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JO Paris 2024 : le Cameroun, mine d'or de l'haltérophilie française

JO Paris 2024 : le Cameroun, mine d'or de l'haltérophilie française

L’équipe de France d’haltérophilie pour les Jeux olympiques de Paris est composée de quatre athlètes, dont trois sont nés au Cameroun. Le dernier médaillé français aux JO, Vencelas Dabaya, était déjà originaire de ce pays. Un lien entre les deux nations qui est voué à perdurer.

En 2008, au Cameroun, une adolescente de 17 ans répondant au nom de Marie-Josèphe Fegue est devant la télévision pendant les Jeux olympiques de Pékin. Derrière l’écran se déroulent les épreuves d’haltérophilie. La jeune femme est obnubilée par ce qu’elle voit, et en particulier par un athlète : Vencelas Dabaya. Ce jour-là, celui qui évolue chez les moins de 69 kg est médaillé d’argent.

Comme elle, il est né au Cameroun, mais porte les couleurs de l’équipe de France. "C’est grâce à lui que je fais de l’haltérophilie. Je l’ai vu à la télé et j’ai été piqué par ce sport. J’ai voulu découvrir le mystère de ce mouvement. C’était beau et très bien exécuté", se souvient celle qui va participer aux Jeux de Paris sous le maillot tricolore ce vendredi 9 août (19 h 30), dans la catégorie des moins de 71 kg.

Marie-Josèphe Fegue, 33 ans et naturalisée en 2021, est l’une des trois haltérophiles sur quatre de l’équipe de France olympique à être née au Cameroun. "J’étais déjà performante au Cameroun, mais je n’avais pas tout ce qu’il fallait autour pour pouvoir arriver où je veux aller", explique celle qui s’était déjà qualifiée deux fois pour les JO, mais ne les avait jamais disputés. "Le fait d’être venue en France et d’avoir été naturalisée, c’est une nouvelle opportunité de réussir. Avec les conditions réunies, on peut aller loin. C’est ce que la France m’a donné", poursuit-elle.

Des conditions défavorables qui deviennent un atout en France

On touche là la principale raison pour laquelle les haltérophiles camerounais sont si nombreux en équipe de France. "Au niveau organisationnel, ça pêche un peu au Cameroun. Pour faire une grande carrière, il faut être bien entouré et que les choses soient bien organisées, structurées", détaille Bernardin Kingue Matam, qui était en lice ce jeudi 8 août chez les moins de 73 kg (neuvième avec 320 kg).

Lui aussi sait très bien de quoi il parle. Son grand frère, Samson N’Dicka Matam, est le premier haltérophile camerounais à être venu s’entraîner en France, grâce à une bourse olympique obtenue en 1991. Bernardin, né à Yaoundé, l’a imité en devenant Français en 2011, alors qu’il avait débuté sa carrière sous le maillot de son pays natal. 

"Ça m’a aidé à progresser, il y a une meilleure qualité d’entraînement, les infrastructures sont adéquates et tout ce qu’il y a autour, comme le staff médical, c’est vraiment bien. Ça fait la différence."

Vencelas Dabaya, devenu entraîneur adjoint de l’équipe de France et toujours dernier médaillé français aux Jeux olympiques dans la discipline, va dans le même sens que ses athlètes. Lui était porte-drapeau de son pays d’origine aux Jeux d’Athènes, en 2004. Dès 1999 il rejoint la France et obtient la nationalité en novembre 2004. "J’étais très ambitieux et j’ai vite compris que je ne pourrais pas progresser dans les conditions que je connaissais au Cameroun", expliquait-il récemment au Monde.

"C’est un sport très dur, qui demande un mental d’acier. Les conditions d’entraînement défavorables que connaissent les athlètes camerounais à leurs débuts, deviennent quelque chose qui leur sert quand ils arrivent en France", nous avançait-il en début de semaine. "On peut prendre ça comme un handicap au début, mais ça devient un atout au final. Il y a l’exemple de la Chine qui est la meilleure nation au monde. Ils commencent tous dans des conditions très difficiles, dans la campagne, et plus tard, ils deviennent les meilleurs."

Pour continuer de faire émerger des talents camerounais, une convention a été signée en août 2023 entre les fédérations française et camerounaise. Elle doit "développer les compétences sur le plan local. Le but est d’apporter les ressources nécessaires pour que les haltérophiles camerounais puissent se former sur place et ne soient pas obligés d’émigrer pour poursuivre leur formation", a livré au Monde Vencelas Dabaya. En attendant, France et Cameroun lui cherchent un successeur sur un podium olympique. Et si c’était pour ce vendredi ? 

Martin Lhôte

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