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"Par curiosité, on a eu envie d’en savoir plus" : une lettre datant de 1801 retrouvée dans un grenier à Thiers

Le document est écrit à la plume sur une feuille plutôt bien conservée. Les lettres sont arrondies et l’écriture soignée. "Par contre, il faut faire abstraction des fautes d’orthographe, c’est quasiment de la phonétique", sourit Florence Grangeponte, la responsable des archives municipales de la Ville de Thiers.

Une correspondance entre deux soldats

La lettre qu’elle étudie minutieusement à la loupe a été trouvée il y a quelques semaines dans le grenier de l’un des appartements de la place du Pirou, à Thiers. Bertrand et Jean-Robert Vieuge sont tombés dessus alors qu’ils rénovaient ce bien dont le frère cadet, Bertrand, est devenu propriétaire il y a peu. Le papier était glissé entre deux poutres, "comme s‘il avait été caché". Sur le cachet, on lit "14 Nivose an IX". Traduction : 4 janvier 1801. "C’est toujours étonnant de tomber sur des documents aussi anciens. Par curiosité, on a envie d’en savoir plus", sourit celui qui a investi dans ce pied-à-terre à Thiers, pour se rapprocher de son frère.

En essayant de déchiffrer, tous les deux comprennent que la lettre a été expédiée par un jeune conscrit enrôlé dans l’armée du Rhin. Le soldat s’adresse à Charles-Laurent Bernard, visiblement un compagnon d’armes. Le jeune homme, imprimeur-libraire à Thiers, semble se trouver à l’hôpital à cette époque. "Restez le plus longtemps qu’il vous sera possible", lui conseille son ami dans ses écrits.

Un appel sur Facebook 

Certains passages sont plus difficiles à traduire. Les deux frères ont donc tenté de partager leur trouvaille sur un groupe Facebook local. L’un des membres resté anonyme semble avoir fait des recherches et a livré une analyse encore plus précise. "Le jeune Bernard a participé à la bataille de Marengo le 14 juin 1800 dans le Piémont italien et d’après la lettre. On peut supposer que les deux jeunes gens ont pu devenir amis lors de cette campagne en Italie." Dans la correspondance, le vouvoiement est de mise, mais aussi la multiplication des mots d’affection. Il y a l’expression renouvelée de son amitié et aussi "des sentiments assez divers et même contradictoires entre la joie de découvrir de nouveaux horizons et la confrontation parfois rude avec la discipline militaire ou la conscience des risques encourus", poursuit-il dans son commentaire.

L’expéditeur de la lettre fait d’ailleurs une description complète de son équipement. Il évoque "son casque", "son sabre", et "sa culotte". "Il appartient sans doute à la petite bourgeoisie ou à une famille d’artisans", traduit l’internaute.

En attendant d’en savoir plus, les propriétaires de l’appartement qui ont découvert cet écrit d’un autre siècle ont décidé d’en prendre soin et de le conserver le plus longtemps possible. La lettre a été mise sous verre, accrochée au mur devant la poutre où elle a été découverte. "Elle était là avant nous et continuera d’appartenir à cette maison", assure Bertrand Vieuge, tel un gardien d’histoire.

Angèle Broquère

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