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Rock en Seine 2024 : une 20e édition olympique !

Organisé pour la première fois depuis 2003 sur cinq jours consécutifs, Rock en Seine avait ouvert, mercredi 21 août, sa 20e édition avec la superstar américaine Lana Del Rey devant plus de 40 000 personnes en pleine communion, avant de la clôturer, dimanche 25 août, avec le show renversant de LCD Soundsystem en apothéose finale, précédé du passage de la flamme paralympique. Retour sur cinq jours et autant de journées/soirées de concerts, entre prestations mémorables, confirmations attendues et découvertes prometteuses. Une 20e édition parmi les meilleures dans l’histoire de Rock en Seine.

Jeudi 22 août

The Last Dinner Party, ouverture baroque
À l’heure de l’ouverture, ce jeudi sur la Grande Scène, le quintette londonien entrait en jeu pour leur concert à Rock en Seine, et le public était déjà là, les bras levés à écouter le groupe qui a tout raflé cette année. La chanteuse Abigail Morris, tourbillonnant dans sa robe victorienne et brandissant le drapeau LGBTQI+, débitait de sa voix douce et puissante les morceaux de Prelude to Ecstasy (2024), leur premier album acclamé. Après une reprise de l’intemporel Call Me de Blondie, et une invitation à fêter l’anniversaire de la claviériste Aurora Nishevci, on chantait en chœur sur Nothing Matters. The Last Dinner Party est reparti sous les acclamations des fans réjoui·es d’avoir pu partager un instant avec l’étoile londonienne. EB

The Hives brûle toujours
À 40 ans bien tapés, les membres de The Hives faisaient leur grand retour sur la main stage de Rock en Seine pour prouver au festival parisien qu’ils n’avaient rien perdu de leur superbe. Dans un concert mené à la baguette par Howlin’ Pelle Almqvist – entre Mr. Loyal et le sergent instructeur Hartman de Full Metal Jacket –, la formation suédoise aux trente années de carrière s’est montrée à la hauteur de sa réputation. Dans une sorte de version terminale de ce que pourrait offrir le rock garage à grande échelle sans être dévoyé (du garage-rock de stade en somme), les auteurs de Veni Vidi Vicious ont livré, entre éructations punk et riffs impériaux, le concert le plus génialement débile de cette édition. Un sommet de plaisir régressif conclut sur l’infatigable Tick Tick Boom. TD

Gossip, vrai pouvoir
Dans le genre des groupes au pouvoir d’attraction intact à la manière de The Hives, la formation emmenée par l’illustre Beth Ditto a fait plus que tenir son rang sur la scène Cascade de Rock en Seine. Sur un mode rigolard, elle enchaîne accident de perruque – faisant traîner en longueur le hit planétaire Heavy Cross–, interpolation du Smells Like Teen Spirit de Nirvana sur Standing in the Way of Control, tentatives (vraiment) infructueuses de parler en français, avant un ultime bain de foule chaotique au possible où Beth tente, tant bien que mal, de faire entendre une reprise a cappella de L’Homme à la moto d’Édith Piaf. On n’en attendait pas moins d’un des groupes les plus attachants du rock américain des dernières décennies. TD

The Psychotic Monks, beauté fractale
Une scène pavoisée de drapeaux : l’un aux couleurs des fiertés transgenres, l’autre à celles de la Palestine. C’est dans ce décor que les Psychotic Monks nous ont asséné, comme à leur habitude, cette sorte de claque incantatoire dont iels seul·es ont le secret. Déroulant le fil bruitiste de leur album Pink Colour Surgery (2023), le groupe n’a pas omis de rappeler la force de ses engagements politiques et de dénoncer les crises qui s’amoncellent. Sans jamais se démettre de cette pleine attention envers son public, enveloppée de chaleur, nous priant de “continuer à danser, et à vivre”. LL

Vendredi 23 août

Rallye, l’autoroute du succès
Une musique qu’on pensait presque intraduisible en live – du rock affranchi du rock, chassant sur les territoires de la variété française, de Phoenix mais aussi de la scène pop française radicale (Timothée Joly, Éloi ou même Yelle…). Les cinq roues du carrosse Rallye ont fait honneur à leur réputation sur disque. Catapulté dans le cadre du Club Avant Seine sur la scène Bosquet, à l’heure où les premier·ères festivalier·ères font leur entrée, le groupe parisien a fait étal de la force évocatrice de ses morceaux à l’écriture confondante, mais boostée par un live fracassant qui enchaîne nouveaux morceaux, reprise du Parfum des filles du pote Timothée Joly ou premiers succès (sublime Théorème en clôture) avec l’émotion non dissimulée du premier concert durant l’un des plus gros festivals de France. TD

