Au coeur de la Creuse, la race limousine fait tourner les têtes du monde entier
La limousine conquit les cœurs du monde entier. C’est en tout cas l’impression qui se dégage lorsqu’on discute avec ces éleveurs, dont certains ont fait quelques milliers de kilomètres pour les admirer au Concours national limousin, à La Souterraine, depuis vendredi.
À l’image de Matias Ebbesen, à peine 23 ans, qui maîtrise déjà tout de la limousine. Il accompagne son père depuis déjà sept ans à chaque édition. Ce jeune éleveur danois vante les qualités de la race, sa résistance aux maladies et sa facilité d’entretien. Avec des règles devenues plus drastiques à l’importation d’animaux vivants, les Danois n’ont pas pour autant renoncé aux avantages de la limousine et optent pour l’achat de semence ou d’embryons depuis le Pôle de Lanaud, en Haute-Vienne.Fils d'éleveur et éleveur danois, Matias Ebbesen, 23 ans, vient pour la septième fois au Concours national limousin.
Pour Matias, le temps du concours est aussi l’occasion de pouvoir rendre visite aux bêtes au cœur des élevages et de découvrir le savoir-faire local. « Hier, nous sommes allés visiter l’exploitation de Jean-Philippe Brossillon (Reugny, Indre-et-Loire) et nous allons passer par le Gaec Camus père et fils (Arnac-La-Poste, Haute-Vienne) et le Gaec Pimpin (Beynac, Haute-Vienne) », avec pourquoi pas, une petite embardée par le Pôle de Lanaud.
Le meilleur de la race s’offre une vitrine sur le mondeLes éleveurs-acheteurs étrangers viennent « principalement d’Europe de l’est, d’Espagne, Italie, Portugal. Il arrive qu’on exporte vers des pays en dehors de l’Europe, mais c’est plus rare », explique Pauline Tournieroux, assistante commerciale export chez Interlim génétique service, basée au Pôle de Lanaud, qui commercialise des animaux reproducteurs, mais aussi des semences et des embryons à l’étranger.
Chaque année, cette grand-messe de la race limousine est pour eux l’occasion de repérer des bêtes aux potentiels génétiques exceptionnels, pour renforcer ou construire leurs troupeaux. Du taureau adulte à la jeune génisse, ils sélectionnent ici « la meilleure génétique possible ».
Cette année, outre le Danemark, on retrouve des délégations du Portugal, de Belgique, d’Espagne, d’Allemagne, mais aussi de Hollande. Ce qui fait le succès de la race à l’étranger, c’est en premier lieu son adaptabilité. Pas difficile, la limousine peut arpenter « n’importe quel terrain », et n’est pas difficile sur la latitude, s’acclimatant quasi partout. En Belgique par exemple, elle est « en train de prendre une ampleur phénoménale. On ne s’attendait pas à ça », confie Gérard Henry, éleveur qui annonce un taux de 10 % du cheptel, traditionnellement blanc bleu belge, composé de limousines.
Une race plébiscitée pour sa résistance aux maladies et son adaptabilitéÀ Ethe, au Luxembourg, à deux pas de la Meurthe-et-Moselle, cet éleveur s’est converti aux limousines depuis vingt ans. Il a troqué ses blanc bleu belges pour la belle rouge, séduit par la résistance de la race, notamment face à la flambée de FCO.
« On avait beaucoup de difficultés avec nos blanc bleu, ça les affaiblissait trop », se souvient l’éleveur. Il trouve chez la limousine, une vache « plus costaude, plus résistante », qui ne fait pas la fine bouche sur le fourrage qu’on lui présente et qui lui économise de nombreux frais vétérinaires « par rapport à la blanc bleu » qui est connue pour avoir de grandes difficultés au vêlage.
« On n’a pas de main-d’œuvre chez nous et gérer 100 vaches, donc 100 césariennes tout seul, ça devenait ingérable, avec des contraintes jour et nuit ». La limousine elle, si elle requiert une surveillance, fait tout comme une grande. « Elle a tout bon ! », résume l’éleveur belge qui a encore acheté un veau de la station de Lanaud en juin dernier.
Teus Dekke, lui aussi, a fait le choix de la limousine il y a quatorze ans et depuis quatorze ans, cet éleveur hollandais est de tous les concours nationaux de la race.
« Nous cherchions une race très productive et j’ai trouvé que la limousine avait des qualités très séduisantes »
Il a fait le déplacement en Creuse pour dénicher d’autres perles rares, car il l’affirme, « la meilleure génétique vient d’ici, de la région Limousin ».Teus Dekke et Eddy Claeys, tous deux éleveurs hollandais, ne jurent que par la limousine
S’il achète régulièrement des bêtes en Hollande, il enrichit aussi son troupeau avec des vaches achetées à la station de Lanaud. « Nous sommes toujours dans l’amélioration de notre cheptel, on voit s’il y a des lignées qui nous plaisent, des animaux qui nous tapent dans l’œil, qui correspondent à notre troupeau », confie Teus Dekker. Il sait qu’à ce Concours national limousin, il trouvera l’excellence de la race et le confirme, « les meilleurs animaux, vous ne pouvez les acheter qu’ici ! ».
Un avis que partage son ami Eddy Claeys, fidèle au concours depuis pas moins de 47 ans. Le vêlage facile de la limousine a été le déclic pour cet éleveur. « Nous avons acheté cinq génisses limousines en France et de jeunes taureaux, c’est comme ça que nous avons commencé », se remémore-t-il, fier d’avoir lui-même engrangé pas mal de prix lors du Concours national de Hollande.
Pour tous, ce rendez-vous est un incontournable, le point de départ, sans doute pour la plupart, d’une véritable passion pour la limousine. Celle de Gérard Henry est d’ailleurs née ici même, dans le berceau de la race. « Mes premières génisses venaient du Gaec du Chaudron, en Creuse et les taureaux du Gaec Manaud Giroux, en Haute-Vienne », confie ce Belge qui poursuit son « histoire d’amour » avec la race chaque année au Concours national limousin, où il vient « voir la génétique » mais aussi simplement « pour le plaisir des yeux ».
Comme lui, beaucoup sont venus pour profiter de « ce beau spectacle » qui réunit la fine fleur des limousines françaises. Même si certains auront craqué pour un des reproducteurs mis aux enchères ce dimanche, « des animaux d’exception, de haute qualité génétique, souligne Pauline Tournieroux, qui partent pour la plupart beaucoup à l’étranger ».
Au programme de demain, dimancheDe 9 heures à 13 heures : suite et fin du concours ; de 14 heures à 15 heures : spectacle de la Fresque historique de Bridiers dans le ring ; de 15 heures à 17 heures : cérémonie de remise des prix dans le ring ; dès 18 heures : départ des animaux et des partenaires.Plus d'infos sur cnl2024.limousine.org
Texte : Julie Ho Hoajulie.hohoa@centrefrance.comPhotos : Floris Bressy