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Ses fiertés, la défense de l'Auvergne, les polémiques... Quel bilan pour Laurent Wauquiez à la tête de la Région ?

Son agenda est désormais parisien, mais Laurent Wauquiez (Les Républicains) en fait la promesse : des Jeux olympiques d’hiver à Gergovie en passant par les trains, il continuera de s’engager et de défendre la région Auvergne-Rhône-Alpes, et plus encore le territoire auvergnat dont il veut être "le protecteur".

À quelques jours de l’élection de son ou sa successeur, prévue jeudi 5 septembre, il revient sur ses huit années à la tête de cette grande région, dont il fut le premier président, élu en 2016.

Quelles sont les trois actions dont vous êtes le plus fier depuis 2016 ?

"D’abord, c’est d’avoir défendu l’Auvergne, avec un dossier emblématique : les ACC-M (la société d’ingénierie et de maintenance ferroviaire basée à Clermont-Ferrand, NDLR), qui devaient fermer. Ce dossier a été un exemple de ce qu’on a pu apporter à l’Auvergne. C’est ma première fierté. L’Auvergne n’a jamais été oubliée alors que c’était le risque dans cette grande région.

La deuxième chose, c’est le Pass Région. Cet outil n’existait pas en Auvergne et il permet à tous les jeunes de bénéficier de tarifs avantageux, de réductions pour le sport, la culture, le financement du permis de conduire, etc.

La troisième chose, je l’avais promis, on n’a pas augmenté un seul impôt, une seule taxe en huit ans, et on a réduit le poids de la dette. C’est unique en France."

Quels sont, a contrario, les dossiers que vous auriez aimé concrétiser, mais qui n’ont pas abouti ?

"Celui qui reste à construire, c’est le train. On a sauvé des lignes, notamment chez nous en Auvergne, on a investi dans de nouvelles rames, mais le service n’est pas encore au niveau de ce que je voudrais. Et il y a cette honte, la ligne gérée par l’État, le Clermont-Paris. C’est inacceptable et ça restera une de mes batailles.

Je veux aussi parler de santé : je suis fier de ce qu’on a fait mais il va falloir continuer le travail. C’est une politique qui n’existait pas à la Région, alors que c’est sans doute un des enjeux majeurs pour l’avenir : comment faire en sorte qu’on puisse avoir un rendez-vous chez le médecin, comment garder nos hôpitaux de proximité ?

La Région a bâti une importante politique de santé de proximité. On a financé 1.200 bourses pour des médecins généralistes, des travaux dans des centres hospitaliers, ce qui nous a permis de défendre des centres comme Saint-Flour et Ambert. On a aussi œuvré pour le maintien de Dragon 63 et lancé une grande initiative, que je veux faire monter en puissance, avec la Région qui embauche elle-même des médecins, à l’image de ce qu’on a fait au Rouget-Pers (Cantal). Il faut continuer."

Si la présidence de la Région n’est plus occupée par un Auvergnat, comment faire pour que l’Auvergne ne soit pas reléguée au second rang ?

"Je n’oublie pas mes engagements. Je vais rester conseiller régional et cela me permettra de continuer à veiller sur l’Auvergne. Ce sera différent, ce ne sera pas comme président, mais les Auvergnats peuvent me faire confiance."

Les Auvergnats savent que je ne les ai jamais oubliés. Dans le contrat fondateur de la naissance de notre région, il y a le fait que l’Auvergne doit être respectée. J’en suis le garant. Je veux être le protecteur de l’Auvergne.

Votre vice-présidente Stéphanie Pernod et le maire de Valence Nicolas Daragon partent favoris pour l'élection à la tête de la Région, jeudi 5 septembre. Allez-vous choisir personnellement votre successeur ? 

"Non, c’est un choix d’équipe bien sûr. Mais on a la chance d'avoir une équipe solide, soudée. Il ne faut pas oublier qu’on a créé une région en partant d’une feuille blanche. On a réussi à créer l’une des régions avec la meilleure qualité de vie, l’une des régions les plus dynamiques et attractives. Quand on compare avec des régions voisines, où il y a des tensions, chez nous, tout le monde est content car chacun a été respecté, il n’y a pas eu de territoires oubliés. Je suis très confiant. L’esprit d’équipe est dans l’ADN de ce qu’on a porté, ça va continuer."

Le ou la futur(e) président(e) aura-t-elle une totale liberté d'action, sachant que vous restez conseiller régional ?

"Le travail était mené en équipe avant, il le sera demain. Quand j’ai été amené à passer la main à la mairie du Puy, j’ai passé la main. J’ai toujours été là pour aider ma commune mais je n’étais plus maire, ça fait partie des choses qu’il faut accepter. Il faut être capable d’aider les autres à grandir, de passer le témoin."

L’opposition à la Région a souvent mis en avant vos « passages en force » et regretté un manque d’écoute…

"Chacun est dans son rôle, l’opposition critique et nous, on agit. Mais j’ai parfois regretté d’avoir une opposition qui n’était que dans la critique, dans l’attaque, jamais dans la proposition. Je pense qu’elle pouvait faire autrement."

Votre mandat se termine avec la publication, cet été, d’un rapport de la chambre régional des comptes, qui s’étonne de notes de frais lors de dîners parisiens (lire nos éditions précédentes). Il y a eu aussi le dîner au sommet, les soupçons d’emplois fictifs au sein de votre cabinet, l’étude d’opinion sur votre image financée par la Région. Ces affaires entachent votre mandat, comment le vivez-vous ?

"D’abord, contrairement à ce que dit l’opposition, la chambre régionale des comptes ne relève aucune irrégularité dans son rapport. Elle n’a fait que des recommandations, qu’on va suivre. Deuxièmement, il y a des choses qui sont sorties dont je n’étais pas au courant (le coût des repas parisiens, NDLR). J’ai considéré que ça n’était pas normal et j’ai assumé en décidant à titre personnel de rembourser.

Je tiens à ajouter, sur ces questions d’exemplarité, que quand j’ai été élu à la tête de la région, j’ai pris la décision pour montrer l’exemple de baisser de 10 % les indemnités des élus. Quand vous savez qu’à la Métropole de Lyon, ils ont augmenté les indemnités de leurs élus de 1.000 euros, il y a quand même une différence. Enfin, il n’y a eu strictement aucune condamnation de la Région sur tous ces sujets depuis huit ans. Je pense que c’est la meilleure réponse."

Gilles Lalloz et Arthur Cesbron

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