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Commerce international : la panne de l’Allemagne plombe les exportations de l’UE (OCDE)

Lemoci 

Selon les statistiques de l’OCDE sur l’évolution du commerce international des pays du G20*, au deuxième trimestre 2024, les exportations de l’Union européenne (UE) sont en recul, tirées vers le bas par l’Allemagne, dans un contexte de stabilisation des échanges du G20.

Les exportations de marchandises du G20 ont stagné au T2 2024, exprimée en dollars courants des États-Unis, après une hausse de +1,7 % au trimestre précédent, s’établissant à 4584,2 milliards de dollars (Md USD). Ce ralentissement est, selon une note de l’OCDE, « en grande partie attribuable à une baisse des exportations en provenance de l’Union européenne ». Celles-ci ont en effet reculé de -0,9 % au T2, à 1773 Md USD, après + 0,7 % au T1. Elles représentent 38,6 % du total des exportations de biens du G20, d’où leur influence sur la tendance.

En cause, principalement, la forte baisse des exportations allemandes : – 2,3 %. La baisse est moins prononcée pour les exportations italiennes (-1,2 %) et françaises (-1 %), deux autres acteurs majeurs de l’export européen. La contribution des exportations allemandes de marchandises joue un rôle supérieur dans la tendance, représentant près de 24 % (423 Md USD) des exportations européennes, contre 9,4 % pour l’Italie (160,8 Md USD) et 9 % pour la France (160,3 Md USD).

Côté importations de marchandises, en revanche, celles du G20 se redressent après 7 trimestres consécutifs de baisse : + 1,2 % au T2 2024, à 4596,8 Md USD.

Le rebond n’est pas alimenté par l’UE, dont les importations ne progressent que légèrement (+0,2 %, à 1700,6 Md USD). Il est principalement imputable au dynamisme des achats des États-Unis (premier importateur mondial avec 17,5 % des importations du G20, devant la Chine avec 14,2 %) et du Royaume-Uni, qui alignent respectivement des croissances de +2,6 % (à 806,2 Md USD) et +8,3 % (à 181 Md USD). Au sein de l’UE, les importations de l’Allemagne ont reculé de -2,5 % au T2 (351,5 Md USD), et celles de l’Italie de -0,8 % (151,8 Md), alors que celles de la France restent dynamiques (voir ci-après).

Le top 10 des marchés porteurs du G20 à l’importation au T2 2024
(Marchandises, en milliards de dollars US)

Brésil : + 10,9 % (68 Md USD)
Royaume-Uni : + 8,3 % (181)
Turquie : + 3,1 % (86,8)
États-Unis : + 2,6 % (806,2)
Corée du Sud : +2,2 % (158,2)
Chine : + 1,8 % (656,3)
France : + 1,4 % (189,8)
Afrique du Sud : + 1 % (25,3)
Mexique : + 0,6 % (154,4)
Japon : + 0,4 % (185,2).

Dans le détail, les exportations de marchandises des États-Unis ont stagné au T2 2024, en partie en raison de la baisse des exportations de fournitures et de matériaux industriels. Les exportations canadiennes ont diminué, principalement dans les secteurs des véhicules automobiles et des minéraux. Cependant, les importations nord-américaines ont augmenté, en particulier pour les biens d’équipement comme l’équipement électrique.

Pour UE, la baisse des exportations s’explique en grande partie par le recul des ventes allemandes de produits chimiques et d’autres produits manufacturés alors que le léger rebond des importations met fin à 7 trimestres consécutifs de baisse.

En Asie de l’Est, les exportations de marchandises ont fortement progressé pour la Chine et la Corée, stimulées par de fortes ventes d’automobiles, de semi-conducteurs et d’équipements de haute technologie. À l’inverse, les exportations japonaises ont diminué de 2,1 %, en partie à cause de la fermeture d’une importante usine automobile et de la faiblesse du yen. Après une croissance négative des importations au T1 2024, les importations en Chine, en Corée et au Japon ont rebondi au deuxième trimestre, leur permettant d’être au Top 10 des plus fortes progressions (voir ci-dessus).

