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De Mady Moreau à Fathi Madfoua, ils ont fait la fierté de la Creuse aux Jeux olympiques

Ce n’est pas une page d’un calendrier de pin-up importé de Californie. Mais bien la couverture d’un hebdomadaire parisien à 20 francs. Et la fille solaire n’arrive pas des plages de l’ouest des États-Unis mais bien du Sud de la Creuse où elle aime passer ses étés depuis son arrivée d’Indochine… Lorsque le photographe de sport, manifestement très influencé par l’imagerie américaine d’alors, immortalise Marie-Madeleine Moreau sur ce plongeoir en juin 1948, “Mady” est une athlète au sommet de son sport.

Championne d’Europe et argent olympique

Elle a eu 20 ans le mois d’avant et s’apprête à partir pour Londres, capitale de l’Empire britannique qui veut oublier le blitz en organisant les premiers Jeux olympiques depuis Berlin 1936. Née en Indochine dans le milieu colonial, Mady est rentrée en Métropole deux ans plus tôt, alors qu’une guerre s’achevait ici et qu’une autre commençait là-bas. L’une des premières photos d’elle, d’ailleurs, la montre aux côtés d’un général Leclerc détendu sur le pont d’un bateau à Hanoï, en marge d’une entrevue entre le militaire français et le leader vietnamien Hô Chi Minh. La jeune Mady lui est déjà présentée comme une championne de plongeon.

Elle s’aligne ainsi dès 1947 aux championnats d’Europe de natation, organisés à Monaco, où elle remporte le titre pour le plongeon à 3 mètres. La France a donc toutes les raisons de croire en elle lors de la 14e olympiade en Angleterre. C’est toutefois une contre-performance : elle n’arrive qu’à la 7e place. Tout cela manque sans doute de professionnalisme. C’est l’époque où il commence tout juste à se mettre en place. On prend conscience de paramètres tels la nutrition, la physiologie… On découvre la notion de programme d’entraînement, l’importance du matériel… Sur ce dernier point, une anecdote colle à la peau de l’affriolante Mady : elle a cassé l’une de ses bretelles sur un plongeon…

« Une plongeuse de grand style » pour Le Monde

Trêve de plaisanterie en août 1950 à Vienne, lorsque la sportive est, pour la deuxième fois, championne d’Europe de sa discipline. Le Monde, qui n’a que six ans, s’extasie alors : « La quatrième journée des championnats d’Europe a été marquée par plusieurs succès français, en premier lieu celui qu’obtint la nageuse Mady Moreau dans le plongeon au tremplin. Le drapeau tricolore a été hissé à trois reprises, dont une fois au mât central, pour la victoire de notre plongeuse de grand style et les secondes places remportées par sa camarade Nicole Pélissard et par l’équipe française dans l’épreuve de relais 4x200 mètres nage libre ».

De grand style, et désormais sur un tremplin pour participer à ses deuxième JO : Helsinki 1952. La Française remporte l’argent olympique, entre deux Américaines qui passent pour être les reines mondiales de la discipline. Tout le monde en France connaît désormais Mady Moreau, et d’ailleurs plus personnes n’utilise son vrai prénom. Elle est l’une des premières “stars” du sport hexagonal. En témoignent les nombreuses revues où elle figure que l’on trouve encore régulièrement dans les brocantes ou chez les bouquinistes.

Gymnase à Bourganeuf… et bientôt une piscine ?

Il faut dire que son histoire accompagne aussi une certaine évolution de la féminité, si ce n’est du féminisme. Il y a bien sûr ce corps revendiqué, assumé. C’était facile au bord des bassins. Il y a aussi un esprit libre, fort, exigeant. Mady aime profiter de la vie comme elle l’entend, fixer ses propres règles. Après son succès en Finlande, elle refuse de s’infliger d’autres olympiades. Elle refuse de passer d’autres plongeons si elle estime ne pas les maîtriser. Mariée à un médecin du Loiret, Mady délaisse la compétition. 

Pas la Creuse, où elle est revenue entre chaque voyage, et notamment l’été. Au Monteil-au-Vicomte, commune de ses racines, des travaux à l’église ont été financés avec l’argent d’un gala de plongeon qu’elle a organisé. Tandis que Bourganeuf donne son nom à un gymnase… Pourquoi pas à une piscine, à Aubusson, ou la future de Guéret ? À ce jour, Mady Moreau est la seule Creusoise médaillée aux JO. La seule Française médaillée en plongeon olympique.

Sources. Une grande partie des informations de ce dossier proviennent de l’ouvrage d’André Mavigner, La Creuse terre de champions, Lucien Souny, 2018.

Et aussi...Daniel Perigaud, Mexico 68Sélectionné en Equipe de France pour les Jeux olympiques de Mexico en 1968, le footballeur creusois Daniel Périgaud a mis l’un des dix buts marqués par les Bleus. Né à Bénévent en 1943, Daniel Périgaud est attaquant à l’Etoile des Sports de Montluçon de 1968 à 1977. Et c’est alors qu’il vient d’intégrer ce club qu’il est sélectionné pour partir en Amérique jouer la XIXe olympiade qui se tient à Mexico en octobre 1968. C’est la première fois qu’un pays en développement accueille les Jeux, édition restée célèbre notamment pour les deux poings levés des Afro-américains Tommie Smith et John Carlos, premier et troisième du 200 mètres. Coté foot, les Bleus battent la Guinée (3-1), le Mexique hôte (4-1), mais se heurtent à la Colombie (2-1). Puis échouent en quart face au… Japon (3-1) ! C’est la Hongrie qui emportera le tournoi face à la Bulgarie (4-1). Périgaud revient au pays auréolé de cette participation et d’un but mis lors du premier et seul match auquel il a participé (contre la Guinée). « Je n’ai fait que jouer au ballon », a-t-il toujours répété en Creusois modeste.

Fathi Madfoua, Rio 2016De la MJC de Fayolle aux plus grands rings du monde… Fathi Madfoua a marqué l’histoire de la boxe en France. Le Guérétois fut considéré comme le plus grand arbitre français de sa génération. Il a œuvré sur de très nombreuses compétitions internationales, à commencer par des championnats du monde en Chine en 2005, jusqu’aux Jeux olympiques de Rio en 2016. Une consécration, un Graal, pour ce surdoué qui s’est éteint trop tôt en 2018.

Qing du Briot, un cheval de Lussat à Rio 2016

 

Floris Bressyfloris.bressy@centrefrance.com

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