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Alain Delon n’était pas que beau !

L’acteur français était connu pour sa beauté mais il n’était pas que beau. Celui qui a su le mettre en scène le mieux, c’est le génial Luchino Visconti. Le billet de Philippe Bilger.


C’est entendu, Alain Delon était d’une incroyable, d’une indépassable beauté. Il appartenait à cette catégorie d’êtres qui apparaissent, tels des miracles, dans notre monde humain, tellement hors concours sur le plan esthétique que nul, aussi séduisant qu’il puisse se trouver, n’aurait risqué le ridicule de se comparer à lui.

Mais cette beauté, venue comme un don, une grâce, surgie des mystères de l’hérédité, il n’en était pas responsable. Elle lui a permis d’assouvir aisément, naturellement sa passion des femmes qui, tout au long de sa vie, ont succombé à son apparence mais pas seulement à cette magnifique superficialité. Ce serait une grave erreur que de réduire ainsi Alain Delon qui demeurera dans la mémoire et le cœur de beaucoup de ses admirateurs pour l’acteur génial qu’il a su être quand des réalisateurs de haute volée ont tiré le meilleur de lui-même.

Alain Delon est aussi ce qu’on en a fait

Pour ma part, j’ai toujours préféré au Delon marmoréen de Jean-Pierre Melville le Delon élégant, charmant, en mouvement, très expressif, du Guépard et dans un autre registre de Rocco et ses frères. Luchino Visconti est sans doute, à cause de son immense personnalité toute de finesse, de compréhension, d’empathie et de culture, le metteur en scène qui a le mieux appréhendé ce qu’Alain Delon avait d’unique. Grâce à lui, il a échappé à sa propre caricature, exploitant au contraire à fond sa spontanéité et cette fabuleuse aisance face à la caméra. Joseph Losey, René Clément et Jean-Pierre Melville (autrement) ont réussi aussi, et d’autres également dans des films plus ordinaires, à donner à Alain Delon l’écrin technique et dramatique dont il avait besoin pour irradier.

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Il importe qu’on n’oublie pas l’essentiel chez Alain Delon : venu au cinéma par amour pour une femme qui le lui avait demandé, il a édifié une carrière qui a fait de lui un monstre sacré parce que, derrière toutes ses représentations, il y avait cette étincelle d’identité qui constitue le comédien unique. Monstre sacré mais aussi, d’une certaine manière, sacré monstre, tant, dans les mille péripéties d’une existence bien remplie, heureuse parfois, sombre souvent, Alain Delon s’est toujours présenté tel qu’il était avec cette de roideur élégante, désinvolte, paradoxale, provocatrice, courageuse, patriote. On s’est parfois moqué de lui avec cette dérision qui n’était que le masque aigre de la jalousie. Trop de dons, trop de succès, trop d’aura ! J’ai par exemple toujours apprécié chez lui son caractère qui, contre tous les progressistes, l’a incité à mettre en avant son amour de la France – il l’a démontré par sa générosité ciblée – et de la vie militaire puisqu’il a affirmé que la meilleure période de son existence avait été son engagement. Oui, Alain Delon était beau mais il a été bien plus que cela !

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