Dounia Issa, coach de la JA Vichy : "On veut construire notre propre histoire "

Le championnat débute demain par un déplacement sur le parquet de Pau-Lacq-Orthez. Estimez-vous que votre équipe est prête?? Non, comme beaucoup d’équipes, on n’est pas prêt dans le sens où l’on a encore besoin de progresser. Il y a des choses qui sont satisfaisantes, d’autres encore moyennes. On est loin d’avoir atteint notre plafond et notre plancher, on doit encore le relever. Par contre, l’état d’esprit est vraiment bon. On s’est toujours très bien battus et on est toujours resté ensemble. On a des temps faibles qui durent un peu trop longtemps et des temps forts qui sont vraiment intéressants, mais qu’il faut prolonger maintenant.

Vous avez joué six matchs de préparation. Après quatre victoires, vous venez de perdre vos deux dernières rencontres lors du tournoi de Blois, ce week-end. Est-ce préoccupant?? Ça fait partie du processus. C’est même, peut-être, un mal pour un bien. Déjà, ces deux défaites ne sont pas préoccupantes parce que, dans la structure de l’équipe qui était présente, il nous manquait des joueurs : Serge (Mourtala), Brice (Eyaga) et on avait mis Jordan (Shepherd) au repos pour le dernier match. Ce sont trois joueurs majeurs qui ne sont pas là, notamment sur le secteur intérieur où on a beaucoup décalé (les joueurs). Damien (Nseke Ebele) qui doit faire du 3 (jouer poste 3) a fait du 4, Lucas a dû jouer en 5… On a joué « small ball » (avec des joueurs de « petite taille ») quasiment tout le tournoi. Ce n’est pas la configuration que l’on aura durant la saison. Deuxième chose, on était sur un tournoi très relevé, avec des équipes au complet (Rouen, Blois et Orléans). C’était intéressant de se comparer à elles. C’était un bon check-up de réalité pour voir où on en est et ce qu’on doit faire pour progresser.

Qu’en est-il des blessures d’Eyaga et Mourtala?? Brice (Eyaga) est en phase de reprise, donc on espère l’avoir pour Pau ou en tout cas pour Blois (le 20 septembre). On est très optimiste car son entorse va beaucoup mieux. Serge, c’est différent. On doit attendre les résultats d’examens complémentaires concernant son genou. C’est le cas le plus préoccupant. Dans les deux cas, ça nous affaiblit quand même pas mal à l’intérieur. Donc il faut que l’on montre plus de solidarité et de combativité pour compenser ces absences.

Ce qui m’a donné satisfaction, c’est l’engagement, l’énergie que l’on est capables de déployer.(...) Le point d’amélioration est, dans cette énergie, la maîtrise émotionnelle, le contrôle de ce que l’on fait

Plus globalement, êtes-vous satisfait de la manière dont l’équipe répond à vos attentes ?? Existe-t-il un coach satisfait?? (rires). Quand il gagne, il veut toujours plus, quand il perd il n’est pas content. Au niveau discipline, il faut qu’on progresse. On a des moments où c’est bon. Et de match en match, c’est mieux, il y a de plus en plus de joueurs qui arrivent à rester dans ce que l’on veut. Mais c’est encore trop faible à mon goût. Il y a encore beaucoup de joueurs qui font des erreurs par rapport à ce qu’on demande, qui sont irréguliers ou indisciplinés. Tout notre travail est d’arriver à une uniformité dans ce qu’on veut mettre en place. C’est un axe de progression fort.

Quels sont les points qui vous donnent satisfaction et ceux qui sont à améliorer selon vous? ? Ce qui m’a donné satisfaction, c’est l’engagement, l’énergie que l’on est capables de déployer. Celle-là est très haute, très forte. Le point d’amélioration est, dans cette énergie, la maîtrise émotionnelle, le contrôle de ce que l’on fait. À la fois c’est une arme terrible mais en même temps, j’ai l’impression qu’on n’arrive pas à contrôler cette énergie. Un peu comme un feu qui nous brûlerait. Des fois, on sort complètement de la structure, on n’est plus du tout dans la réflexion et l’exécution des plans de jeu. Il faut que l’on trouve cette bonne distance entre l’énergie et la gestion des émotions.

Pouvez-vous rappeler les grandes lignes du jeu que vous voulez mettre en place? ? Être capable d’avoir une défense forte, de mettre de la pression sur l’adversaire, de l’obliger à faire des erreurs pour se projeter vite vers l’avant. Derrière ça, on aimerait avoir un jeu de transition plus élaboré que ce qu’on est en train de proposer. Pour l’instant, on n’arrive pas à trouver cette distance entre le jeu rapide et le jeu de transition. On est beaucoup « jeu rapide/jeu placé ». Et puis on souhaite avoir ces valeurs de combat, d’engagement.Guillaume Sereaud, president de la JAV, aux côtés de Dounia Issa, lors de la conférence de presse de rentrée. Photo Francois Xavier Gutton

Par rapport au jeu pratiqué la saison dernière avec Guillaume Vizade, quelles sont les principales différences?? Guillaume avait un jeu encore un peu plus « up tempo » avec une multiplication de possessions. Nous, on n’est pas autant là-dessus. Défensivement, ils avaient un jeu un peu plus d’évitement alors que nous, on a une défense avec plus de contacts, à toucher les mecs dans les déplacements sans ballon. On développe un jeu demi-terrain un peu plus prononcé, quand on n’a pas ce qu’on veut sur la transition quand Guillaume insistait toujours dans le jeu rapide. Ce sont deux baskets un peu différents.

Vous avez fait le pari de recruter des joueurs que vous connaissiez de la N1. N’est-ce pas un peu risqué?? J’ai privilégié l’état d’esprit qui est important pour construire un collectif. Si on a recruté ces joueurs, c’est aussi parce qu’on pense qu’ils ont le niveau et qu’ils vont continuer à progresser. Brice (Eyaga), Damien (Nseke Ebele) ou Pape (Diop), sont des garçons qui sont dans le moule que l’on veut. C’est une garantie humaine très forte pour construire quelque chose.

L’objectif premier est celui du maintien, bien évidemment. Ensuite, un objectif de play-off serait raisonnable

Le club sort d’une saison exceptionnelle. Est-ce que ça rajoute de la pression?? Pour faire mieux il faudrait monter?! La barre est très haute. On a envie de bien faire mais, au-delà de ça, on veut construire notre propre histoire. Ce magnifique point d’exclamation dans la saison de la JAV la saison dernière représente quasiment un travail de 7 ans de Guillaume, 7 ans où il a construit, mis sa patte sur le club.

Quels sont les objectifs qui vous ont été assignés?? L’objectif premier est celui du maintien, bien évidemment. Ensuite, un objectif de play-off serait raisonnable. Cette Pro B est très dense, il y a toujours des surprises, des déceptions. J’espère qu’on fera partie des surprises. Mais à ce stade de la saison, il faut déjà créer une équipe compétitive, la faire progresser et voir comment elle avance.

Propos recueillis par Olivier Rezel