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La madeleine Golfier : récit d'une réussite familiale et d'un secret bien gardé en Corrèze

« Dix madeleines au chocolat et dix natures s’il vous plaît. » Dans la maison Golfier, installée rue de la République, à Brive, les clients défilent et les commandes se ressemblent toutes un peu, ce mardi matin. Comme les autres jours d’ailleurs depuis près de vingt ans.

Aurélien qui tient un institut de beauté à Brive, repart avec son sac rempli. « C’est souvent pour la famille. Là, c’est pour mes employés. Cela fait plaisir à tout le monde. C’est vrai qu’il y en a toujours une qui se perd en chemin, et qu’elles n’ont pas le temps de vieillir », confie ce client. Un goût de « reviens-y » comme on dit, mais aussi, depuis quelques jours, de renouveau. Ce mois de septembre est un virage important pour la maison Golfier. Jean-Claude, le père a fait valoir ses droits à la retraite, après plus de trente années de loyaux services, pour le bien des papilles gustatives brivistes. Son fils Julien et Claire sa belle-fille, ont repris les rênes de cette institution locale.

Plus de 1000 madeleines sont vendues par jour. Photo Stéphanie Para

La madeleine, le produit phare des Golfier

L’histoire de la maison Golfier, a débuté à Brive, en 1991. La boulangerie de Jean-Claude et Sylvie, son épouse, se situait alors rue Blaise-Raynal. « L’été qui a suivi notre installation, Jean-Claude est allé aider un boulanger qui avait besoin d’un coup de main. C’est là qu’il a appris à faire les madeleines. Le boulanger lui a donné son premier moule », se souvient Sylvie. Le début de l’aventure et de ce produit qui deviendra l’emblème de la maison. « Mon père a travaillé la recette ensuite, pour qu’elle devienne ce qu’elle est. Aujourd’hui, nous en vendons plus de 1.000 par jour », précise Julien.

Après avoir vendu leur boulangerie rue Raynal au début des années 2000, le couple décide de se relancer dans l’aventure, « sous l’impulsion des enfants, qui nous demandaient ‘‘quand est-ce que vous rouvrez la boulangerie ?’’ », se souvient Sylvie.

Texte du lienDes madeleines de la maison Golfier à Brive offertes à Guillaume Gomez, chef cuisinier à l'Elysée

Pendant vingt ans, le temple de la madeleine attire ses fidèles, rue de la République, et des visiteurs prestigieux aussi, avec les stars de Brive Festival, à l’instar du chanteur Slimane, qui est reparti avec son carton, ou des auteurs de la Foire du Livre qui après le foie gras dans “le train du cholestérol”, sont rentrés à Paris avec leur madeleine souvenir. Une réputation qui est même remontée jusqu’aux oreilles de Guillaume Gomez, chef du palais de l’Élysée. « En 2015, nous avons lancé un hashtag sur nos réseaux sociaux “le voyage de la madeleine”. Nous avons reçu des photos de Miami, du Vietnam, de Taïwan, devant la Madeleine de Paris », se souvient Julien. À côté de ces petits clins d’œil à travers le monde, Sylvie se souvient, elle, d’un petit garçon dans sa boutique, qui lui a demandé pour la première fois une madeleine Golfier. Son nom, associé à un produit, c’est sa fierté, sa madeleine de Proust.

De la boulangerie à la biscuiterie

Depuis le Covid, la famille a commencé à réfléchir à la suite, l’après. Julien, alors cadre à la SNCF, et Claire qui travaille dans un cabinet d’avocats dans le droit des affaires, pensent à faire le grand saut. Le couple réfléchit, hésite. Il y a d’un côté l’entreprise familiale, de l’autre la sécurité de l’emploi. Finalement, en janvier 2024, Julien démissionne et devient le salarié de son père, pour se former à ses côtés. Il apprend le secret de la bosse de la madeleine. Il rejoint ainsi sa mère en boutique, et le conjoint de sa sœur en cuisine. Claire aussi est de l’aventure. Chez les Golfier, l’entreprise est « familiale » au sens propre du terme. « La boulangerie est très réglementée, alors nous avons décidé de nous orienter vers la biscuiterie. C’est un virage que l’on assume. On a dû changer de statut de l’entreprise et Claire maîtrise cela », explique Julien, nouveau patron de la maison.Sylvie Golfier, "ma préférée, c'est la madeleine nature". Photo Stéphanie Para. 

Les cookies ont remplacé les baguettes

Si les baguettes de pain ont, depuis la rentrée, disparu de la boutique, de nouveaux produits vont faire leur apparition. « Nous avons sorti une madeleine plus longue, pour ceux qui aiment la tremper dans le café. Nous testons de nouvelles recettes pour continuer de la décliner. Nous voulons travailler avec les producteurs locaux », détaille Julien qui ne manque pas d’ambition pour l’entreprise familiale. Ouvrir d’autres points de vente est dans les tuyaux. « On ne veut pas devenir Bijou non plus. On veut rester à taille humaine pour continuer à fabriquer un produit artisanal. »

Une façon aussi de protéger la fameuse recette de la madeleine Golfier. Celle-ci est conservée à l’endroit où on la cuisine, dans le laboratoire situé au-dessus de la boutique. Mais pour y entrer, il faut être un Golfier.

Pierre Vignaud

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