Loyle Carner, gendre idéal
Fort d’une place toute particulière dans le rap anglais (ni grime, ni drill, ni exposé comme son compatriote Dave), le rappeur de 29 ans s’est illustré dans une performance humble et dépouillée. Profitant de son backing-band (une rareté dans les concerts rap), il y déploie sa musique d’obédience boom-bap de la plus belle des manières pour ce fan invétéré de Madlib (avec qui il a collaboré sur un morceau). Avec une déconcertante facilité mâtinée d’une surprise non-feinte face aux milliers de festivalier·ères venu·es là sans crier gare, Loyle Carner a déroulé doutes et appels à la positivité sur les loops jazz chères à son cœur. Touchant de simplicité et pourtant impressionnant de maturité. TD

Sampha
Après l’impressionnante performance de Loyle Carner, mélangeant rap et sonorités jazz, il était temps de s’enfoncer un peu plus dans les boucles et ambiances jazzy de la pianiste Elsas et du batteur Blake Casque, le tout sublimé par la voix suave de Sampha. Le groupe, complété par la bassiste Rosetta et le percussionniste Ruthven, est placé dans un demi-cercle compact, montrant la force du lien entre Sampha et ses musiciens scéniques, comme si l’on assistait à une jam session. Le quintette s’est ensuite écarté pour une improvisation aux percussions le temps d’un morceau, entourant la batterie, avant de reprendre chacun·e leur instrument un par un, laissant les spectateur·rices ensorcelé·es par cette heure de technique au service de la musique. EB

Jungle, la dancing machine
Devant la Grande Scène, avant même que le concert ne commence, Jungle avait déjà rameuté presque tout le festival. Et le public fut servi, le groupe ouvrant sur l’addictif Busy Earnin’, l’un des singles issus du premier album Jungle (2014). Josh Lloyd-Watson et Tom McFarland enchaînent avec Candle Flame, projetant Erick the Architect sur les grands écrans afin de vivre jusqu’au bout cette expérience live. Devant les lumières orange et l’immense logo Jungle, le groupe tire sa révérence sur Keep Moving, nous gratifiant tout au long du concert de ses meilleurs titres. EB

Bonnie Banane, cabaret singulier
Toujours compliqué de se démultiplier entre deux concerts inratables et quasi concomitants (Bonnie Banane et Soulwax programmés à une demi-heure d’écart), on file à la Scène Bosquet pour revoir l’autrice de Nini (2024), désormais entourée pour sa nouvelle tournée de deux musiciens, dont le batteur de Bada-Bada (programmé le dimanche). Où l’héritière de Brigitte Fontaine et de Catherine Ringer déroule son univers singulier, entre ritournelles imparables (Béguin) et morceaux concassés (Franchement). Toujours à son aise scénique, Bonnie Banane chante devant un auditoire conquis d’avance, qu’elle se fait un malin plaisir à haranguer. FV

135, promesse(s)
Sur scène Île-de-France, la plus petite des scènes du festival, on s’était donné rendez-vous avec 135, collectif éclectique composé de rappeurs, producteurs, graffeurs et DJ sur la base de la curiosité provoquée par leur musique : un alliage house et rap. Moins érudit que Jwles et son mix de French touch et de rap de niche américain, moins émouvant que Winnterzuko, mais plus proche des rythmes rebondissants et des influences électroniques du rap marseillais, la formule 135 et l’implacable énergie de voir une dizaine de rappeurs haranguer une foule grandissante gagne notre assentiment. Portés par une poignée de morceaux plein de promesses, Big Balth, Issam, Beezus, Alphonse, 46Karl, et tous les autres méritent qu’on guette leur prochain tour de force. TD

Soulwax, un travail millimétré
Une fois arrivé devant la scène Cascade, avant l’entrée des frangins belges de Soulwax, la scénographie choisie impressionne. C’est tout un studio qui a été monté spécialement sur scène, avec notamment un alignement de trois batteries. De l’intro aux synthés modulaires digne d’un décollage de vaisseau spatial, des jeux de lumières à la combinaison des trois batteurs (dont celui de Sepultura), tout est fait dans ce live haletant pour ne pas s’ennuyer. Rompu à l’exercice, Soulwax ne laisse aucune place à l’improvisation, embarquant le public dans sa redoutable machine à danser. EB

