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Que se passe-t-il derrière les grilles du plus gros centre de recherche de Limagrain, à Chappes ?

Considérée comme une « belle entreprise », Limagrain est aussi une entreprise qui reste méconnue, concède Sébastien Vidal, son président. Il est vrai qu’il est exceptionnel pour le grand public de pénétrer à l’intérieur de ses infrastructures, pour des raisons de sécurité. Une soixantaine d’acteurs du monde politique et économique ont pu découvrir les coulisses de son plus grand centre de recherche, à Chappes, à l’occasion des Rencontres de Limagrain organisées chaque année.

314 millions en 2024

Depuis septembre 2012, 420 permanents de douze nationalités travaillent dans ces locaux au quotidien pour améliorer les variétés et leurs capacités d’adaptation : agronomes, généticiens, sélectionneurs, mathématiciens ou encore informaticiens. Les effectifs du site peuvent monter jusqu’à 600, avec l’emploi de techniciens saisonniers.

« 301 millions d’euros ont été consacrés à la recherche l’an dernier, soit 13 % de notre chiffre d’affaires global. Cela nous place au même niveau d’investissements que les secteurs de pointe tels que l’industrie ou le secteur pharmaceutique. »

Le niveau d’investissement pour la recherche et le développement a encore augmenté en 2024, pour atteindre les 315 millions d’euros.

Blés

Sous une serre, des équipes observent minutieusement des épis de blé. On y trouve principalement ce qu’elles appellent des « F1 et des F2 ». Elles ont en fait sélectionné deux parents, dont les qualités complémentaires sont ensuite combinées dans leur descendance. Les étamines - organes mâles - ont été retirées d’un épi, et sont ensuite fécondées par le pollen d’une autre plante.

À l’issue de la première année, les équipes de plusieurs centaines d’individus issus de ce croisement, vont, au fur et à mesure, identifier les individus les plus intéressants. À la troisième année, les blés sortent des tunnels pour rejoindre les champs, afin d’observer leur adaptation aux conditions climatiques comme au milieu. Il faudra entre huit et douze ans pour créer une nouvelle variété.

Limagrain a inauguré son centre de recherche de Chappes en 2012. C’est le plus grand. Le groupe déploie plus de 100 centres de recherche partout dans le monde. Ils regroupent près de 2.200 collaborateurs. Chappes compte jusqu’à 600 personnes, avec l’emploi de techniciens saisonniers.

Création variétale

La création variétale est un processus complexe, dont l’enjeu consiste à trouver quelles plantes croiser ensemble pour créer de nouvelles variétés permettant de répondre aux défis de l’agriculture. L’objectif est d’offrir à toutes les agricultures, sur tous les continents, la capacité de produire plus et de produire mieux.

Pour ce faire, les équipes de Limagrain doivent pouvoir identifier la combinaison génétique qui répondra le mieux aux critères recherchés. Elles vont alors observer les caractéristiques physiques des plantes (précocité, rendement, résistance aux maladies, tolérance à la sécheresse, aux extrêmes de températures…), collecter puis analyser ces données. Plusieurs milliards de données arrivent ainsi dans les bases de données de Limagrain chaque année et permettent aux équipes de prédire les caractéristiques de nouvelles variétés.

Equipes

Une trentaine de personnes travaillent sur l’analyse de ces données ; un tiers d’entre elles ont un doctorat. Une équipe informatique est en charge du développement d’interfaces mais aussi de la sécurisation de ces données. Au sein du centre de recherche de Chappes, 50 personnes travaillent également dans la plateforme analyse moléculaire qui permet d’étudier le génome des plantes.Ce laboratoire est au service de l’ensemble des activités de recherche du groupe. Parmi ses principales missions : analyser les plantes issues des programmes de recherche réalisés partout dans le monde ou encore contrôler la conformité et la qualité d’une variété commercialisée par le groupe. Plusieurs millions d’échantillons sont ainsi traités à Chappes, toutes espèces confondues. Les équipes travaillent sur 28 espèces pour 30 pays du monde. Ici, la matière première sur laquelle on travaille, c’est l’ADN, extrait à partir d’échantillons de grain ou de feuille.

Limagrain dispose d’une base génétique large d’environ 6.000 variétés. Le groupe conduit des programmes de sélection sur 58 espèces, dont 46 en potagères, « soit le portefeuille le plus diversifié parmi les grands semenciers ».

Texte : Gaëlle Chazal

Photos : Francis Campagnoni

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