Dix ans de formations à l'Institut d'Auvergne-Rhône-Alpes du développement des territoires
Au sein de l'Université Clermont Auvergne, qui annonce un effectif de 35.000 étudiants pour cette rentrée, l'IADT ne pèse pas lourd : 230 inscrits et quatre lettres qui s'affichent sur la façade d'un bâtiment discret, dans l'ombre du nouveau Learning Centre, boulevard François-Mitterrand, à Clermont-Ferrand.
L'Institut d'Auvergne-Rhône-Alpes du développement des territoires est pourtant une structure innovante et unique en France. Il fédère les formations de niveau licence ou master consacrées aux métiers du développement territorial et s'est imposé, en dix ans seulement, comme un acteur clé dans l'aménagement et la transformation durable des territoires urbains et ruraux.
C'est le constat qu'ont partagé universitaires, élus et étudiants, rassemblés pour l'anniversaire de l'IADT à Clermont-Ferrand, en dressant le bilan d'un partenariat inédit (*).
Un choix stratégique. En 2004, dix ans avant la création de l'IADT, des universitaires auvergnats perçoivent "un vrai enjeu pédagogique, scientique et stratégique à fédérer des compétences dans le domaine du développement territorial", rappelle Mathias Bernard, président de l'Université Clermont Auvergne. Les deux universités clermontoises, Blaise-Pascal et l'université d'Auvergne, et l'école VetAgro Sup créént alors un premier master, Développement des territoires et nouvelle ruralité, devenu master Gestion des territoires et développement local.Universitaires, élus et étudiant réunis à Clermont-Ferrand pour les dix ans de l'IADT (photo Franck Boileau)
Au même moment, le conseil régional d'Auvergne présidé par René Souchon exprime le besoin pour les collectivités territoriales d'avoir "des agents très bien formés". C'est-à-dire "des agents capables d'établir des diagnostics territoriaux, donc de très bons géographes, ayant la connaissance du droit, du potentiel de l'Europe, la maîtrise totale du numérique et capables d'anticiper sur les évolutions de la société", détaille René Souchon, invité à témoigner sur la naissance de l'Institut.
La volonté conjointe des universités et de la Région conduit en 2014 à la création de l'IADT, groupement d'intérêt public qui associe aujourd'hui l'Université Clermont-Auvergne, VetAgro Sup, le conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, le conseil départemental de l'Allier, le conseil départemental du Puy-de-Dôme et Clermont-Auvergne Métropole.
Un positionnement unique en France. Au-delà d'une offre de formation, "il s'est agi de faire travailler ensemble le monde académique des universités, des chercheurs et les collectivités territoriales", pointe Mathias Bernard.
L'IADT est présidé par Jean-Pierre Brenas, conseiller régional, et dirigé par Laurent Rieutord, professeur des universités. Dans "une vraie logique de co-construction", insiste le président de l'UCA, qui souligne à la fois "la mobilisation des compétences de l'enseignement supérieur au service de la réflexion des territoires et l'implication très novatrice des collectivités dans le pilotage de l'Institut".
Pour ces collectivités, le dispositif répond à des besoins en compétences et en ingénierie. Pour répondre aux défis de la transition environnementale et énergétique, de l'attractivité, du développement économique, "on a besoin de vous, de votre savoir-faire et d
e vos idées", ont martelé Catherine Staron, vice-présidente la Région Auvergne-Rhône-Alpes, et Jérôme Gaumet, vice-président du conseil départemental du Puy-de-Dôme, face aux étudiants de l'IADT.
"Pour réussir, il faut des bons collaborateurs, bien formés, compétents, qui ont conscience de leur territoire."
La formation intègre justement de multiples visites de terrain sur les territoires, des voyages d'études, des stages... Une approche à la fois théorique et pratique qui séduit des étudiants en attente de concret, à l'image de Baptiste, étudiant du Cher, en deuxième année de master GTDL après une licence en sciences politiques à Lille. Il a déjà travaillé sur "l'analyse des besoins sociaux" pour la mairie de Mozac, dans le Puy-de-Dôme, et il s'intéresse particulièrement aux "stratégies d'aménagement des villes petites et moyennes".
Dix ans, et après ? L'avenir de l'IADT, Mathias Bernard le voit dans l'excellence.
"Depuis plusieurs années, des acteurs de la place clermontoise réfléchissent à un projet d'école pluridisciplinaire sur les enjeux des politiques publique, un institut des hautes études en matière de développement territorial."
Un projet d'établissement de très haut niveau, donc, "à l'horizon 2030-2040".
En attendant, "l'IADT devra conserver son ADN", observe son directeur, Laurent Rieutord. C'est-à-dire "garder ses liens avec les formations locales et les laboratoires de recherche, garder sa dimension nationale et internationale et élargir ses partenariats". Deux départements et une intercommunalité ont rejoint l'IADT, "d'autres pourraient s'associer à ce dispositif."
(*) Etaient aussi invités Karim Benmiloud, recteur de l'académie de Clermont-Ferrand, Philippe Dulbecco, recteur de l'académie de Guyane et ancien président de l'université d'Auvergne, Etienne Josien, ancien directeur général adjoint de VetAgro Sup, et Jean-Paul Dufrègne, ancien président du conseil général de l'Allier.
En chiffres
En dix ans
2.300 étudiants formés, 78 projets collectifs en partenariat avec les acteurs territoriaux, 50 projets de recherche-action-formation, douze projets internationaux, 27 colloques, 48 séminaires, 42 conférences.
En 2024
230 étudiants et neuf formations : master 1 Gestion des territoires et développement local (GTDL), master 2 GTDL Dynamique territoriale agriculture et aménagement rural, master 2 GTDL Stratégies d'aménagement des villes petites et moyennes, master 2 GTDL Innovation sociale et développement territorial. Licence professionnelle Droit et gestion de l'habitat social. Master MEEF Territoires et pilotage des systèmes éducatifs. Master droit public option Droit des affaires et collectivités publiques. Master géoenvironnement. Master Economie et transitions territoriales.
170 enseignants et intervenants professionnels.
98 structures partenaires.
Isabelle Vachias