Fred Again.., la UKermesse
Comme le laissait suggérer l’affluence et l’abondance de ressortissants de la Perfide Albion en état de semi-ébriété sur les terres du festival parisien, la grande messe (bienveillante mais grandiloquente) UK bass de Fred Again.. a attiré un large public. Propulsé tête d’affiche seulement deux années après son dernier passage, Frederick Gibson, producteur et, désormais, artiste star de la musique anglaise, a livré une prestation dantesque. Visiblement extatique et submergé par l’émotion d’exporter sa musique si distinctement anglaise (Jungle, 2step, tout y passe dans un grand mixeur référentiel) devant une si grande audience internationale. Le clou du spectacle. TD

Samedi 24 août

Astéréotypie, post-punk atypique
“Je déclare officiellement le concert d’Astéréotypie, ouvert !” Ainsi débutait la grand-messe post-punk du collectif français le plus insolent du moment, qui lançait les hostilités du samedi. De leur poésie atypique et fantasque, on retiendra des saillies telles que “Une fois au supermarché j’ai acheté un thon pour 12 personnes/Il y avait 40 kilos de cocaïne cachés dedans” (Mon chat a 44 ans) ou bien “Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme/Mais Kevin, crétin de Secret Story 3 oui” (Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme). La plume acérée d’un quatuor d’artistes atteint·es de troubles autistiques, déclamant leurs textes avec une ferveur indubitable. Et ce, sur des arrangements instrumentaux aux guitares qui grondent et synthés électrisants à souhait, œuvre de quatre musicien·nes jouant à leurs côtés – dont deux sont par ailleurs membres du groupe Moriarty. De quoi asséner un dernier coup de boutoir aux préjugés validistes. LL

Sleater-Kinney, Riot Grrrls
Propulsée sur la main stage à l’heure de la sieste, la formation punk emmenée par Corin Tucker et Carrie Brownstein avait fort à faire pour sortir le public de sa semi-léthargie. Mais, reformé en 2014 après un hiatus de huit années et onze ans de carrière, Sleater-Kinney possède un savoir-faire hors pair lorsqu’il s’agit d’asséner ses saillies rock. Jamais en reste à l’idée de revisiter complètement sa set list pour s’adapter à toutes les situations et proposer une prestation au cordeau, la paire Tucker et Brownstein, d’inspiration punk et féministe propre au mouvement Riot Grrrl, s’impose comme le point de départ tout trouvé de cette journée qui sera marqué, quelques heures plus tard, par le show éminemment politique de Massive Attack. TD

The Kills, en clair-obscur
On les avait déjà vu·es jouer la semaine passée, au festival La Route Du Rock, on savait donc à quoi s’attendre : des riffs fédérateurs, la voix tout en puissance d’une Alison Mosshart au chien incontestable, la complicité inaltérée du duo. Rien de nouveau sous le soleil donc, à ceci près que The Kills ayant investi la grande scène au beau milieu de l’après-midi a dû redoubler d’efforts pour galvaniser les foules. Un brin mollasson, le public a peiné à rendre l’appareil à la chanteuse – elle qui affichait pourtant un sourire contagieux, exhalant une énergie rock pour le moins convaincante. Un concert rythmé par les averses d’un ciel capricieux et qui sera traversé par une éclaircie sabrant les nuages anthracite en deux. Tout un symbole. LL

Blonde Redhead, trio magique
Dix mois après un concert mémorable à la Cigale, Kazu Makino et les frères Pace ont ravi le public de Rock en Seine, malgré une météo menaçante qui n’est jamais venue ternir leur prestation encore enthousiasmante. Autour du dixième album, Sit Down For Dinner (2023), qui rompait avec neuf ans de silence discographique, Blonde Redhead a ébloui avec son répertoire qui combine les mélodies oniriques avec la fée électricité, dans des circonvolutions instrumentales dont le trio américano-japonais a le secret depuis trois décennies – que Jamie Hince et Alison Mosshart des Kills, à peine sorti·es de la Grande Scène, sont venu·es apprécier backstage. Et pour parachever sa prestation à l’heure apéritive, Blonde Redhead interprétait Kiss Her Kiss Her, le tube de Sit Down For Dinner. FV

