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À Charroux, le 365 Jours entend bousculer le quotidien

Une alchimie. Trois corps de ferme délabrés à Charroux, seule commune de l’Allier labellisée parmi Les Plus beaux villages de France, l’envie de se lancer dans un nouveau projet en équipe et quatorze longs mois de travaux plus tard, voilà la maison 365 Jours. Un nom symbolique, qui n’est pas sans rappeler le temps nécessaire à la Terre pour faire le tour du soleil et, par là même, toutes les occasions de passer à table.

Transparence

Sur cette planète culinaire, siège un plateau, taillé dans le chêne de la forêt de Tronçais par un ébéniste-menuisier de Beaune-d’Allier, sur lequel sont disposés des bocaux contenant les différents plats au menu, cuisinés avec des produits locaux. Se libérant de l’assiette, le 365 Jours joue volontairement sur une double transparence, celle du verre et des producteurs dont les noms figurent sur une carte remise aux hôtes du jour.

Un espace boutique avec des confections artisanales, une cave à vin et une cave à fromage, le brunch pris le dimanche, un salon de thé composent la partition de l’établissement, qui se prépare aussi à ouvrir un restaurant gastronomique d’ici la fin de l’année.

En cuisine, en salle ou en terrasse, deux couples s’affairent. Le premier était encore en 2022 aux commandes du Bus 26, véhicule gastronomique sillonnant les routes du Puy-de-Dôme et de l’Allier. Le second, à la tête du Comptoir des Colettes, à Coutansouze. Chaque histoire a trouvé son épilogue pour en débuter une autre.

Ensemble, Mélina et Charles Moncouyoux, Élodie Dutel et Nicolas Mauger ont partagé les idées, les doutes, les travaux, la poussière, afin de créer un nouvel outil. Durable, car le verre des bocaux est réutilisable à l’infini et les produits locaux ne manquent pas. L’eau pétillante n’est pas servie en bouteille à table, mais gazéifiée sur place.

« Premières amours »

« Nous ne sommes pas des donneurs de leçons, affirme Charles Moncouyoux. On a envie de consommer et de faire consommer comme cela. » Pour le citron, « attendre le corse ». Être « jusqu’au-boutiste », en proposant un menu en dessous du tarif de 30 €. « On veut s’adresser à tout le monde : l’ouvrier, les familles, le notaire… », souligne Nicolas Mauger. Le champ d’approvisionnement sera plus large et moins restrictif au gastronomique.

« On est content parce qu’on revient à nos premières amours. Le Bus 26 a été une maison magique, mais on savait qu’on passerait un jour à autre chose », explique Mélina Moncouyoux qui avait songé avec son mari à ouvrir un restaurant conventionnel avant de se lancer dans cette aventure itinérante en 2015.

Le rêve prend corps à Charroux depuis le mois de juillet, moyennant un investissement total de 2,5 millions d’€. « Il aurait été plus facile pour nous de nous installer près d’une ville », estiment les gérants qui veulent faire entendre leur voix « pour que le territoire aide un peu plus les jeunes entrepreneurs ».

Quatre trajectoires =>> Bourbonnais, Charles Moncouyoux a fait son apprentissage en alternance chez Régis Marcon à Saint-Bonnet-le-Froid, avant de devenir le second de cuisine du chef Philippe Brun à Alleyras (Haute-Loire). En 2005, il participe au Bocuse d’or pour assister Serge Vieira, qui remporte ce concours et ouvre plus tard sa propre maison à Chaudes-Aigues (Cantal). Native de la Sarthe et maître d’hôtel, Mélina a rejoint l’Auvergne en 2004 pour travailler chez Régis Marcon. Originaire de Saint-Étienne et architecte de formation, Élodie Dutel a tenu Le Comptoir des Colettes, à Coutansouze, dans l’Allier, avec Nicolas Mauger. Le Normand, devenu cuisinier, était arrivé en Auvergne à l’adolescence.

Estelle Dissay

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