Top 10 des exportateurs de biens du G20 au T2
(En Md USD)

UE 27 : 1773 (- 0,9 %)
Dont Allemagne : 423,2 ; Italie : 167,8 ; France : 160,3.
Chine : 905,4 (+ 2 %)
États-Unis : 512,4 (+ 0,1 %)
Corée du Sud : 173 (+ 2,7 %)
Japon : 172 (-2,1 %)
Mexique : 151 (+ 0,6 %)
Canada : 140 (- 1,1 %)
Inde : 110 (- 3,5 %)
Royaume-Uni : 110,4 (- 2 %)
Australie : 83,9 (- 5,5 %)

Des échanges de services en progression, ceux de l’Inde explosent

 

Concernant les échanges de services, les estimations de l’OCDE font état d’un certain ralentissement de la croissance au T2 2024 mais la progression continue : + 1,9 % pour les exportations (à 1649,9 Md USD) et + 1,1 % pour les importations (à 1686,9 Md USD), après respectivement + 3,4 % et + 3,7 % au T1 2024.

Les exportations de services États-Unis ont augmenté de +1,4 % au T2 2024, principalement en raison de la hausse des revenus des TIC et d’autres services aux entreprises, tandis que les importations de services ont progressé de +1,5 %. À l’inverse, pour le Canada, les exportations et les importations de services ont diminué de -0,4 % et de -1,8 %, respectivement.

Le top 8 des marchés porteurs* du G20 à l’importation au T2 2024
(Services, en milliards de dollars US)

Inde : + 6,2 % (91,8 Md USD)
Allemagne : + 5,5 % (112,6)
Royaume-Uni : + 2,8 % (154,4)
Corée du Sud : +1,6 % (34,3)
États-Unis : + 1,5 % (274,8)
Italie : + 0,6 % (40,3)
Brésil : + 0,2 % (12,5)
France : + 1,4 % (95,5)

* Les statistiques ne sont pas disponibles pour tous les membres du G20

En Europe, les chiffres du T2 pour l’ensemble de l’UE ne sont pas connus mais la progression des exportations avait été de + 3,5 % (à 380,7 Md USD) au T1 2024 (et + 4,3 % en 2023).

En Allemagne, les voyages ont stimulé la croissance du commerce des services, tant pour les importations (+5,5 %, à 137 Md), que pour les exportations (+ 1,5 %, à 112,6 Md), ce dernier reflétant peut-être une augmentation marquée des recettes de voyages à la suite du Championnat d’Europe de football. À l’inverse, les exportations (95,5 Md) et les importations (79,8 Md) de services se sont contractées en France, de respectivement -2,1 % et -1,7.

Le Royaume-Uni a enregistré pour sa part une croissance modérée de ses exportations (+2,3%, à 154,4 Md), tandis que ses importations ont augmenté de +2,8 % (à 102,5 Md), grâce à de fortes dépenses dans les autres services aux entreprises et les services de propriété intellectuelle.

Au Japon, les exportations de services sont en hausse de + 1,6 % (53,6 Md), principalement en raison des revenus élevés des transports et des autres services aux entreprises, tandis que les importations ont stagné (58,5 Md). En Corée, les exportations de services ont fortement augmenté de +4,2 % (34,3 Md), alimentées par les transports (fret en particulier), les voyages et les services TIC, tandis que ses importations ont modérément progressé (+1,6 %, à 40,1 Md).

En Inde, le commerce des services explose : les exportations et les importations ont augmenté de +4,4 % (91,8 Md) et +6,2 % (48,7 Md) respectivement au T2. En Chine, l’assouplissement de l’obligation de visa a stimulé les exportations de voyages et de services (en hausse de +4 %, à 91,7 Md), tandis que les importations ont chuté de -2,7 % (à 150 Md) en raison de la baisse des achats de services de transport et de TIC.

Au total, ces statistiques trimestrielle du G20 montrent une évolution en demi-teinte des échanges commerciaux des principales économies mondiales, avec une stabilisation de la croissance du commerce pour les biens, après le fort rebond de 2022 et le ralentissement de 2023, et un ralentissement assez net des échanges pour les services.

C.G

*Les membres du G20 sont : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Canada, Chine, Corée du Sud, Etats-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Mexique, Turquie, Royaume-Uni, Union européenne.

Pour plus de détail, consultez la note de l’OCDE (en anglais) attachée à cet article (ci-après).

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