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"On ne veut plus partir !" : le rêve olympique de ce groupe d'Australiens passe par un village du Perche

Depuis deux semaines, un groupe d’Australiens loge dans un gîte de Montigny-le-Chartif. La raison de leur installation dans ce village du Perche ? Ce sont de fervents supporters de leur équipe de water-polo féminine, qui est sélectionnée aux Jeux Olympiques de Paris.

Au dernier recensement, le paisible village de Montigny-le-Chartif comptait 593 habitants… auxquels il faut ajouter, depuis le 27 juillet, une trentaine de résidents australiens.

Se sont-ils perdus?? Pourquoi ont-ils traversé la planète pour se retrouver dans cette bourgade du Perche, située à quelques kilomètres d’Illiers-Combray?? C’est l’effet Jeux Olympiques, qui parcourt tout le territoire jusqu’à ce petit bout de campagne.

Pour mieux comprendre les raisons de ce voyage insolite, il faut mieux laisser la parole à Ross Andrews. Ce quinquagénaire très avenant semble toujours ravi de raconter son histoire, même tôt le matin, après une courte nuit. Il a laissé derrière lui sa vie de directeur financier à Brisbane le temps d’une parenthèse en immersion dans la vie rurale française pour aller encourager sa fille, Abby Andrews, 23 ans, membre de l’équipe féminine australienne de water-polo.

Quelle solution pour se loger??

"Il y a environ un an, j’ai commencé à organiser un voyage vers la France pour aller voir ma fille jouer, sans garantie qu’elle soit sélectionnée. Heureusement, à deux mois des J.O., sa participation a été confirmée?!".

Très motivé, Ross Andrews a cherché toutes les solutions pour se loger. "J’aurais planté ma tente en plein Paris pour aller encourager ma fille?!", plaisante-t-il. Mais au moment de consulter les prix des hôtels et hébergements sur Paris, il commence à déchanter. "Au départ, nous étions une petite dizaine, avant tout de la famille proche. Ça coûtait très cher, j’étais un peu désespéré."

"J’aurais planté ma tente en plein Paris pour aller encourager ma fille?!"

Comment faire pour que les prix baissent?? En partageant les coûts, tout simplement. Petit à petit, Ross Andrews imagine un projet qui dépasse allégrement les intentions de départ. Pourquoi, finalement, ne pas se déplacer en groupe?? Après tout, la France en été, pendant les Jeux Olympiques, ça ne se refuse pas…Les Australiens sont venus encourager Abby Andrews (au centre) de l'équipe de water-polo. Photo Ross Andrews. "Je me suis fait aider par une agence de voyages qui a trouvé un site". C’est la Villa du grand parc, à Montigny-le-Chartif, suffisamment grande pour accueillir tout ce beau monde.

À partir de là, les volontaires se font connaître : famille, amis… Finalement, une trentaine de personnes, de 3 à 86 ans, participent au voyage.  "Il y a eu beaucoup de déçus. Certains n’ont pas pu venir, mais il aurait fallu louer trois villas", confie l’organisateur de cette folle épopée. Une fois l’hébergement trouvé, d’autres questions affleurent. Comment aller à Paris, situé à près de 130 km?? "On est au milieu de nulle part?!", sourit Ross Andrews. Après avoir considéré le train - "pas pratique et cher", ou des trajets en Uber - improbables jusqu’à Montigny-le-Chartif - ce père passionné a trouvé la solution qu’il juge la plus simple : "Pourquoi pas louer un bus?!".

C’est donc avec ce moyen de locomotion que les fans d’Abby Andrews montent sur Paris à chaque fois que leur joueuse préférée dispute un match. Deux heures aller et autant en retour. "C’est un peu long", concède Ross Andrews, mais quand on aime… Autre motif d’inquiétude, tout aussi pressant : comment ces trente supporters vont-ils manger?? "On se débrouille, mais pas aussi bien que les Français?!", continue Ross Andrews, qui craignait un cauchemar logistique. Qui va faire les courses?? Qui sera de corvée de vaisselle?? Pour ne pas répondre à ces interrogations, le groupe s’offre donc les services d’un cuisinier français le temps de son séjour.

Le grand luxe?? "Pas tant que ça", rétorque cet homme habitué à manier les chiffres et qui n’a aucun mal à dévoiler son budget. "Cela coûte au total 2.000 € par personne tout compris pour seize jours sur place. C’est beaucoup moins cher qu’à Paris?!". Après ces longs mois de préparation, le pari est réussi. "On ne veut plus partir?!", clame Ross Andrews qui devra pourtant quitter le gîte avec tout le groupe lundi prochain, soit le lendemain de la clôture des Jeux. De leurs expériences parisiennes, les Australiens ne retirent que du positif. "Chaque matin, au petit-déjeuner, je vois que tout le monde est content d’être ici". Et ne lui parlez pas de la réputation de râleurs des Français. Là encore, il va à l’encontre des clichés.

Mont Saint-Michel et château de Versailles

"Tout le monde est adorable ici?! Un jour, nous avions perdu notre bus et les policiers nous ont aidés à le retrouver", s’enthousiasme Ross Andrews, avant de lancer un appel à l’aide. "J’encourage les organisateurs à venir en Australie, car nous accueillerons les Jeux Olympiques de 2032 à Brisbane. C’est dans huit ans, et rien n’a commencé, à cause de problèmes politiques et financiers", se désole-t-il.

Entre deux matches, les voyageurs se sont autorisés quelques visites de sites touristiques et patrimoniaux français, et notamment le Mémorial national australien de Villers-Bretonneux (Somme), où des milliers de soldats australiens sont morts pendant la Première Guerre mondiale.

"Nous avons tous ressenti une énorme émotion. C’était important d’y aller", se rappelle Ross Andrews.

Plus classiquement, le groupe est allé voir également le château de Versailles et le Mont Saint-Michel. Une architecture impossible à trouver en Australie. "Nous pensions être sur le plateau d’un film historique?!", plaisante Ross Andrews. À quelques jours du départ, il  se projette déjà plus loin… jusqu’à Los Angeles (États-Unis) pour les Jeux Olympiques de 2028. "Ma fille aura 27 ans, il est possible qu’elle y participe. Il faudra trouver une villa aussi belle et grande qu’ici?!". Mais c’est une autre aventure… 

Rémi Bonnet

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