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Laetitia Dosch : “J’admire la collaboration entre Paul Thomas Anderson et Jonny Greenwood”

Connexions

J’admire énormément la collaboration entre Paul Thomas Anderson et Jonny Greenwood du groupe Radiohead. Ils sont connectés d’une manière presque inconsciente et se réinventent à chaque film. J’ai étudié leur façon de communiquer pour réussir à travailler sur mon film, Le Procès du chien, avec le compositeur David Sztanke. Je trouve que c’est quelque chose d’assez difficile, on ne sait pas vraiment quel mot mettre sur nos envies, on parle d’atmosphères, d’ambiances, on utilise des termes assez abstraits. Ce n’est pas comme travailler avec un chef op ou un scénariste. Finalement, David a eu l’idée de ce thème du chien en s’inspirant du mystère de la nature. Pour les moments plus satiriques du film, mon monteur son a eu l’idée de se réapproprier certaines musiques classiques. On est allés piocher, entre autres, dans du Mozart, du Bach, du Rachmaninov.

Univers sonore

Paul Thomas Anderson m’a beaucoup inspirée pour la préparation de mon film. J’avais par exemple accroché des photos de The Master dès le début de mon travail, même si les deux films sont très différents. Peut-être que dans le ton, c’est plutôt de Punch-Drunk Love dont il est le plus proche. Pour les costumes, j’ai aussi pensé aux personnages de Boogie Nights, qui sont physiquement très caractérisés, comme dans une bande dessinée. Mais ce qui m’a le plus inspirée est la manière dont PTA travaille le son dans ses films. Il réussit, selon moi, à créer un véritable univers sonore. Dans There Will Be Blood par exemple, la tonalité est celle du film d’horreur et la musique de Jonny Greenwood renforce parfaitement cette idée. Je pense aussi à l’utilisation de la musique en contrepoint dans Inherent Vice.

Cinéma des origines

Je crois que Paul Thomas Anderson est un des seuls réals actuels qui travaille avec très peu de pistes sonores, comme dans les vieux films. Dans There Will Be Blood, il y a un plan large avec des cavaliers où le son est uniquement focalisé sur la bride des chevaux. J’ai aussi choisi dans Le Procès du chien de mettre certains éléments plus en avant que d’autres, avec toujours très peu de pistes sonores d’ambiance. PTA est un autodidacte, il s’est formé en regardant beaucoup de classiques qu’il réinvente ensuite dans des styles différents. Cette réutilisation des codes du passé est quelque chose qui m’a beaucoup aiguillée dans la préparation de mon film. Comme l’idée d’un procès de chien est assez farfelue, je voulais apporter une sorte de classicisme au film, lui donner de l’ampleur en passant par quelque chose de plus classique au niveau du son.

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