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JO Paris 2024 : Nikola Karabatic a fait ses grands adieux

JO Paris 2024 : Nikola Karabatic a fait ses grands adieux

Éliminée après prolongation (35-34) par l’Allemagne ce mercredi 7 août en quart de finale des Jeux olympiques de Paris, la France a perdu à la fois son titre et trois de ses cadres : Valentin Porte, qui poursuivra sa carrière en club, Vincent Gérard et Nikola Karabatic, sa star depuis 20 ans.

Voilà, c’est fini. Brutalement, au terme de soixante-dix minutes intenses, riches, parfois cruelles, où l’équipe de France de handball a tout connu, de l’euphorie à l’affliction, en passant par l’arrogance d’un temps mort incompréhensible quand la partie était gagnée (lire ci-contre) et le doute de voir les Allemands, toujours menés et parfois loin (20-14e à la 32e minute), s’accrocher comme des damnés à leurs espoirs de demi-finale olympique. Cruellement, aussi, d’un si petit et si irrémédiable écart (35-34 après prolongation), alors qu’une 5e médaille olympique consécutive a longtemps pointé ses premiers reflets à l’horizon.

Une page heureuse se tourne, après seize ans de réussite ouverts par l’or de Pékin. Ce dimanche d’août 2008, contre l’Islande, Nikola Karabatic avait porté les Bleus vers la consécration ultime. Ce mercredi après-midi, dans un stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d'Ascq chauffé à blanc, la star des deux dernières décennies tricolores n’a que peu joué et s’est contentée de distribuer quelques passes, sans marquer. Le poids de ses 40 ans, peut-être, mais l’envie de faire briller les autres, surtout, avant de laisser définitivement la place.

Le natif de Nis (Serbie), 365 sélections pour 1.303 buts, n’est pas le seul à quitter la scène. Son gardien Vincent Gérard, exceptionnel à 37 ans contre les canonniers de la Mannschaft (24 arrêts, dont 3 penaltys, à 42 % d’efficacité), met lui aussi un terme, avec effet immédiat, à sa carrière. L’ailier Valentin Porte, lui, ôte définitivement à 33 ans la tunique frappée du coq, après 198 sélections et un capitanat. Alors, quand les vainqueurs, après quelques instants d’effusion, se sont mis en ligne aux côtés des Français pour saluer “Niko”, ce dernier n’a pas hésité à mêler ses désormais ex-partenaires à cet hommage.

« Pas le droit d’être triste »

« J’ai envie de partager ce moment avec eux. On arrête ensemble et c’est très beau de partager ces émotions avec ses coéquipiers », a expliqué l’aîné des Karabatic quelques minutes plus tard. « Je ne pratique pas un sport co pour jouer et recevoir les honneurs tout seul. Je voulais qu’on les partage à trois, dans un moment difficile mais que l’on gardera à vie ». Des paroles prononcées avec le sourire : « Je suis triste, mais je n’ai pas le droit de l’être. J’ai deux sentiments en même temps, c’est très bizarre. Je remercie mes coéquipiers, je leur dis que ça a été un plaisir de jouer avec eux et les réconforter aujourd’hui fait remonter tous ces souvenirs positifs. »

Les 28.000 spectateurs, français comme allemands, ont salué ce départ par une énorme ovation. Le 13 juillet déjà, à Dortmund, lors d’un match de préparation perdu par les Bleus, Nikola Karabatic avait été célébré par la fédération et les fans germaniques, dans un pays qu’il aura marqué durant quatre saisons étincelantes à Kiel, entre 2005 et 2009.

« C’est une énorme marque de respect », a convenu le néo-retraité dans le Nord. « C’est dur de le vivre en ayant perdu mais dans un stade entier, finir de cette manière-là, avec beaucoup d’amour, je suis très reconnaissant. J’aurais aimé terminer avec une médaille autour du cou, mais apparemment j’en avais gagné assez, je n’avais plus le droit », a-t-il plaisanté, avouant y avoir pourtant cru. « J’étais persuadé qu’on allait gagner aujourd’hui, tout s’alignait et j’étais sûr à 99 % qu’on allait passer. Il y a eu une “couille” dans le pâté ».

« Le plus déchirant, c’est de perdre trois grands bonhommes »

Cet accroc, c’est un ballon de Dika Mem resté collé à sa main, sur une ultime passe interceptée alors que la France menait d’un but, à six secondes de la fin. Le Barcelonais, pourtant auteur de dix réalisations, ne digérait pas cette erreur que tout un groupe lui pardonnait. Et chacun portait un peu du fardeau que constitue cet échec retentissant. « Ce qui est plus déchirant, c’est de perdre trois grands bonhommes et c’est cette touche d’émotion qui nous pique vraiment », notait Elohim Prandi, 26 ans et lui-même auteur d’un miracle, une égalisation au buzzer improbable contre la Suède lors du dernier Euro victorieux, en janvier. « On a déjà tous connu des défaites compliquées, et on s’en relève », appuyait-il, avant de se projeter avidement vers la suite : « Eh, bordel, on ne finit pas l’équipe de France demain, on a dix-douze ans à jouer encore ensemble et on va encore aller chercher quelques titres. Les JO à Paris, bien sûr que c’était très important, mais on ne va pas rester sur ça. Il va falloir avancer. »  La relève connaît la marche à suivre.

Sébastien Devaur

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