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Pas de nostalgie à la boucherie de la Porte Barachaude : notre série sur l'ex-RN 20 pose ses bagages à Uzerche

Parmi les commerces actuels à Uzerche, rares sont ceux ayant traversé l’époque de la RN 20. C’est pourtant le cas de la boucherie de la Porte Barachaude, autrefois Maison Baron. L’enseigne a été créée en 1925 et a perduré tout un siècle, de propriétaire en propriétaire. Elle est aujourd’hui tenue par Ludovic Lage, qui y a travaillé à partir de 1991 et qui l’a racheté en 2008 à Daniel Baron.« C’était l’enfer », souffle Ludovic Lage, en contant les départs de vacances qui bloquaient complètement le bourg d’Uzerche.

Ludovic Lage, propriétaire de la boucherie depuis 2008.Si naïvement nous croyions qu’un tel afflux de voyageurs équivalait à une clientèle décuplée, le boucher-charcutier-traiteur nous détrompe. « Les bouchons étaient si denses que la plupart des gens ne prenaient pas la peine de descendre pour prendre le déjeuner ici… Ils auraient pris trop de retard. » Ces journées-là n’étaient que peu fructueuses pour l’enseigne, placée dans une ruelle au bord de l’ancienne route nationale. Tout l’inverse de certains hôtels de bord de route, aujourd’hui disparus, qui servaient jusqu’à deux cents petits-déjeuners par jour et qui vivaient de la RN 20, déplore le maire, Jean-Paul Grador.

Daniel Baron, ancien propriétaire de la boucherie, a été témoin des dangers de la nationale dans la ville. Son successeur et ancien apprenti raconte : « Dans la descente à l’entrée de ville, les freins d’un poids lourd ont lâché, et un autre poids lourd a dû s’interposer pour stopper sa course. Autrement, ç’aurait été un drame terrible avec toutes ces voitures… »

Une bouffée d’air

Ludovic Lage confie s’être fait du souci pour le commerce local quand l’autoroute a été ouverte, craignant que plus aucun touriste ne s’arrêterait. Mais ce fut le contraire. De nombreux clients lui ont confié enfin prendre le temps de visiter Uzerche, alors que la ville est libérée de ses longues files de voitures. Cet effet est doublement lié aux efforts faits par la commune pour mettre en valeur son patrimoine et sa culture. S’il ne regrette qu’une chose de l’arrivée de l’A20, c’est qu’elle a attiré en son bord plusieurs commerces, autrefois situés dans le village.

La boucherie Lage arbore toujours le nom La Porte Barachaude sur son enseigne.Pour le maire, Uzerche a toujours été un village étape entre Paris et l’Espagne, et ce depuis le Moyen-Âge. Il est donc dans sa nature d’être un carrefour de circulation, qui a cependant beaucoup bénéficié de l’arrivée de l’autoroute. L’élu, vivant tout proche de l’axe de circulation, confie être toujours surpris quand, la nuit, le silence règne. « À l’époque de la RN 20, il n’y avait jamais le silence… »

À voir et à manger... Entre deux rendez-vous, nos journalistes ont décidé de prendre un café non loin de la boucherie Lage. Coup de chance : face à la porte Bécharie se trouve le Café de France, ancien Hôtel de France, établissement incontournable de la perle du Limousin, ouvert au début du XXe  siècle. La jolie façade de pierre face à l’ex-RN 20 a vu passer bien des clients.

En 1914, les véhicules s’accumulaient déjà devant l’Hôtel de France, place Marie-Colein. Crédit : Arch. dép. de la Corrèze, 3Fi/987.

Uzerche, toujours vers l'avant

Depuis 2010, Uzerche fait partie du guide des 100 plus beaux détours de France. Un label qui met en valeur la commune, village étape dans sa chair.Si la commune d’Uzerche est dorénavant épargnée du chaos de la RN 20 au moment des vacances, elle a gardé son identité touristique. C’est pourquoi elle est triplement labellisée : cité remarquable du Guide Michelin, ville doublement fleurie et l’un des 100 plus beaux détours de France. Son riche patrimoine – dix monuments classés historiques – remplit les critères d’exclusivité pour s’y qualifier.

Mise en place des « lundis piétons »

Des audits ont lieu tous les quatre ans pour vérifier que les recommandations de la commission précédente ont été prises en compte. Cette fois-ci, il faut encourager la visite du centre historique. 

La commune teste ainsi cet été les « Lundis piétons, » qui restreignent l’accès aux véhicules motorisés au village historique les lundis. S’il y a toujours quelques réfractaires, la mesure semble satisfaire les Uzerchois, qui peuvent profiter d’un centre piéton. À l’opposé, donc, de l’époque RN 20 !

Claire Soulier

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