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« Dieu, patrie et famille » : à Mexico l’extrême droite latino-américaine s’organise

Rassemblés dans la ville de Mexico le 24 août dernier pour l’édition mexicaine de la Conférence d’action politique conservatrice (CPAC), les membres de l’extrême droite de la région ont réaffirmé leur volonté de se porter garant des valeurs traditionnelles face aux « attaques du socialisme politique et culturel ».

Eduardo Verástegui lors de la CPAC Mexico du 24 août.

Née en 1974 aux Etats-Unis, la CPAC est un moment fort pour le parti des républicains. C’est l’occasion pour ses membres de venir débattre sur des thèmes phares tels que la liberté, l’identité ou encore la souveraineté. Au fur et à mesure, le modèle de la CPAC s’est exporté à l’étranger. Ainsi, en 2019 une première conférence a eu lieu au Brésil. La version mexicaine date de 2022 et a comme objectif de réunir les partisans de ce courant politique au sein des pays hispanophones.

CPAC Mexico: réunion de l’extrême droite latino-américaine

La CPAC Mexico 2024, organisée par le Mouvement Viva Mexico, s’est donc déroulée ce 24 août. Bien que le groupe de l’acteur mexicain conservateur Eduardo Verástegui, de plus en plus présent sur la scène politique, était aux commandes, de nombreux partis politiques du pays ont pris part à l’évènement, tels que le Front national anti-AMLO (Frenaa), le Front nationaliste du Mexique, l’Armée pro-vie ou encore les Avocats chrétiens. Des partis qui se rejoignent sur la défense de valeurs traditionnelles et d’un rejet du parti de gauche MORENA au pouvoir.

Sur le site officiel de la CPAC Mexico le message est clair: “Dans un monde où les valeurs traditionnelles et les libertés fondamentales sont constamment menacées, il est impératif de former des alliances internationales conservatrices pour défendre la vie, la famille et nos libertés. Face aux attaques du socialisme politique et culturel, qui tente d’éroder nos fondements culturels et sociaux, il est crucial que nous unissions nos forces pour sauvegarder ce que nous avons de plus précieux : Dieu, la patrie et la famille ».

Des représentants de l’extrême droite latino-américaine étaient également présents, comme le candidat aux élections présidentielles de 2021 au Chili et nostalgique de la dictature de Pinochet, Jose Antonio Kast ou Eduardo Bolsonaro, le fils de l’ancien président brésilien. De même, étaient invités le candidat du parti conservateur pour les élections présidentielles d’Equateur de 2025, Henry Kronfle, ou encore le président argentin ultra-libérale Javier Milei. Ce dernier, n’a finalement pas pu se rendre à la conférence pour des raisons de politique intérieure.

Objectifs et stratégies pour l’avenir de l’extrême droite dans la région

Tout au long de la journée des analystes, hommes et femmes politiques sont venus présenter leur vision d’un monde et plus spécifiquement d’une Amérique latine gangrenée par les effets de la « mondialisation » et du « wokisme ».

C’est ainsi que le politologue argentin d’extrême droite Agustin Laje a présenté les défis à surmonter pour défendre les valeurs traditionnelles dans la région. Selon lui, la « mondialisation » est responsable du « transfert systématique de la souveraineté nationale à des organisations internationales qui prétendent gouverner le monde ». Il rajoute : « Le wokisme est la prostituée idéologique des mondialistes. Pourquoi utilisent-ils cette prostituée idéologique ? Parce que le wokisme est une force de décomposition nationale ».

Enfin, il défini le “wokisme” de la manière suivante : “Le wokisme se compose de l’environnementalisme radical, du féminisme radical, de l’idéologie du genre, du lobby LGBT, des mouvements d’immigration illégale, des mouvements en faveur de l’avortement et, aux États-Unis, du nouveau racisme afro-américain qui a ravagé le tissu social du peuple américain ».

Après cette présentation de deux maux qui rendent malades, selon lui, la société actuelle, il présente une solution. En s’appuyant sur l’actualité en Argentine, il propose de lancer « la bataille culturelle » via un usage massif des réseaux sociaux.

L’Argentine de Javier Milei comme modèle

Voici comment il définit “la bataille culturelle”: « En Argentine, il s’agit d’un véritable phénomène. […] La bataille culturelle est une bataille perpétuelle parce qu’il s’agit d’une bataille où l’on conteste rien de moins que l’opinion publique. […] Si nous ne contestons pas l’opinion publique au moment des élections, nous avons un problème très grave, à savoir que l’opinion publique n’est très probablement pas ouverte à nos idées ou à nos offres politiques ». Et comment selon lui mener cette “bataille culturelle”? Grace aux réseaux sociaux !

Un usage massif des réseaux sociaux, notamment du réseau social X, qui comme le rappelle le chercheur argentin Ariel Goldstein contribue largement à l’émergence de ces nouveaux leaders d’extrême droite et à leur banalisation. Selon lui les représentants de l’extrême droite utilisent les réseaux sociaux pour atteindre un objectif : « l’anéantissement symbolique de l’ennemi ».

De la défense des valeurs conservatrices, aux rejets de certains droits tels que l’avortement ou encore à la négation de l’existence du réchauffement climatique, la CPAC de Mexico a rempli sa fonction première : réunir les représentants de l’extrême droite latino-américaine derrière des objectifs communs. Un évènement qui entre dans une logique plus large : intensifier l’union et la visibilité des membres de l’extrême droite au niveau mondial. En effet, comme l’explique Ariel Goldstein, la CPAC est devenue la vitrine d’ «une internationale néofasciste à visage découvert. Il n’y a pas de dissimulation, bien au contraire : ils cherchent à convoquer tous ceux qui veulent se joindre ».

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