Kae Tempest, joyau de la Couronne
Face au rouleau compresseur The Offspring se produisant sur la grande scène de Rock en Seine devant près de 40 000 personnes, l’artiste anglais·e de 38 ans semblait avoir toutes les chances de se casser les dents. Il n’en sera rien. Dans un dispositif dépouillé – une musicienne aux machines puis iel au micro –, Kae Tempest a attiré un grand nombre de festivalier·ères à la seule force de son sublime concert. Sorte de rencontre entre le spoken word et le continuum hardcore cher au journaliste Simon Reynolds ou d’un album de The Streets affranchi des percussions et en flux de conscience, Kae Tempest, visiblement très touché·e par le public, a fait la part belle à une UK bass d’une beauté froide et son flow d’une précision chirurgicale. Le concert idéal avant Massive Attack. TD

Massive Attack, concert massif
Présent depuis la première édition en 2003, le collectif de Bristol revenait pour la quatrième fois à Rock en Seine, cette fois sans actualité discographique. La tournée estivale de Massive Attack nous promettait notamment la présence d’Elizabeth Frazer, la voix incomparable de Cocteau Twins, qui avait magnifié la noirceur de Mezzanine (1998). Fidèles à leurs engagements politiques et sociétaux, assénés par les projections visuelles et les messages frontaux (largement traduits en français), Robert del Naja et Daddy G donnaient l’un des concerts les plus attendus et inoubliables de cette 20ème édition. Si le complice historique Horace Andy et les nouveaux venus Young Fathers rythmaient tour à tour la soirée, c’est bien sûr Liz Fraser qui fit chavirer la foule, entre sa version frissonnante de Song to the Siren de Tim Buckley et son interprétation bouleversante de Teardrops (ces fameuses paroles écrites en apprenant la mort de Jeff Buckley, son compagnon d’alors). Un concert massif de Massive Attack qui conquit jusqu’aux plus sceptiques. FV

Dimanche 25 août

Zaho De Sagazan, l’étincelle
Après Sofie Royer et Baxter Dury, il fallait bien que quelqu’un allume la mèche de l’ultime journée de l’édition 2024 de Rock en Seine. Avec ses prises de paroles contagieuses et son set toujours impeccable, Zaho De Sagazan – devant un public de la scène Cascade colonisant jusqu’aux travées du domaine de Saint Cloud pour apercevoir, ne serait-ce qu’un peu, l’artiste de 24 ans – a signé une prestation à la hauteur des attentes. Égrenant un à un ses nouveaux tubes, se remémorant au bon souvenir de son concert préféré de Kraftwerk sur la même scène il y a deux ans, fonçant à corps perdu dans ses influences new-wave ici décuplées, jusqu’à conclure sur l’immanquable détestée ou adorée reprise du Modern Love de David Bowie. De quoi pousser quelques retardataires à se ruer vers la scène main dans la main – façon Frances Ha plutôt que Mauvais Sang évidemment. Paré·es à l’explosion. TD

Róisín Murphy, la loi de Murphy
On le confesse : Róisín Murphy, sur disque, avait tendance à nous laisser de marbre. Pourtant, il n’a pas fallu plus d’un morceau pour que l’on se laisse convaincre par la prestation live de l’Irlandaise, délivrant sa musique au moyen d’une présence scénique remarquable (un changement de tenue par titre, rien de moins). Maîtrisant aussi bien l’art de l’effeuillage que celui de faire danser les foules, l’ex-chanteuse de Moloko a d’abord échauffé les esprits en jouant la section la plus funk de sa discographie, faisant montre d’un groove implacable, ensuite troqué contre des sonorités house. Le tout auréolé de sa voix, somptueuse, dont la puissance a de quoi désarçonner. Elle a même fini par se saisir de l’une des caméras qui se trouvaient là, face à la scène, s’amusant à filmer ses compères musiciens. On est ressorti·e de là avec la satisfaction de ne pas avoir perdu notre temps, balayant d’un revers de main la loi de Murphy. LL

