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Dans le Puy-de-Dôme, cette bergère n'en finit pas de compter les moutons

C’est à l’occasion de son retour à la civilisation hebdomadaire qu’Élodie Lelong dévoile les coulisses de son activité de bergère. "Là-haut je n’ai ni électricité, ni gaz, donc je redescends de temps en temps pour faire une machine et me laver."

Là-haut, c’est la vallée des Reblats, non loin du village de Valcivières, où l’éleveuse a parqué son troupeau pendant son absence. "Le reste du temps, je surveille où il pâture."

Cette activité, cela fait peu de temps qu’Élodie Lelong l’exerce à son propre compte dans le Livradois-Forez. "J’ai créé l’entreprise en septembre dernier, et j’ai acheté les bêtes en mars de cette année."

Un troupeau de brebis Raïole, une race dont la rusticité s’adapte bien au territoire. "Malgré la pluie qu’on a eue tout le printemps, je n’ai que deux brebis qui ont attrapé une pneumonie. Et qui se sont bien rétablies."

Un élevage pour la laine ainsi que pour la viande

Une pluie qui, si elle n’affecte pas trop les animaux, détériore la qualité de leur toison, la faute à l’humidité. Un problème pour Élodie dont une part de l’activité repose sur la vente de laine.

Quand on tond un mouton, on jette 1/3 de la laine, 1/3 sera de qualité moyenne donc on s’en servira pour faire du feutre, et 1/3 sera de très bonne qualité donc sera transformé en fil.

Environ 20 kg de laine pourront être vendus par l’éleveuse, qui ne compte pas s’arrêter là. "L’idée serait de sous traiter à une entreprise française qui fabriquerait des chaussettes et des chaussons. Ensuite, je me chargerai de les revendre." Le tout dans le but de favoriser les savoir-faire français et une qualité naturelle.

D’ici deux ans, la bergère souhaite également vendre de la viande de mouton. "Je pense commercialiser la viande d’une douzaine de moutons par an." Encore une fois, dans le respect de règles biologiques : "Les animaux s’engraissent naturellement, puisqu’ils se nourrissent uniquement via le pâturage de végétations naturelles. Je ne complémente pas."

Ronces, arbres, feuilles, bois, tiges… "Les brebis sont des bouffeuses de fibre?!" Une variété de végétation que les animaux dégustent sur demande des propriétaires des terrains.

"Au début, j’ai cherché des terrains à leur faire pâturer en en parlant autour de moi. Les gens étaient un peu réticents. Mais quand ils ont vu à quel point cela nettoyait bien les terrains, ils se sont intéressés."

Le pâturage sur des zones parfois sensibles

Parmi les zones pâturées, la vallée des Reblats. Une tourbière sur laquelle le Parc naturel régional (PNR) et le Conservatoire des espaces naturels d’Auvergne portent une attention particulière.

"Des terrains de pâturage ont été délimités. On ne peut pas aller partout car à certains endroits, une espèce protégée de papillon, Le Damier de la succise, se reproduit. Il faut faire attention à ce que les brebis n’écrasent pas ses œufs."

Mais l’intervention des ovins reste nécessaire à la bonne préservation du territoire.

La tourbière est en train de se refermer. Il faut donc qu’ils mangent la végétation pour que les papillons puissent encore avoir un endroit où se développer.

Une zone protégée qui nécessite donc toute l’attention de la bergère. Qui a parfois des difficultés à se faire entendre par son troupeau. "Ce sont des animaux très têtus. Ils me voient comme la brebis meneuse. Mais si je fais un choix qui ne va pas dans leur sens, ils peuvent facilement se rebeller." Pour l’assister Élodie peut compter sur ses deux Border collie, qui l’aident à déplacer et à encadrer le troupeau.

La bergère et sa trentaine de brebis continueront d’explorer les monts du Forez jusqu’aux premières neiges. Avant de reprendre la route, direction Cunlhat.

Fanny Rodriguez

Le parcours d’Élodie Lelong. La jeune femme originaire de l’Isère a découvert le métier de bergère grâce à un stage de six mois en savoir-faire berger. Elle a ensuite choisi de faire une césure dans ses études pour travailler six mois en tant que chevrière, et garder un troupeau de 70 bêtes. Elle a également aidé un agriculteur à garder un troupeau de 800 brebis en fin de saison d’estive. Côté scolaire, Élodie Lelong a suivi une formation d’ingénieur agronome, au sein du lycée agricole de Marmilhat, près de Clermont-Ferrand. Avant de venir s’installer à Cunlhat, elle a exercé l’activité de bergère dans les Cévennes.

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