Un long voyage jusqu’à l’hippodrome
Le 5, le 42, mais aussi le 50, 14, 47, 61, 38 et bien sûr le 03. Il ne s’agit pas là des numéros à jouer ce jour-là à l’hippodrome de Vichy-Bellerive, mais des numéros d’immatriculation des véhicules qui ont convoyé les chevaux devant participer aux courses du jour. L’occasion d’apprendre sa géographie française parce qu’on vient de loin et de partout pour faire courir ses étalons, sur la superbe piste vichyssoise.
Des véhicules adaptés au transport des chevaux bien sûr. De la simple remorque, très cosy tout de même, au fourgon spécialisé, la noria d’engins a pris place dans le parking réservé aux professionnels. Les portes arrières ou latérales s’ouvrent et libèrent leurs passagers, visiblement désireux de se défouler les pattes.
Pas de nervosité excessive cependant. Tous ces cracks sont habitués à courir l’Hexagone, de long en large et en diagonale. Certains longs déplacements obligent à des départs la veille des courses. Mais les entraîneurs sont unanimes, le cheval n’aime rien moins que dormir chez lui. Alors, on rejoint l’hippodrome du jour, quelques heures avant le départ, voire beaucoup moins.
Remorques, fourgon ou camionLes trois bêtes de l’écurie d’Arnaud Chavette viennent de faire 450 km, depuis la Mayenne, dans un fourgon capitonné. « Quelques pas pour les dégourdir et on va les mettre au box, tranquilles. » Tony Guillemet, leur entraîneur, n’affiche pas d’inquiétude. « Ils sont rodés à ce type de transport. Néanmoins, il est bon de les mettre vite au box. Ça les rassure et ils en profitent pour faire leurs besoins. Bizarrement, ils ont besoin d’intimité pour cela. »
Un peu à l’écart, un camion en impose. Il vient d’amener sept chevaux. « De propriétaires différents, précise Éric, premier garçon d’écurie qui, parfois, fait office de driver. Mais tous entraînés par Loïc Lerenard de l’écurie La Guerche-sur-Aubois (Nevers). Un déplacement raisonnable. Là, ils se remettent du transport. Le box, c’est un peu leur salon. Pas de nourriture, de l’eau mais pas trop. Dans un moment, on procédera à la phase d’échauffement. » Devant les box s’alignent les sulkys, brancards levés vers le ciel. « Chacun le leur. La largeur d’essieu, la longueur des brancards est différente selon leur morphologie ou leur style de course. » Indifférents et visiblement très calmes, les chevaux pointent leur tête depuis les box. Difficile d’imaginer que dans quelques minutes ils vont se transformer en champions écumants avides d’en découdre.
Plus loin, l’entraîneur Reynaud Coppens et ses assistants font descendre trois chevaux. « Un direct Cannes-Vichy. En fait, ces trois chevaux-là ne viennent pas concourir. Ils vont se détendre un moment puis remonter dans un autre van, direction le mont Saint-Michel. Ils viennent de faire toute la saison (juillet et août) sur les hippodromes de la Méditerranée et vont aller prendre des vacances sur les plages bretonnes. » Heureux vacanciers, « mais qui vont très vite suivre des séances d’entraînement. »
Le parking se remplit, tout comme les box. Bizarrement, les bêtes tenues en rêne courte par leurs maîtres se croisent, se frôlent, sans se regarder. Certains chevaux sont désormais harnachés, voir attelés, et partent s’échauffer. Deux kilomètres, une fois, deux fois. Certains n’ont même pas besoin d’échauffement intense. La nervosité monte néanmoins. La corne appelle au départ. Les muscles sont saillants sous le cuir. Alea jacta est …
Pratique. Aujourd’hui, ouverture des portes à 18 heures. Première course à 19 heures et dernière course à 21 h 45. Tarifs : adulte, 5 € ; étudiant, 3 € ; gratuit pour les moins de 18 ans. Toutes les infos sur coursesvichy.fr