Bar Italia
Pour leur cinquième passage parisien depuis Les Inrocks Festival 2022, le trio rock le plus prolifique et passionnant du moment était de passage remarqué à Rock en Seine, à la scène Bosquet garnie comme rarement. Visiblement un peu exténué·es par leur longue tournée européenne, la chanteuse Nina Cristante (de plus en plus virevoltante), les guitaristes Sam Fenton et Jezmi Fehmi, toujours accompagné·es par la bassiste Emilie Palmelund et le nouveau batteur Liam Toon, enchaînaient les morceaux de leur discographie exemplaire, tout en demandant expressément au public de se réveiller sous le soleil dominical. Le Polly Armour de Bar Italia fait toujours mouche, avant de se ravitailler au bar VIP. FV

PJ Harvey, diseuse de bonne aventure
Ce fut, sans hésitation aucune, l’un des plus beaux moments de cette édition de Rock en Seine : PJ Harvey, décidément subjuguante, investissant la grande scène face à un public tout aussi dense qu’impatient. Dans un décor dépouillé et entourée de ses musiciens, l’Anglaise a déroulé les morceaux phares de sa discographie, de Down By The Water au récent I Inside the Old Year Dying, en passant par To Bring You My Love et The Garden. Avec élégance et sans doute pourvue de visions qu’elle seule détient. PJ Harvey semblait ainsi s’envoler dans les hauteurs, sa conscience tout du moins, flirtant avec une sorte de transe extatique. Et ce, malgré un visage impassible (qui le restera une bonne partie du set, en dépit des acclamations du public). Sa robe fut ornée de dessins au fil de ses concerts, cette année – un à chaque date. Son passage à Rock en Seine ponctuait justement sa tournée européenne, d’où ce tissu à saturation. “Je me devais de vous la montrer”, dit-elle d’un murmure. LL

Pixies, les renforts
Appelé en renfort pour remplacer au pied levé The Smile, le groupe de Black Francis ne s’est pas fait prier pour dérouler un colossal best of afin de mettre en jambes la foule avant le concert de LCD Soundsystem. De l’immanquable Where Is My Mind placé en clôture avant leur reprise de Winterlong de Neil Young, la formation de Boston aura fait la part belle à son cultissime Doolittle en jouant pas moins de neuf des titres qui le composent. Une ode à la perfection (Hey, Gouge Away, Here Comes Your Man, Wave of Mutilation…), porté par la voix toujours impeccable et immaculée de Frank Black, et surtout bien plus qu’une simple équipe de remplaçants. Indémodable. TD

Yves Tumor, Rock Star en puissance
À l’heure où les Pixies rameutaient tout Rock en Seine sur la scène Cascade, c’était bien une autre rock star qui s’apprêtait à commencer son set. Apparaissant dans la pénombre, dans son costume de croque-mort, le visage repeint en blanc, Yves Tumor dévisageait la foule d’un regard froid et lugubre, s’approchant pas-à-pas du devant de la scène pour débuter sur God Is a Circle. Toujours aussi intransigeant avec son public, il ordonne à la foule que l’on reprenne les paroles avec lui, tirant son câble de micro comme un fouet et frappant la moitié chauve de son crâne pour nous faire chanter plus fort. Son backing band était toujours en furie, entre Rhys Hastings à la batterie et Maro Chon à la guitare qui donne des solos puissants dans le style Van Halen. Yves Tumor s’en est allé sur Ebony Eye. EB

LCD Soundsystem panse les blessures
Meurtris par le deuil et la perte récente d’un proche à qui ils dédieront un Someone Great pour l’éternité (on apprendra plus tard qu’il s’agit de Justin Chearno, notamment guitariste sur l’immense New York I Love You, But You’re Bringing Me Down), les membres de LCD Soundsystem ont assuré le plus beau concert – avec Massive Attack – et, accessoirement, la plus éclatante clôture possible de cette édition 2024 de Rock en Seine. Quatorze ans après son dernier passage au Domaine national de Saint-Cloud, la formation emmenée par l’inoxydable James Murphy démontre pourquoi elle n’a jamais pu se passer de la scène – même après avoir sabordé le groupe en grande pompe en 2011 avant de se reformer en 2015.  De l’ouverture magistrale sur Get Innocuous! jusqu’au conclusif et extatique All My Friends, la nouvelle réunion entre LCD Soundsystem et le public parisien a tenu toutes ses promesses de synthés discoïdes à décoller le plexus, de refrains à s’égosiller et d’appels du pied à Daft Punk, Yazoo ou aux Talking Heads. Un live à l’image du groupe, déchirant mais invitant à tout soigner sur le dancefloor. Sublime. TD

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