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Ghaliaa Chaker, chanteuse syrienne qui veut inspirer d'autres femmes voilées

Foulard sur la tête et guitare à la main, l'artiste de 26 ans aime penser qu'elle peut "ouvrir la voie" à celles qui doutent qu'une carrière musicale soit compatible avec la religion musulmane.

"C'est merveilleux de savoir que l'on a (...) donné un coup de pouce à une fille qui n'arrive pas à réaliser ses rêves", dit-elle dans un entretien à l'AFP.

Dans un studio d'enregistrement aux Emirats arabes unis, pays du Golfe où elle a grandi, la jeune femme, qui chante en plusieurs langues, raconte avoir elle-même été inspirée par la victoire d'une chanteuse jordanienne voilée dans la version arabe du télé-crochet The Voice en 2015.

Le passage de Nedaa Sharara dans l'émission avait choqué à l'époque certains spectateurs, peu habitués à voir des femmes en hijab sur scène.

Mais à 17 ans, Ghaliaa Chaker avait été impressionnée par sa "confiance en elle". "Je me suis dit que moi aussi je pouvais le faire", dit-elle.

Le Coran n'interdit pas explicitement aux musulmanes de chanter ou de jouer de la musique en public, mais certains religieux conservateurs jugent cela contraire aux valeurs islamiques.

Ghaliaa Chaker, elle, refuse que sa foi soit un frein à ses ambitions. "Il n'y a rien que je veuille faire que je n'ai pas fait parce que je suis voilée", dit la chanteuse aux yeux verts, qui s'adonne aussi sans complexes à son autre passion: la moto.

Ses parents l'ont toujours soutenu dans son choix de carrière, même si sa famille en Syrie a été "très surprise au début".

Ils avaient sans doute "peur de ce milieu et de la réaction des gens" vis-à-vis du hijab, explique-t-elle, en affirmant recevoir beaucoup de critiques dans son entourage et sur les réseaux sociaux, où elle compte plusieurs centaines de milliers d'abonnés.

"Cela me dérange bien sûr, mais j'essaie de retenir les commentaires positifs et l'amour que les gens portent à ma musique", dit-elle.

-Mélange de styles -

Influencée à la fois par les légendes de la chanson arabe que lui a fait découvrir son père, telles Oum Kalthoum ou Fairouz, et par la musique occidentale écoutée par sa mère, Ghaliaa Chaker a développé son propre style, qu'elle décrit comme un mélange de musique indie, RnB, hip-hop, electro pop, et jazz.

Au cours de son enfance à Al Ain, grande ville émiratie à l'est d'Abou Dhabi, l'un des sept émirats des Emirats arabes unis, elle a appris seule à jouer du piano, de la batterie, de la guitare et de la darbouka, son père préférant lui offrir des instruments plutôt que des jouets.

Son premier titre, composé en anglais, sort en 2018 et fait rapidement le tour des radios de Dubaï.

"Je n'ai jamais pensé à l'époque que je chanterais aussi en arabe", se souvient-elle.

C'est pourtant sa langue maternelle qui la fera connaître dans la région, notamment la chanson "Abali" dont la vidéo a été visionnée plus de 34 millions de fois sur YouTube depuis sa sortie en 2019.

Depuis, son public grandit et ses concerts se multiplient dans le monde arabe. En août, elle était sur scène à Beyrouth, au Liban.

Outre l'arabe et l'anglais, Ghaliaa Chaker chante parfois en turc, en arménien et en persan, et rêve de collaborer avec des artistes du monde entier.

"Il est temps que le monde occidental sache à quel point notre musique est belle", dit-elle.

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