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À Pierre-Buffière, l'hôtel de La Providence, situé sur la RN20, a vu s'arrêter de nombreuses personnalités dans les années 1950 - 1960

À Pierre-Buffière, l'hôtel de La Providence, situé sur la RN20, a vu s'arrêter de nombreuses personnalités dans les années 1950 - 1960

Avant d’arriver en Corrèze la semaine prochaine pour la suite de notre série « Chroniques de la nationale 20 », dernier arrêt en Haute-Vienne aujourd’hui et plus précisément à Pierre-Buffière, au sud de Limoges, où, dans les années cinquante et soixante, l’hôtel de La Providence, porté par sa réputation, a vu s’arrêter de nombreuses personnalités (politiques, acteurs…) en transit sur la RN20.

La calligraphie n’était visiblement pas le fort de tous les clients de l’hôtel de La Providence à Pierre-Buffière. Mais si certains écrits sont difficilement déchiffrables dans leur entièreté, superlatifs et autres compliments élogieux parviennent, quand même, à se détacher des textes compilés dans le livre d’or de l’établissement.

C’est la Société historique et archéologique Briance-Breuilh-Ligoure (SHABBL) qui a eu la bonne idée de photocopier et de publier, en 2019, dans son Cahier historique n° 41, quelques-uns des meilleurs commentaires tirés du fameux livre d’or de La Providence, notamment ceux laissés par les nombreuses personnalités ayant fréquenté les lieux lorsqu’elles empruntaient la RN20 qui traversait Pierre-Buffière.

Plus de 800 dédicaces élogieuses

« Vous aviez Vincent Auriol (président sous la IVe République, de 1947 à 1954, N.D.L.R.) qui était, avec sa femme, un habitué quand il se rendait dans sa propriété à Muret (Haute-Garonne), détaille Alain Chamaud, président de la Société historique et archéologique Briance-Breuilh-Ligoure, ancien docteur et maire de Pierre-Buffière. Là, Pierre Dac, ici, Marcel Doret, célèbre aviateur, le journaliste Georges Briquet, l’acteur et réalisateur belge Raymond Rouleau et j’en passe. »

Se mêlent aussi, dans les signatures, d’anciens ministres français, des dignitaires étrangers (Haute-Volta, Pologne, Espagne…), de nombreux ambassadeurs, les grandes familles de porcelainiers de Limoges, etc. Au total, la société historique a recensé « plus de 800 dédicaces élogieuses ». Avec, à chaque fois, un petit mot pour la famille Sarre qui a tenu La Providence de 1933 jusqu’au début des années 1970.

« C’est mon arrière-grand-mère, Marie Sarre, qui avec son mari a créé l’hôtel de La Providence, retrace Marie-Anne Sarre, ayant ressorti, à l’occasion de notre entretien, de vieilles photos de famille. Puis ce sont les enfants, Georges et Jean, qui ont pris la suite. Georges était le cuisinier et Jean, surnommé “Jeantounnet”, le sommelier et le responsable des achats quand ma tante, Marie Sarre - qui portait le même nom que sa belle-mère - s’occupait de la réception des clients, la mise en place des tables, l’intendance… »

« À Pierre-Buffière, toujours bonne chère »

Marie-Anne Sarre n’était pas bien grande mais se souvient bien du « très très beau jardin derrière La Providence », des « plats signatures », de la « passion » de ses oncles et bien sûr de l’esprit familial des lieux. « Pierre-Buffière était traversée par la RN20 et La Providence était un restaurant qu’on nommerait, aujourd’hui, de gastronomique - même si, à l’époque, ce n’était pas leur truc - où se mêlaient des gens de passage, des habitués, des personnalités. Je dirais que La Providence, c’était une institution avec un esprit famille. Où on avait l’impression d’être chez soi. »

Et Marie-Anne Sarre de lister quelques plats « réputés » de l’établissement pierre-buffiérois : « La croustade avec des ris de veau, des blancs de poulet, des truffes avec une sauce que seul Georges savait faire. Il y avait également le tournedos Rossini, du gigot, de la truite aux amandes. Et en dessert, des plats très limousins comme des clafoutis, des flognardes et aussi des glaces qui ont laissé des souvenirs mémorables à tous les gens de Pierre-Buffière et d’ailleurs. Et je ne parle pas de la cave avec, quand même, de très grands crus. C’était ça La Providence : des plats simples et bons et du bon vin. »

De quoi donner tout le relief qu’elle mérite à la signature placée en Une du Cahier historique de la SHABBL : « À Pierre-Buffière, toujours bonne chère », avait ainsi bien résumé un client en 1952.

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Les viaducs ont dévié la traversée du bourg

Difficile de s’imaginer aujourd’hui, en laissant la vue sur le joli bourg de Pierre-Buffière depuis les viaducs de l’A20, que la commune a été l’un des « points noirs les plus tristement célèbres de France » à l’époque de la RN20.Pourtant, la traversée du bourg a longtemps été très délicate, notamment l’été : accrochages, accidents et surtout bouchons interminables. La faute à des rues sinueuses et un petit pont près de la gare pas simple à aborder.

Mais tout a changé avec la construction des viaducs au-dessus de la Briance et du Blanzou qui a permis de dévier le bourg. La présence du ministre des Transports Joël Le Theule, lors de l’inauguration des viaducs le 14 décembre 1979, montre à quel point cette déviation était attendue. Le chantier monstre, commencé en août 1977, aura duré vingt-neuf mois.

À voir et à manger...La Providence à Pierre-Buffière est désormais fermée. Labellisée Village étape, la commune accueille cependant, selon son site Internet, plusieurs hôtels et/ou restaurants comme, dans le bourg, le Logis Auberge Dupuytren, le café-restaurant-bar Au Fil du food ou encore Le Viaduc, situé à proximité de l’A20.

Jean-Adrien Truchassou

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