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Saint-Bonnet-près-Riom a rendu un vibrant hommage à ses morts pour les 80 ans de la Libération

C’est un jour spécial pour la commune de Saint-Bonnet-près-Riom : le 16 août marque le triste anniversaire de la fusillade du Creux du Rocher. Au matin du 16 août 1944, un groupe de treize combattants du Corps franc des Truands, unité de la Résistance, créée en 1942 et ayant servi à la bataille du Mont Mouchet en juin 1944, traverse le village et souhaite prendre en embuscade un convoi allemand censé passer par la route nationale 9.

Les deux vice-présidents du conseil départemental ont déposé une gerbe et ont salué les morts au Creux du Rocher.

Seulement, une fois arrivé au Creux du Rocher, les Truands sont pris de court par un convoi allemand d’une vingtaine de camions. Deux maquisards engagent la fusillade. La riposte est violente et le groupe résistant est à découvert et encerclé par l’ennemi.

Neuf Truands sont abattus, trois prennent la fuite et un dernier, blessé, est capturé par les soldats allemands. Un autre nom s’ajoute à la liste des victimes : celui de Michel Servol, vigneron, venu s’occuper de sa vigne alors plantée à proximité du Creux du Rocher, touché ce jour-là par une balle perdue.

Rendre hommage pour perpétuer le souvenir

Lors de la commémoration, le maire, Denis Rougeyron, ses adjoints, la sous-préfète Pascale Rodrigo, les vice-présidents du conseil départemental Jean-Philippe Peret et Stéphanie Flori-Dutour, ainsi que le président de l’association des anciens combattant de Riom, Pierre Cohade, ont rendu un hommage touchant.

Ils ont déposé une gerbe au monument aux morts situé sur les lieux de l’évènement, sur l’ancienne route nationale 9 : c’est le rituel annuel de la Ville pour faire perdurer la mémoire de ses victimes de la barbarie nazie autour de la stèle construite en leur honneur. Les porte-drapeaux du territoire ainsi que les musiciens du Réveil Bromontois ont eux aussi pris part à la cérémonie.

Après ce passage obligé au Creux du Rocher, tous se sont retrouvés à la salle multifonctionnelle près du stade municipal pour célébrer la mémoire de Michel Servol. En compagnie de ses descendants, les élus ont dévoilé une surprise : une plaque baptisant le bâtiment de son nom.

Des discours emplis d’émotions

Dans la salle, le maire, la sous-préfète et le petit-fils de Michel Servol,Gilles Philippe, se sont relayés au pupitre proclamant tour à tour un discours poignant.

Denis Rougeyron, après avoir conté l’histoire tragique de cet homme, au mauvais endroit au mauvais moment, insiste : "Aujourd’hui, le conseil municipal à l’unanimité, a décidé de donner le nom de Michel Servol à cette salle."

"C’est tout le pays qui doit se rassembler autour du souvenir de ceux qui ont lutté pour nos valeurs."

Il donne deux raisons à cela : "Premièrement, la "salle multifonctionnelle" n’était pas un nom très heureux. Mais surtout, ce monsieur n’avait jamais été honoré avant alors qu’il a donné sa vie, il était donc grand temps de l’honorer au nom du souvenir."

La plaque au nom de Michel Servol a été inauguré au son des clairons et du tambour du Réveil Bromontois.

La commémoration permet donc de se souvenir et de transmettre aux jeunes générations les histoires de cette époque ; un point sur lequel la sous-préfète Pascale Rodrigo a beaucoup insisté dans son discours rappelant qu’il est important que "tout le pays se rassemble autour des personnes qui ont lutté nos valeurs."

Elle remercie aussi "celles et ceux qui par leurs recherches historiques précisent les circonstances de la Libération de l’Auvergne, font revivre ses héros, sortent de l’anonymat les soldats de l’ombre et nous appellent au devoir de mémoire."

La mémoire des familles comme boussole

Gilles Philippe, petit-fils de Michel Servol, a partagé ses souvenirs familiaux avec émotion. La mémoire de son grand-père est toujours vive et suit sa famille depuis deux générations. Il se dit "heureux aujourd’hui" que son aïeul "puisse être reconnu et honoré".

Après avoir remercié la mairie pour cette action, il a abordé sa famille et l’émotion que suscite pour eux cette journée : "Tous les 16 août de chaque année resteront pour notre grand-mère et ses enfants, et ceci jusqu’à la fin de leur vie, une journée difficile à vivre, remplie d’émotions et d’une grande angoisse".

 Mais qu’est-il parti faire là-bas ? 

Ussel a commémoré sa libération

Avec toujours la même question : "Mais qu’est-il parti faire là-bas ?"Cette cérémonie a donc permis de "partager tous ses souvenirs". Le partage et le dialogue sont, pour certaines personnes, comme pour les descendants de Michel Servol, un moyen de panser les plaies familiales et de conjurer le traumatisme, souvent lourd à porter.

L'association des combattants de l'union française, menée par Patrick Marques, était présente en tant que porte-drapeau. Elle contribue au devoir de mémoire en officiant dans les écoles du territoire et en participant au Service National Universel.

Cet hommage et l’attribution de son nom à une salle communale sont donc une belle initiative de la mairie et un moyen efficace de faire connaître à la population, et surtout aux jeunes, l’histoire peu racontée de la ville, pour ne pas l’oublier.

 

Mathias Bernouin

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