Handisport : la Creuse peut mieux faire

La société de tir sportif de Guéret accueille depuis plusieurs années des personnes qui ont un handicap moteur. Les locaux de Saint-Sulpice-le-Guérétois sont accessibles. Côté matériel aussi, des solutions sont proposées. « Nous avons des adaptations pour tenir les armes en cas de handicap au niveau des membres supérieurs, indique Christian Bailly, le président de l’association. En plus, il peut y avoir une tierce personne pour mettre les plombs. »

La société de tir est l’un des clubs sportifs de Creuse à être labellisé « Valides-handicapés : pour une pratique sportive partagée ». Elle compte un licencié en para-tir, Joël Tribet, qui se qualifie régulièrement aux championnats de France en carabine à plombs 10 mètres et carabine 22 long rifle à 50 mètres. « Il s’entraîne en même temps que les valides. Nous l’aidons à s’installer et après il est autonome. Il tire assis sur un tabouret », ajoute Christian Bailly, qui est arbitre international en tir sportif et para-tir.

Un label régional  « Valides-handicapés »

D’autres associations creusoises accueillent des personnes en situation de handicap et ont le label régional « Valides-handicapés ». On peut notamment citer Husk’in Creuse (chiens de traîneau), le Paradis de Pablo (équitation) et l’association courtinoise sport culture. Des clubs de tennis (Felletin, Guéret) sont aussi engagés dans la démarche. Les personnes en situation de handicap y pratiquent avec les valides. Il n’existe pas de club handisport en Creuse, ni de comité départemental handisport.Photo d'illustration Jérémie Fulleringer 

De nombreuses activités sont proposées dans les structures creusoises d’accompagnement pour personnes handicapées. Elles ont d’ailleurs souvent un éducateur sportif dédié.

L’Ufolep de la Creuse intervient toutes les semaines dans les IME et les MAS (*), que ce soit pour du handisport (handicap moteur ou sensoriel) ou du sport adapté (handicap mental ou psychique). « Ce qu’on nous demande beaucoup, c’est du maintien de l’autonomie, indique Benoît Brissaud, éducateur sportif à l’Ufolep. Nous adaptons les sports que tout le monde connaît en fonction des capacités. Pour les personnes un peu plus vaillantes, nous faisons du cécifoot, du basket fauteuil, de la joëlette… Nous leur proposons un sport différent à chaque séance. »

L’association Siel bleu se rend également dans les MAS et les foyers du département pour proposer de l’activité physique adaptée. Il ne s’agit pas de sport à proprement parler. « Nous sommes sur le versant prévention et santé », indique la responsable de Siel bleu Creuse.

Un projet de cours handisports de tennis de table

Benoît Brissaud a en projet de créer des cours handisports de tennis de table avec le club de Guéret. « Il y a de la demande dans les établissements, mais ce qui est compliqué c’est toute l’organisation à mettre en place derrière pour bien les accueillir. »

La logistique complexe, c’est peut-être une raison qui explique l’absence de club handisport en Creuse. « On a déjà du mal à trouver des bénévoles pour encadrer des personnes lambda, note l’éducateur sportif de l’Ufolep. Alors intervenir auprès de personnes en situation de handicap, c’est bien spécifique. »

Handisport et sport adaptéOn parle de sport adapté pour les personnes qui ont un handicap mental, psychique ou atteintes d’autisme, tandis que le handisport concerne les personnes présentant un handicap physique ou sensoriel.

Le Comité départemental olympique et sportif (CDOS) aimerait développer le handisport en Creuse. « Nous sommes en contact étroit avec le comité paralympique au niveau régional, à Bordeaux, pour pouvoir dans un premier temps faire un état des lieux des besoins, indique Françoise Capazza, la présidente du CDOS de la Creuse. Il y a des clubs qui potentiellement souhaitent accueillir des personnes en situation de handicap. Il y en a aussi qui reçoivent déjà des personnes handicapées mais dont nous ne sommes pas informés. »

Bientôt une formation “club inclusif”

Le Comité départemental olympique et sportif souhaite lancer en Creuse une formation “club inclusif”, avec le Comité paralympique et sportif français (CPSF). Destinée aux associations primo accueillantes, elle pourrait avoir lieu au début de l’année 2025, avec le soutien de l’État, du Département et de la communauté 360.Photo d'illustration Richard Brunel

La présidente du CDOS soutient le développement des clubs inclusifs. « De mon point de vue, il faut encourager la pratique partagée », insiste Françoise Capazza. C’est également l’avis d’Alban Miceli, le directeur du comité régional handisport de Nouvelle-Aquitaine : « Nous avons le projet de mettre en place un comité départemental handisport en Creuse. L’idée est de partir des pratiquants, des centres spécialisés, pour venir alimenter des clubs existants, plutôt que de créer des clubs. »

Un club handisport émergera-t-il en Creuse dans les années à venir ? « On verra. Le souci dans le département, ce sont les distances et les difficultés de déplacement, relève Françoise Capazza. Si on a un club juste à côté, c’est facilitateur. Sinon, c’est compliqué, d’autant plus pour une personne handicapée. » 

(*) IME : institut médico-éducatif.  MAS : maison d’accueil spécialisée.

Pratique. Pour connaître les structures para-sportives près de chez vous, vous pouvez consulter le Handi guide des sports : www.handiguide.sports.gouv.fr

Un comité de sport adapté actif en CreuseSi le handisport est encore peu présent dans le département, le sport adapté est un peu plus développé. Un comité départemental de sport adapté existe en Creuse. « Il y a cinq clubs de sport adapté en Creuse, avec du sport loisir et du sport compétition », indique le président. Ils sont intégrés au sein de clubs « classiques ». Le comité départemental de sport adapté est actif : il coordonne la vie des clubs, organise des journées découvertes et des activités. Il soutient aussi les associations qui veulent accueillir des personnes en situation de handicap. C’est par exemple le cas avec l’Entente sportive guérétoise. Le club va en effet créer une section para-foot adapté.

Textes : Catherine Perrot

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