2024, une mauvaise année pour la récolte de myrtilles sauvages dans le Puy-de-Dôme
"D’habitude, une tonne de myrtilles est en vente à la Fête de la myrtille, chaque année, le 15 août, au col du Béal. Cette année, c’était seulement 200 kilos. Normalement, on compte aussi quatre stands de vente. Cette année, il n’y en avait qu’un". Le constat sur la récolte 2024 dans le Puy-de-Dôme est amer pour Séverine Malhière, coprésidente du Collectif myrtille sauvage du Forez.
La veille de l’événement, on est même remonté en montagne le soir pour être sûr d’en avoir assez pour la tarte géante.
Une tarte à la myrtille géante a été réalisée pour les 40 ans de la Fête de la myrtille, le 15 août 2024 au Col du Béal, à Saint-Pierre-la-Bourlhonne. Photo Lydia Reynaud. L’association s’est formée officiellement en décembre 2023 pour valoriser et sauvegarder la ressource myrtille sauvage. Pour cet été, elle signale un volume de myrtilles sauvages qui s’est réduit comme peau de chagrin.Un constat lié tout d’abord à des conditions météo défavorables. "En début d’année, nous avons eu de la neige et du gel, puis un coup de chaud au printemps, suivi de pluie et de froid, où la myrtille était en pleine période de fructification. Du coup, elle a eu du mal à mûrir. Après ce froid, il y a eu trois semaines de sécheresse, avec des températures à 35 °C et plus. Ces gros écarts de température ont été dommageables pour les fruits. Là où la récolte aurait dû être bonne, la myrtille était toute petite, n’ayant eu le temps ni de grossir ni de mûrir", déplore Séverine.
La fête de la myrtille sauvage a soufflé ses 40 bougies avec une tarte géante
50 % des zones de cueillette impactés par la drosophileDeuxième incriminée dans cette maigre récolte : la drosophile, communément appelée "mouche des fruits", insecte ravageur. "Elle pond son ver dans le fruit, et ce dernier le détruit. En fait, cela donne des fruits trop mûrs et écrabouillés à la cueillette. Cela fait presque de la confiture ".L’an dernier, le Collectif a observé sa présence sur quelques parcelles, dans la Loire. "Cette année, dans ce département, 95 % des zones propices à la cueillette sont touchées par la drosophile. Dans le Puy-de-Dôme, ce sont 50 % des zones qui sont impactées".
Une mouche drosophile (Drosophila suzukii) sur une framboise. Photo L'Éveil de la Haute-Loire.
On a constaté que ces insectes gagnent du terrain chaque année. Notamment avec les épisodes récurrents de sécheresse
Sensibiliser aux bonnes pratiques de récolteUn autre facteur, plus insidieux, explique la pénurie de cette année : la cueillette “à la sauvage”. "Début et mi-juillet, certaines personnes ont ramassé les myrtilles avant la date d’ouverture de la cueillette, généralement le premier week-end d’août. Résultat : dans trois quarts de leurs seaux, les billes étaient trop petites et pas assez mûres. C’est la vraie ruée vers l’or bleu et tous les départements sont en pénurie".
Le Collectif tient aussi à sensibiliser sur les bonnes pratiques de cueillette auprès du public. Et mène des essais parcellaires pour pérenniser la ressource.
Claire Plisson