Cette paysagiste veut faire perdurer l’âme et l’histoire des jardins du château du Fieu
« J’ai découvert le château du Fieu en parcourant les jardins pour écrire mon livre, Les jardins de Haute-Loire. J’ai été séduite par le site », se souvient Christelle Brindel. Le château du Fieu date du XIVe siècle. Une des premières mentions du Fieu révèle qu’il fut une infirmerie jusqu’au XIIIe siècle. Puis le site fut transformé en maison de plaisance. Le château s’étend aujourd’hui sur un domaine de sept hectares. À ce titre, il est remarquable : il a conservé ses parcelles agricoles, notamment un ancien verger mais aussi des bois, auxquels s’ajoutent un potager et ses bassins à poissons alimentés par des sources. Avec en prime, plusieurs jardins d’agrément en terrasse, dont un magnifique jardin de buis à la française. « Ce que j’aime ici, c’est que les parcelles d’agrément cohabitent avec les parcelles agricoles », explique la paysagiste qui a lancé des recherches sur l’histoire du site.
Faire perdurer l'histoire des lieux« Le cadastre napoléonien sur lequel je m’appuie pour mon projet de restaurations date de 1808. À l’époque, la parcelle dans laquelle je veux replanter le verger était nommée “pré-verger”. Il y avait également une pépinière, une basse-cour aux abords de la dépendance qui renforce le fait que le domaine vivait en autarcie. Le jardin de buis est bien nommé comme étant un “jardin”, probablement jardin d’agrément. L’ancien propriétaire a fait un travail formidable ! Du coup, j’ai observé ce qui poussait pour commencer. Nous allons donc essayer de faire perdurer l’âme et l’histoire du lieu. C’est cet esprit que je veux conserver », souligne-t-elle.L’ancien verger ne compte plus que trois pommiers anciens. L’objectif des nouveaux propriétaires est, à court terme, de replanter des variétés anciennes en se rapprochant du conservatoire botanique de Chavaniac et ainsi, en retrouvant cet espace agricole, conforter l’histoire du domaine. Cet objectif répond à la volonté affichée de « faire perdurer l’âme et l’histoire du lieu dans la mesure du possible ». Il faut dire que Christelle Brindel est paysagiste spécialisée dans les monuments historiques. Ils sont une quinzaine en France à exercer ce métier.Trois bassins d’eau de source alimentent le potager.Cette Bretonne a posé ses valises en Haute-Loire il y a treize ans. Elle a toujours aimé « gratter » au jardin. Après une carrière dans la banque, elle a fait l’école du paysage de Versailles, puis un master à l’école d’architecture de Versailles spécialité jardins historiques.Elle monte des dossiers de protection pour inscrire - voire classer - un jardin au titre des Monuments historiques, autrement dit faire reconnaître sa valeur patrimoniale, qui s’appuie sur la structure et la composition initiale. En Haute-Loire, le jardin du château du Thiolent ou encore celui du château de La Planche par exemple sont protégés.Elle conduit également des projets de restauration. « Il ne s’agit pas forcément de revenir à la composition initiale du jardin mais de faire perdurer l’âme du lieu », insiste-t-elle.La jeune femme a travaillé sur le parc de Figon où l’un des aïeuls de l’actuel propriétaire a voulu reproduire une partie de ce qu’il a vu en Italie dans son Grand tour ; ou encore sur le Parc paysager de Maubourg de Saint-Maurice-de-Lignon. Elle travaille actuellement sur la restauration du réseau hydraulique des jardins du château de Chavaniac-Lafayette.Deux cents mètres linéaires de buis, malheureusement attaqués par la pyrale cette année.Ses chantiers dépassent les frontières du département : elle vient de terminer la restauration à l’identique du jardin de Louis Pasteur, dans sa maison de famille d’Arbois, dont témoigne sa correspondance avec sa femme. Elle est partie prenante dans la restauration des jardins du château de la Bâtisse dans le Puy-de-Dôme. « Les jardins sont le reflet de la personnalité du propriétaire », remarque-t-elle. Elle s’est également passionnée pour les jardins des ordres religieux, notamment ceux du couvent de la Visitation à Grenoble. Elle va travailler sur les jardins de La Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon.
Nathalie Courtial