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Le mystérieux différend familial avait totalement dégénéré dans le Puy-de-Dôme

Malgré des questions répétées aux deux prévenus et à la victime, malgré plus de deux heures d’audience et une instruction minutieuse menée par le président du tribunal correctionnel clermontois, Stéphane Descorsiers, on ne saura sans doute jamais ce qui a provoqué le déferlement de violence survenu le 24 mars dernier, à Riom.

Ce dimanche-là, vers 10?h?35, boulevard de la République, dans le centre-ville riomois, une rixe éclate entre deux hommes, qui sont cousins germains et qu’un litige visiblement aussi ancien que mystérieux semble opposer.

Touché au cou et au thorax par des coups de sécateur

L’un d’eux, jeune livreur de pizzas dans une enseigne située dans cette même rue, est alors grièvement blessé avec une arme blanche brandie par le second belligérant, un père de famille de 39 ans, lui-même atteint à une paupière dans la bagarre. Le premier, touché au cou et au thorax, est transporté par une cliente de la pizzeria aux urgences du centre hospitalier riomois, où se rend également, de son côté, le possesseur de l’arme, dont il a toujours maintenu qu’il s’agissait d’un sécateur, acheté le matin même aux marchés aux Puces des Salins, à Clermont-Ferrand et destinés "à des travaux de jardinage" (1).

Les violences se prolongent devant les urgences

Alerté des faits par un coup de téléphone, c’est là que surgit le troisième protagoniste de cette histoire nébuleuse, le frère aîné, âgé de 29 ans, du jeune homme blessé à l’arme blanche (il s’était vu notifier quinze jours d’ITT).

En apercevant sur place l’agresseur présumé de son cadet, son sang ne fait qu’un tour : il s’empare d’une batte de base-ball rangée dans le coffre de sa voiture et tente de le frapper dans le sas d’entrée des urgences. Le trentenaire tente alors de se protéger des coups… en essayant de se servir d’une ambulancière – présente sur les lieux et totalement étrangère à ce différend familial – comme bouclier humain?! Celle-ci recevra au passage un coup de batte dans le flanc, lui occasionnant un jour d’ITT.

"En arrivant aux urgences, il ne savait pas qui venait d'agresser son frère. Il voulait juste savoir si celui-ci était encore en vie".

Face au tribunal correctionnel, les deux auteurs des violences (qui avaient été placés sous contrôle judiciaire juste après les faits) et la victime n’ont pas vraiment apporté d’éléments nouveaux au dossier, ce mercredi 21 août.

"Il y a trop de constructions intellectuelles dans ce dossier. On tente d'interpréter les faits et de faire croire qu'il y a un méchant d'un côté et un gentil de l'autre".

"L’homme au sécateur" a maintenu ne pas avoir voulu blesser le jeune homme, mais avoir simplement tenté de "[se] défendre".

Une thèse balayée, tant par l’avocat de la victime, Me Antoine Portal (2), pour qui "il y avait bien une volonté de tuer", que par la procureure de la République, Françoise Chadefaux-Gallay. "Tous les coups portés ont ciblé des zones vitales", a-t-elle insisté, tout en rappelant cependant que "l’intention homicide n’a pas été établie".

Le trentenaire a été condamné à deux ans de prison, dont un assorti d’un sursis probatoire pendant deux ans et le frère aîné de la victime, à un an de prison, dont six mois assortis, là aussi, d’un sursis probatoire pendant deux ans. Il devra aussi verser 2.000 euros de dommages et intérêts, au titre du préjudice moral, à l'ambulancière.

Christian Lefèvre

(1) Cette arme, qui pourrait également être un couteau, selon un témoin, n’a jamais été retrouvée.

(2) L’ambulancière était représentée par Me Laurent Rauzier.

Audience sur intérêts civils. Le tribunal a ordonné, mercredi, que la victime fasse l'objet d'une expertise médicale. Une audience sur intérêts civils, en avril 2025, permettra ensuite de fixer le montant des dédommagements qui devront lui être versés par son agresseur. En attendant, ce dernier devra lui verser une provision de 5.000 euros.

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