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En route pour une œnobalade sur le coteau de Boudes, du soleil couchant jusqu'au vin coulant dans les verres

Pas tout à fait à la belle étoile, mais à la belle lueur du jour qui décline, chaque jeudi soir de l’été, Annie Sauvat guide son groupe qui vient zigzaguer entre les ceps et les sarments de vigne. L’ancienne vigneronne qui a passé la main, ces dernières années, et cédé son domaine à un successeur, n’en finit pourtant pas d’arpenter les vignes du petit village connu pour son coteau délicieusement ensoleillé. 

 Elle en connaît les moindres recoins, sait sur quelles parcelles sont plantés les pieds de vignes parfois centenaires, désigne aux visiteurs, en les y conduisant, les terrasses sur lesquelles s’accrochent des grappes joufflues de Chardonnay (blanc) ou de Gamay (rouge et rosé).La balade commence alors que le jour décline et l'horizon devient mordoré...

Une longue hérédité insoupçonnée

"Vous savez, ce vignoble est très ancien. Les vins d’Auvergne sont connus depuis l’époque gallo-romaine", introduit Annie Sauvat face à son groupe, sûrement loin d’imaginer une telle hérédité. Pendant deux heures, la quinzaine de personnes va suivre sa présentation historique, géologique et bien sûr œnologique en arpentant les chemins et parcelles de Boudes.

Une occasion assez inédite d’en savoir davantage sur ce sol argilo-calcaire et basaltique, d’origine volcanique, un terroir chérit par le soleil qui, toujours, darde ses rayons généreux sur des vignes, un brin atypiques, encore souvent vendangées manuellement.

Je suis bavarde, mais surtout n’hésitez pas à me poser des questions…

s’interrompt la vigneronne alors qu’elle guide son public d’un soir près d’une nouvelle parcelle… "Quand est-ce que vous allez vendanger, ici ?" , la questionne Morgan, de Loire-Atlantique, venu assister à l’œnobalade avec sa femme, Marina et leurs deux enfants.

Le bon moment pour vendanger

Ah ! LA question, que tous les vignerons se posent sans doute dès la menace des Saints de Glace dissipée… Les vignes de Boudes n’ont d’ailleurs pas été épargnées par le gel, cette année !  "Ça dépend. De plein de choses"... Explications sur l'art délicat de la viticulture, à même les vignes. De la météo, bien sûr : celle de l'hiver dernier, du printemps, et aussi des derniers jours avant la vendange... Et surtout, il y a l’élément principal à considérer, c’est l’état de la matière première : le raisin. S’élancer pour vendanger, c’est déterminer la date optimale en fonction de la maturité physiologique, qui assure l’équilibre degré et acidité, et de la maturité phénolique qui, elle, détermine la qualité des tanins.

"L'an dernier, on a perdu 70 % de la récolte à cause du manque d'eau. Le stress hydrique a été terrible. Cette année, ça a été le gel. Les vignerons en ont ras-le-bol. Cette année, c'est très compliqué."

souffle Annie Sauvat, bien consciente que la nature a toujours le dernier mot. Annie Sauvat dévoile le coteau à forte pente qui s'épanouit sur un terroir argilo-calcaire.

À la recherche de l’aromatique du fruit

"Ces derniers temps, on a modifié nos critères pour la date des vendanges : on a choisi de vendanger plus tôt et de faire des crus moins alcoolisés. Pour aboutir à des vins de 11, 5°, plus légers… "

Avant, on faisait des vins à 14°, 14,5°, bien charpentés, bien alcoolisés, avec des macérations de près de 30 jours. Mais ce n’est plus le style de vinification que j’ai fait dernièrement…

Ce qui avait guidé l'ex-vigneronne : retrouver des aromatiques de fruits.

"Dans les vins plus alcoolisés, plus épais, on a des aromatiques de fruits mûrs et, quand on arrive à un certain degré, on ne sait plus vraiment l’aromatique du cépage… Moi, je veux qu’on retrouve son goût initial", défend-elle, en signant des vins plus légers, plus atypiques aussi.

La tendance est plutôt là. Ça ne plaît pas à tout le monde… mais ça correspond à des attentes de vins consommés lors des apéritifs dînatoires, par exemple, avec un côté frais, notammnt l'été.

"Des vins de copains", synthétise Christophe, venu de la Sarthe, avec sa compagne, Christine. Tout le groupe acquiesce, en portant à nouveau le verre jusqu'aux lèvres...

Là où tout commence... et où l'oenobalade finit

Après l'effort... le réconfort ! Les deux touristes, tombés sous le charme de l’Auvergne, écarquillent les yeux en terminant la visite des vignes, par une dégustation, au beau milieu de celles-ci. Dégustation qui débute sous les étoiles et avec des étoiles dans les yeux des participants à mesure qu’Annie remplit leur verre et tend les plateaux de fromages et de mets faits maison. A Boudes, on rêve debout ! L'oenobalade se termine dans les vignes de Boudes : Annie Sauvat sert les verres aux participants de la balade. 

Karine et ses copains, venus de Saint-Nazaire, immortalisent, avec leur smartphone, la vue, leur verre, la visite des vignes décidément savoureuse et surprenante.Souvenir d'une délicieuse soirée dans les vignes, à Boudes.

Marie-Edwige Hebrard

Pratique. Œnobalade, le jeudi soir dès 19 heures, dans les vignes : Balade + dégustation de deux vins : 20€/adulte ; 12€/enfant (dégustation d’un jus de fruit). Agapes à partager, sur place.Réservations : 06.18.70.93.81 ou ici.Durée : deux heures minimum. Prévoir des chaussures adaptées.

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