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Jeux paralympiques: Matt Stutzman, "l'archer sans bras", vise toujours l'or

Pour ce fan du basketteur américain Michael Jordan, les Jeux de Paris ressemblent un peu, du haut de ses 41 ans, à sa "dernière danse", en raison notamment de douleurs à ses hanches, usées par des années à tirer jusqu'à huit heures par jour.

"Quand j'étais plus jeune, je voulais être Michael Jordan", a-t-il raconté à l'AFP. Pas tant pour lui ressembler, mais plus pour "tout ce qu'il a accompli et les choses qu'il a faites dans son sport", contribuant ainsi à en changer la perception aux yeux du grand public.

Quand il se présente à Londres en 2012, l'Américain est le premier -et le seul- archer qui manie son arc à poulies avec les pieds. Il a très vite été identifié comme le "Armless archer" ("l'archer sans bras"), et les photos de sa préparation du tir, avec la bouche et les pieds, font le tour de monde. Cette manière de tirer n'empêche pas la performance, puisqu'il remporte l'argent.

Douze ans plus tard, sa différence n'est plus unique: le Belge Piotr Van Montagu s'alignera dans la même catégorie et, dans le tableau féminin, l'Indienne Sheetal Devi, 17 ans à peine, sera une des favorites.

Tous les trois participent dans la catégorie arc à poulie, qui permet de limiter la force nécessaire pour maintenir la tension de l'arc. Ils tirent à 50 mètres d'une cible de 80 centimètres de diamètre.
Gagner et inspirer
"Les Jeux paralympiques ont changé complétement ma vie, l'ont rendu à 100% meilleure", explique Matt Stutzman. "Cela m'a donné une occasion pour motiver et aider d'autres personnes en situation de handicap à faire du sport", à l'image de sa participation remarquée au documentaire Rising Phoenix, distribué par Netflix en 2020.

On y voit ce père de trois enfants capable de se débrouiller en autonomie pour toutes les tâches du quotidien, y compris conduire une voiture. Pour la première fois de leur vie, ses enfants vont prendre un avion et quitter les Etats-Unis à l'occasion de la compétition, a-t-il confié lundi à des journalistes dont l'AFP.

Avec son sourire et ses bons mots, il est désormais plus qu'un simple athlète, étant par exemple l'invité d'honneur de la Journée paralympique à Paris en octobre 2023.

"Gagner une médaille, c'est bien. Mais pour moi, à ce stade de ma carrière, il est plus important de contribuer à la suite" et au développement de son sport, souligne-t-il.

Si le tir à l'arc est une compétition individuelle, il n'a pas hésité à aller aider Sheetal Devi quand il l'a croisée au cours des Mondiaux de Pilsen (République tchèque) en 2023.
Les Invalides chez lui
Mais il ne faut pas croire que l'Américain arrive à Paris pour de la figuration face aux plus de trente concurrents de sa catégorie.

L'archer a de bonnes chances de médailles, après deux éditions décevantes à Rio (éliminé au deuxième tour) et Tokyo (éliminé au troisième, après avoir eu son arc cassé pendant le transport en avion). Il a notamment remporté le championnat du monde 2022 à Dubaï.

S'il n'a pas fait de compétition majeure cette année pour préserver son corps, il a décoré sa salle d'entraînement à côté de sa maison, dans l'Iowa, avec l'Esplanade des Invalides en arrière-plan, pour mieux s'immerger dans les Jeux paralympiques.

"L'année dernière, je suis venu ici et j'ai passé quelques heures sur le site. J'ai donc pu visualiser, sentir l'odeur de l'herbe et des arbres. À mon retour, j'ai immédiatement décidé" de reproduire au mieux l'endroit "parce que la préparation mentale dans notre sport est la chose la plus importante, celle qui sépare les meilleurs des meilleurs".

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