La Distillerie du Centre, une institution à Limoges depuis 235 ans
La famille Nouhaud est, au départ, une famille de marchands de vin. L’entreprise, créée en 1930, vend du vin aux restaurateurs régionaux, de la Creuse à la Dordogne, en passant par la Corrèze et, bien sûr, la Haute-Vienne.
En 1981, la famille Nouhaud rachète l’antique Distillerie du Centre à Limoges, inaugurée en… 1789. « Nous voulions tout refaire, tout casser et reconstruire. Mais quand nous l’avons visitée avec mon père, nous avons pris conscience que cela faisait partie du patrimoine, que c’était une maison issue d’une longue tradition », explique Pierre Nouhaud.
De 1780 à 1930, la capitale du Limousin était la ville française abritant le plus de distilleries ! « En 1900, par exemple, il y en avait quarante-huit ». La famille Nouhaud s’est donc attelée à préserver les techniques et le matériel utilisé. En faisant, ainsi, « un témoin du passé ». Cependant, pour ne pas la laisser disparaître, il fallait la relancer et inventer de nouveaux produits ou en ressusciter d’autres…
Relancer la machine et les alambicsInstinctivement, l’entreprise s’oriente vers les produits locaux. Comme, par exemple, cette liqueur ambrée distillée à partir de châtaignes de Dournazac.Ainsi la famille remet à neuf le bâtiment tout en conservant le laboratoire et le matériel d’époque. Pierre Nouhaud assoit des relations avec les producteurs locaux et l’entreprise fructifie. Mais le retour de la Gauloise semble constituer sa plus grande fierté. La Gauloise est une liqueur fabriquée au temps de la Gaule. Égarée dans le temps, sa recette ressurgit en 1793 lorsque Sieur Requier, liquoriste, la retrouve dans un grimoire. Dès lors, la liqueur qui mêle angélique, safran, cardamome ou encore génépi, renaît.
Elle est produite à la Distillerie du Centre, inaugurée en 1789. Auréolée de multiples prix, dont la médaille d’or à l’exposition universelle de Paris en 1889, La Gauloise devient incontournable. Puis, disparaît à nouveau. « Depuis 14 ans, je me suis concentré sur la restauration des standards de qualité de cette liqueur. Cela nous a demandé beaucoup de travail en interne, du travail en secret ». Si La Gauloise affiche sa composition, elle ne révèle pas tous ses secrets.
Quand Pierre Nouhaud évoque ses activités, son regard scintille. Au cœur de la distillerie, les fûts sont alignés, les alambics éparpillés. Des bocaux remplis d’épices et de plantes habitent les étagères. Le parfum imprégné dans les murs est aussi singulier que saisissant. On y sent les résidus de mélanges et d’expériences « alchimiques ».
« Si on veut faire des produits de qualité, ça commence comme un grand chef »
Si ce dernier s’efforce donc de préserver les traditions, il lui est aussi arrivé de proposer aux élèves des lycées hôteliers de créer des cocktails et des plats avec ses produits, histoire de renouveler l’image des spiritueux. Comme un pont entre hier et aujourd’hui…
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