril l'ADN libertaire de la discipline ? Le breaking n'a en tout cas pas été retenu pour LA-2028, "et la fin de l'aventure JO va nous donner l'occasion de réfléchir à la forme à donner aux prochains rassemblements" , estime Omar Remichi.

Dans la communauté, beaucoup de danseurs aimeraient remettre les affrontements entre crews au centre de la scène. "C'est la base, comme ça que notre discipline a commencé à New-York. Tout le partage du break est là", relève l'entraîneur.

Читайте на 123ru.net