ASM Clermont : "On m'a tapé sur les doigts", Baptiste Jauneau a beaucoup appris de la saison dernière
Baptiste Jauneau sort d’une saison en demi-teinte. Pas au niveau de son potentiel au début, bien plus conforme à son niveau sur la fin d’exercice. Avant d’entamer la saison face à Pau ce samedi (16 h 30), le jeune demi de mêlée de 20 ans assure avoir effectué son introspection. Il a pris notamment beaucoup de recul pour mieux assumer son rôle de capitaine.
Christophe Urios a choisi de vous nommer capitaine cette saison. Médiatiquement parlant, vous êtes la figure de proue du club. Comment fait-on pour gérer tout cela quand on a tout juste 20 ans ?
C’est vrai que cela me donne un peu de pression. D’autant plus que je m’en rajoute souvent pour pas grand-chose. Sur le capitanat, je n’ai pas envie de trop me prendre la tête. J’ai envie de rester comme je suis. Si je réfléchis trop là-dessus, cela va me changer mon système de jeu et ma façon d’évoluer. Pour moi, le capitaine, c’est celui qui doit donner le maximum sur le terrain pour l’équipe. Je ne dois pas jouer personnel. Je ne dois pas trop en faire. Je dois me contenter de faire le geste juste. Pour le reste, je vais m’appuyer sur Fritz (Lee) et Seb (Bézy).
Le début de saison dernière avait été un peu difficile sur un plan personnel. Est-ce que le poids des responsabilités vous avait fait perdre un peu de votre spontanéité ?
Probablement que je me mélangeais les pattes. Je voulais essayer de faire les choses bien. Mais j’en faisais trop. Je n’arrivais pas à trouver ce juste milieu. Quoi qu’il en soit, il faut toujours se remettre en question.
Le capitanat était-il pesant ?
Oui et non. Avant, j’avais horreur de cela. Je n’aimais pas ce rôle chez les jeunes. Mais quand tu commences à être leader en moins de 20 ans, où l’on te donne des responsabilités, tu apprends petit à petit à apprécier la chose. Ceci dit, actuellement, je n’ai pas non plus l’impression d’être capitaine étant donné que je me sers de tout le monde. Comme nous avons beaucoup de leaders, pour moi, c’est juste une dénomination que l’on me pose dessus. Après, c’est certain que si l’équipe n’est pas performante, les choses vont me retomber dessus.
« L’année dernière fut un moment compliqué »Qu’en avez-vous retiré personnellement ?
J’ai amélioré ma communication avec les avants, avec les joueurs et même avec vous, les médias. C’était compliqué pour moi de parler aux journalistes. J’ai toujours eu un côté timide et je ne savais pas forcément utiliser les bons mots. J’ai appris aussi à ne pas trop me focaliser sur mes erreurs pour que l’équipe ne voit pas que je suis dans le dur. Mais comme mes coéquipiers sont hyper-bienveillants, ce sont eux qui viennent m’encourager. Maintenant, j’essaie de ne pas penser au passé, mais plutôt à l’après. Je veux me focaliser sur les semaines qui arrivent. Et si je refais mal les choses, je vais me mettre à nouveau un grand coup sur les doigts. Et je pense que Christophe (Urios) va aussi s’en occuper derrière (sourire).
Comment se passe la communication avec votre entraîneur Christophe Urios ?
On communique beaucoup. Comme il le fait avec d’autres, je suppose. Personnellement, j’aime bien savoir où j’en suis avec Christophe ou les autres membres du staff. J’ai envie de savoir ce qu’ils veulent et ce qu’ils attendent. Globalement, j’apprécie de pouvoir discuter afin d’avoir l’avis de tout le monde. Même si je ne suis pas forcément d’accord avec tout, j’aime communiquer le plus possible pour que l’on soit sur la même longueur d’onde. Sur le jeu de l’équipe, sur mes performances, sur la vie du groupe...
Vous n’êtes donc pas échaudé par la critique, si critique il y a ?
L’année dernière fut un moment très compliqué pour moi. On m’a un peu tapé sur les doigts. C’est comme ça… Mais je préfère que l’on me dise la vérité. Du coup, effectivement, cela ne me gêne pas de recevoir la critique. Des fois, ça fait très mal, mais il faut savoir se relever. Cela fait partie du jeu.
Chez les Espoirs, vos entraîneurs nous avaient signifié que vous étiez quelqu’un d’hyper perfectionniste. Parfois peut-être à l’excès. Est-ce que vous avez gardé ce trait de caractère en passant chez les pros ?
Oui, je confirme que je le suis toujours. Il faudrait essayer dans l’idéal de pondérer les choses. Garder ce côté, tout en essayant d’être bienveillant envers moi-même quand je rate des choses. Car ce qui est important, c’est le geste d’après ou le match d’après. J’ai tendance à être toujours dans le négatif. C’est quelque chose que j’ai en moi. Il faut donc essayer de le gérer du mieux possible. À moi de ne pas commettre d’erreurs, ça sera plus simple comme ça (rires).
« Je déteste ne pas être bon »Ces actions négatives peuvent-elles vous trotter dans la tête ?
Je me prends la tête tout seul, oui. Mais pour moi, cela fait partie du truc. Je préfère être comme cela. J’aime bien faire les choses et je déteste ne pas être bon.
Vous avez connu votre première tournée avec l’équipe de France en juillet dernier. Qu’est-ce que cela vous a apporté ?
C’était super cool. Cela m’a fait du bien de côtoyer de nouvelles personnes. Cela m’a aidé à m’aérer la tête et sortir un peu de Clermont. À mon poste, j’ai notamment échangé avec Baptiste Serin. Il s’est montré hyper gentil, hyper bienveillant.
Cette expérience vous a-t-elle fait progresser ?
Cela m’a surtout mis dans une bonne dynamique. Il y avait du stress de connaître ma première cape, du stress d’évoluer aux côtés de joueurs de ce niveau. Après ma saison en demi-teinte, je ne me sentais pas forcément invité. Et d’avoir à mes côtés un mec comme Baptiste Serin qui me dise de ne pas me prendre la tête et de jouer comme je sais le faire, cela m’a mis directement dans une dynamique positive. Il m’a montré des choses que je ne faisais pas spécialement. Je lui en suis reconnaissant.
En France, on a beaucoup parlé des affaires extra-sportives qui ont eu lieu en Argentine lors de cette tournée (*). Comment avez-vous vécu les choses de l’intérieur ?
Compliqué personnellement… Mais je n’ai pas trop envie de me lancer sur ce sujet-là.
(*) Propos racistes tenus par l’arrière Melvyn Jaminet et accusations de viol contre Oscar Jegou et Hugo Auradou. Les deux joueurs sont rentrés en France mercredi mais sont toujours inculpés dans cette affaire.
Arnaud Clergue