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Marcelle Baud, auvergnate d'adoption, dessinatrice et égyptologue oubliée

Elle fait partie de ces femmes dont le travail remarquable passe inaperçu. Tout au long de sa vie, Marcelle Baud a mêlé l’égyptologie au dessin, un domaine dans lequel elle excellait.

Après des études à l’école du Louvre, spécialité histoire de l’art et égyptologie, Marcelle Baud voyage plusieurs fois en Égypte où elle calque les tombeaux avec une précision bluffante. Petit à petit, la Parisienne, fille d’un père bougnat originaire d’Issoire, se fait une place dans un milieu hostile aux femmes.

"Ça lui arrivait de se déguiser en homme"

Avant-gardiste

Dans les archives du musée, une interview, accordée à une radio en 1938, démontre la volonté, pour l’égyptologue, de casser les codes. Intitulé "Égyptologue : un métier de femme??", l’entretien évoque les difficultés que peuvent rencontrer les femmes se lançant dans ce domaine.

Alors que les postes importants sont presque uniquement réservés aux hommes, Marcelle Baud pense qu’il "n’est pas douteux que les barrières ne tombent peu à peu et que l’égalité, à mérite égal, ne soit proche." Un message visionnaire et plein d’espoir pour les générations futures.

Présente à la découverte de Toutânkhamon??

Parvenant à se faire un nom, Marcelle Baud rentre dans l’histoire en devenant la première femme à collaborer avec l’IFAO (Institut Français d’Archéologie Orientale), basé au Caire, en Égypte. Selon certaines sources, elle serait même la deuxième femme à pénétrer dans le tombeau du célèbre Toutânkhamon, après sa découverte en 1922.

Camille Besse, de son côté, reste plus prudente. "Ce n’est pas l’une des premières personnes à être descendue, mais effectivement, elle était présente dans la vallée des Rois lors de la découverte", précise-t-elle. Sur le terrain, Marcelle Baud retrouve une camarade de classe, la Belge Marcelle Werbrouck, avec qui elle lie une amitié forte. C’est par son intermédiaire que la Française fait la connaissance de Jean Capart, le père de l’Égyptologie belge, avec qui elle collaborera de nombreuses fois. "Au musée Arts et Histoire de Bruxelles il y a tout une tombe qu’elle a refaite à échelle 1, qui est encore exposée", explique Camille Besse.

Marcelle Baud use de ses talents de dessinatrice en dehors de l’égyptologie. Toujours avec un crayon à la main, elle reproduit les paysages égyptiens, et les moments du quotidien. "Dans une deuxième partie de sa vie, elle s’est consacrée à l’aspect touristique en Égypte et organisait des visites guidées", indique Camille Besse.

Marcelle Baud connaît tellement bien la région que les éditions Hachettes la contactent pour la rédaction de son célèbre Guide Bleu. Le premier guide touristique paraîtra en 1950, avant une réédition en 1956.

Très attachée à l’Auvergne

Dans sa riche collection, on retrouve également de nombreux dessins représentant Besse ou des portraits d’Auvergnats. L’égyptologue a un lien fort avec le territoire de son père. En 1936, elle fait l’acquisition du château de Mailhat (commune de Lamontgie). Elle y passe ses étés, notamment avec sa dame de compagnie, Odile Vaissière, et surtout Marcelle Werbrouck.

Cette dernière décédera lors d’un séjour en 1959 et sera enterrée au cimetière de Mailhat, dans l’anonymat le plus total. Les années passent, et Marcelle Baud réduit la fréquence de ses voyages en Égypte. Elle s’installe de manière définitive à Mailhat où elle participe à la vie locale. Elle a notamment dessiné deux bannières pour la procession du 15 août de l’église du village. Elle s’éteint en 1987 à l’âge de 96 ans et sera enterrée à Issoire.

Gustave Pinard

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