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Edouard Philippe candidat à l'Elysée, l'après-Macron a commencé

"Le sens du timing. Le sens des priorités", a rapidement réagi la patronne des Ecologistes, Marine Tondelier. Alors que les consultations s'enchaînent interminablement à l'Élysée pour dénouer la crise née de la dissolution et des élections législatives, Édouard Philippe confirme le grand dessein qui l'occupe depuis sa sortie de Matignon en 2020, et pour lequel il a fondé son propre parti, Horizons: la succession d'Emmanuel Macron.

"Je serai candidat à la prochaine élection présidentielle", confirme le maire du Havre dans un entretien au Point publié mardi soir.

Interrogé, l'ancien protégé d'Alain Juppé "confirme" également qu'il se tient prêt dans la perspective d'une élection présidentielle anticipée. Hypothèse qui flotte dans l'atmosphère de la classe politique française, avec une Assemblée sans majorité et une crise institutionnelle inédite en Ve République à laquelle Emmanuel Macron est censé répondre en nommant un Premier ministre.

"Ce n'est pas une surprise. Il a déjà dit qu'il se préparait, tout le monde le sait. Il dit les choses. Ce n'est pas demain, il se prépare et sera candidat à la prochaine élection présidentielle", explique un membre de son entourage.

"On vit un moment inédit, difficile pour tout le monde, pour les Français, pour le chef de l'État, pour l'ex-majorité". "Faire preuve d'individualisme", "alors que l'actualité, l'urgence, c'est de trouver une stabilité", et "déclarer sa candidature, ne me paraît pas vraiment opportun aujourd'hui", a réagi sur LCI le président du groupe macroniste au Sénat, François Patriat.

Sollicité, l'Élysée n'a pas fait de commentaire.
"Loyal mais libre"
Les ambitions élyséennes ne faisaient effectivement guère de doute s'agissant d’Édouard Philippe, qui s'est employé à cocher toutes les cases de l'ascension vers l'élection-reine depuis son départ de Matignon en 2020.

Trois ans auparavant, Emmanuel Macron élu à l'Élysée confiait Matignon à la surprise générale à ce cadre des Républicains (LR), énarque, élu maire du Havre en 2010.

Le bail à Matignon fut parfois compliqué, avec la violente crise des "gilets jaunes", et les relations avec le président, rapidement délicates. Elles aboutirent à son remplacement par Jean Castex en juillet 2020, après la première phase de la crise du Covid qui valurent à Édouard Philippe une popularité notable, rare en quittant la rue de Varenne.

Depuis, ce conseiller d'État âgé de 53 ans à la silhouette longiligne, à la barbe d'abord brune, puis poivre et sel et presque disparue --il est victime d'alopécie-- s'est employé à préparer sa candidature, fondant sa propre formation, Horizons, fin 2021, avant même la campagne de réélection d'Emmanuel Macron.

Tenu à l'étroit dans une majorité relative, cultivant à l'Assemblée le credo "loyal mais libre" édicté par son patron, Horizons a haussé le ton après la dissolution, accentuant son indépendance financière tout en parvenant, fait singulier dans l'ex-majorité, à conserver son nombre de députés.

De quoi permettre à Edouard Philippe d'afficher de plus en plus ostensiblement ses distances avec le chef de l'Etat. Et de cultiver sa singularité, quitte à provoquer la polémique en revendiquant avoir partagé un "dîner cordial" avec Marine Le Pen l'an passé, ce qui lui a permis de constater, dit-il, "des désaccords très profonds sur de très nombreux sujets".

Celui qui s'était affirmé en "homme de droite" sur le perron de Matignon en 2017 prône depuis 2022 une coalition avec son ancienne formation des Républicains, base politique qu'il souhaite voir élargie dans sa conquête du pouvoir à une partie des sociaux-démocrates, une fois qualifiée de "gauche mitterandienne".

Dans Le Point, interrogé sur Xavier Bertrand et Bernard Cazeneuve, Édouard Philippe explique d'ailleurs soutenir "tout Premier ministre choisi dans un espace politique qui va de la droite conservatrice à la social-démocratie". Et en profite pour appuyer sur ses thèmes de prédilection, comme l'éducation, l'ordre public, et surtout la crise des finances publiques. L'occasion d'adresser une sévère critique à la gestion du gouvernement sortant et ses objectifs de stabilisation du déficit à 3% en 2027 auxquels "personne ne croit".

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